Il y a encore un problème

« Il y a encore comme un problème. »

Ce n’est pas moi qui le dit, c’est mon collègue M., 30 ans, Paris.

Moi je le dis depuis un moment qu’il y a un problème. Comme lorsque j’avais essayé de discuter avec cette militante de La Manif Pour Tous, et qu’en contrant tous ses arguments j’en arrivais toujours au même argument inavouable de sa part : le dégoût de la pénétration entre deux personnes du même sexe. Oui il y a comme un problème encore dans l’acceptation des LGBT dans la société, et pour cela peut-être faudrait-il arrêter de les imaginer dans leur intimité.

Accepter la sexualité des LGBT ne signifie pas la visualiser.

Lorsque j’ai fait mon coming out à ma famille en 2005, mon frère m’a confessé que ma mère lui avait dit à mon sujet : « Non mais tu te rends comptes ? Ca veut dire qu’il fait ça, et puis ça, et aussi ça au lit ? » (Remplacer « ça » par « fellation » ou encore « sodomie ».) Abasourdi, j’avais passé un coup de fil à ma mère :

« Bonjour Maman, comment ça va ? »

Ma mère, sur un ton mortifère : « Ca va… »

Ni une ni deux, j’enchaînai :

« Bon, raconte-moi un peu comment ça se passe la ménopause ? »

Silence au bout du fil.

« Et Papa, il a des érections encore ?

  • Et au fait, mon grand-frère, c’est quoi sa position préférée au lit ? Tu crois d’ailleurs que sa femme elle lui fait ça ? »

Silence outragée au bout du fil.

« Ca te choque ce que je te dis n’est-ce pas ? Parce que moi, ça me choque. Ca me choque d’imaginer les membres de ma famille au lit, donc ça me choque que tu m’imagines au lit. Donc arrête de faire cela, et tout ira mieux entre nous. »

(Le lendemain au bout du fil, elle me déclama sur un ton plus qu’enthousiaste : « J’ai vu hier soir un reportage sur les homosexuels mexicains : ces gens-là sont foooooormidables ! » Elle était passée d’un extrême à l’autre. Heureusement pour moi, elle n’avait que trop bien retenu la leçon.)

On n’imagine pas les membres de sa famille au lit, et je dirais même plus : on n’imagine pas au lit ceux qu’on ne désire pas.

Imagine-t-on notre boulanger, nos collègues et toutes les personnes que nous croisons dans les transports en commun en plein missionnaire, levrette ou 69 ? Non. (Enfin, je l’espère pour vous, car sinon ça doit être usant.)

Alors, n’imaginons pas les LGBT au lit : accepter leur sexualité ce n’est pas la visualiser.

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Je suis tombé sur cette photo de profil hier sur Facebook. J’ai trouvé ça mignon au premier abord, puis cela a fini par me gêner malgré ses bonnes intentions.

Suite au massacre d’Orlando, pourquoi n’a-t-on pas retrouvé sur les réseaux sociaux le même élan de modification de photos de profil avec un message clair comme lors des derniers attentats ? Où sont les « Je suis gay », « Je suis lesbienne », « Je suis bi », « Je suis trans » ou « Je suis LGBT » ? Qu’y avait-il à craindre ? Qu’il y ait une confusion et que l’on se mette tout d’un coup à penser que tout le monde était devenu gay ? Croyez-vous sincèrement qu’en janvier 2015 quelqu’un s’est dit « Tiens, y’a mon ami Facebook qui a changé de prénom pour s’appeler Charlie » ? Non.

Si cela avait un sens à un moment donné de modifier sa photo de profil par un « Je suis hétéro » afin de soutenir les hétérosexuels, je le ferais sans hésiter. Je ne serais pas gêné, je ne me sentirais pas mal à l’aise, voire inconsciemment insulté : alors pourquoi le serait-on par un « Je suis gay » ?

Alors oui, « il y a encore comme un problème » M. Je suis peiné que les gens sur les réseaux sociaux n’aient pas modifié leur photo de profil comme ils l’avaient fait pour Cabu, le Bataclan ou les Belges. Tout comme les grandes marques qui l’avaient également fait et qui sont bien muettes à ce sujet depuis dimanche. Ce n’est pas grand chose je sais, c’est juste une photo de profil tu me diras, mais c’est un détail de plus qui me donne cette impression désagréable d’appartenir à ce que Virginie Despentes appelle « une caste moins noble, moins humaine ». Et je sais, qu’au fond de toi, tu ne le penses pas.

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La ligne 14 (ou Comment j’ai envoyé mon manuscrit aux Éditeurs)

Ceci est le texte intégral de « La ligne 14 » publié en 16 billets du 24 janvier au 14 février 2014.

Le 14 février 2012, je n’étais pas célibataire. Et comme cela était un événement en soi, je l’appréhendais énormément, d’autant plus que nous étions au tout début de notre relation avec C. Devions-nous fêter la Saint-Valentin ? « Nous improviserons », avait tranché C. Improviser, c’était ce que nous avions jusqu’à présent fait. Cocktails et « Pied de Cochon » pour un dîner nocturne, confessions de la part de C. qui ne nous avaient jamais autant rapprochés : pour moi, le Parfait avait improvisé la plus parfaite des soirées.

Le 14 février 2013, j’allais être célibataire. Et cette date, je l’appréhendais encore plus que la précédente année. Comment s’extraire du temps qui passe, échapper aux dates redoutées qui avancent vers nous comme des missiles apprivoisés ? En tentant de contrer l’inexorable, de se rendre plus intelligent que ce qui ne l’est pas. J’allais donc transformer ce jour redouté en la plus belle journée qui soit, en une journée célébrée. Mais qu’est-ce qui pouvait me rendre aussi heureux que d’aimer et de me sentir aimé, qu’est-ce qui pouvait m’épanouir autant et, au final, me célébrer ? La réponse vint comme une évidence : voir mon manuscrit publié.

Il traînait dans un tiroir de mon disque dur externe depuis plus d’un an, rejeté comme un enfant qu’on aurait préparé pendant des années à un concours et qu’on sortirait au moment jugé parfait. Je ne voyais plus comment le perfectionner, à moins de le déconstruire totalement. J’avais pourtant déjà déplacé et replacé toutes les virgules et les points-virgules qui le cimentaient : il était temps aux éditeurs de le montrer. Toutefois, si j’ai bien tiré une leçon de l’envoi de mon premier manuscrit lorsque j’avais 18 ans, c’est que son envoi à l’aveuglette, sans contact nominatif particulier, est comme le jet d’une bouteille à la mer : peine perdue en temps, énergie, espoir et autres grandes aspirations qu’en chacun de nous on peut porter. À dix ou quinze manuscrits reçus chaque jour par un éditeur parisien, comment faire pour émerger de cet océan de manuscrits qui restent pendant de longs mois empilés pleins de poussières dans une pièce obscure à double tour fermée ?

À cette époque, je travaillais dans une petite agence Web dans laquelle je mettais, entre autres, en place des opérations de RP digitales. Certaines de ces opérations reposaient sur des envois teasings à des blogueurs dits influents ou à des sites très fréquentés. J’appréciais beaucoup faire cela, cela stimulait mon imagination pour laquelle j’étais en plus payé. Et surtout : je faisais cela bien. Plusieurs des projets que j’avais conçus s’étaient en effet retrouvés sur ces sites de « buzz » que nous adorons détester. J’étais donc plutôt doué pour ce que je faisais dans mon travail, et surtout : cela me passionnait. J’en arrivais donc vite à cette conclusion par une nuit le nez collé à l’oreiller : pourquoi ne pas rassembler mes deux passions dans un seul mouvement ? Pourquoi ne pas vendre mon manuscrit aux éditeurs sous la forme d’une opération de RP digitale ? J’en restais moi-même « bouche bée » ; je me renseignais vite et découvris que personne n’avait jamais fait cela ici-bas. Je serais donc l’initiateur et mon manuscrit serait le premier sur la pile des manuscrits oubliés : les éditeurs seraient même impatients de le dévorer. J’aurais au moins eu une idée de génie si mon manuscrit n’était pas ainsi considéré.

Il ne manquait plus désormais qu’à trouver pour l’opération le format approprié.

Le concept fut rapidement trouvé : puisque mon récit tournait autour du thème du métro, il fallait également que l’opération se concentre sur ce sujet. Combien y avait-il de lignes de métro à Paris ? 16. (De 1 à 14, plus les déconsidérées 3 bis et 7 bis.) J’allais donc contacter 16 éditeurs. Sur 16 jours. Et tous les jours j’allais envoyer à ces 16 éditeurs un petit objet relatif au métro ou au récit. Ainsi, pour le premier jour, j’allais simplement envoyer le numéro de la ligne 1 imprimé et découpé dans son cercle jaune avec un billet de métro non composté : pour un premier envoi anonyme, ce serait une adéquate invitation au voyage. Pour le deuxième jour, le rond bleu de la ligne 2 accompagné d’un plan de métro. Et ainsi de suite avec le reste des lignes, tous les jours ouvrés de la semaine, avec journaux gratuits du métro, timbres fabriqués pour l’occasion avec le plan du métro parisien dessus, autocollants du lapin rose de la RATP, plumes de pigeons, ou bien encore prospectus de marabouts. Jusqu’à même faire de faux pass Navigo avec la photo et le nom de chaque éditeur pour le quinzième jour, car le seizième viendrait le manuscrit, le précieux manuscrit.

De longues soirées étalées sur de longs mois furent nécessaires à cette préparation. Car, notamment, 256 adresses manuscrites à écrire, cela prend du temps. Sans compter les timbres à lécher… Et il fallait se dépêcher, car je tenais absolument à ce que le seizième envoi soit reçu par les éditeurs le 14 février : 14 comme le nom de la dernière ligne, 14 février comme le jour sur lequel se déroule le récit, et 14 février 2013 comme le jour tant redouté.

Le timing se devait d’être parfait.

À la fin de janvier, le moment était venu de poster les premières lettres, consciencieusement numérotées. La terreur était palpable sur mes mains légèrement pétrifiées : je savais que mon approche serait jugée comme impertinente de la part de certains éditeurs, mais si parmi les 16 je ne pouvais en interpeller qu’un, alors j’aurais gagné.

Je photographiais les enveloppes juste avant de les glisser dans la boîte aux lettres, puis je les jetais par lot de 16 : je ne pouvais désormais plus faire marche arrière. Je répétais le geste le lendemain avec le deuxième envoi dans une boîte aux lettres d’un autre quartier parisien – je ne tenais pas à révéler d’indices sur mon identité via les tampons sur les enveloppes. Je n’en étais pas à enfiler des gants Mapa pour dissimuler mes empreintes digitales, mais presque. Mon entreprise se devait d’être secrète pour rencontrer le succès. La moindre fuite viendrait à ruiner le fruit de longs mois de travail, et même d’années si l’on venait à parler de l’écriture même du manuscrit. C’est pour cela qu’en dehors de moi-même, personne n’était au courant de ce projet, pas même un ami, pas même un membre de ma famille : personne.

Un tel secret gardé pour soi s’avérait forcément être d’une grande frustration les premiers jours. Des tas de questions me taraudaient : et si les secrétaires des éditeurs venaient à jeter mes courriers à peine ouverts ? Non, au pire, elles ne se débarrasseraient que des premiers et comprendraient rapidement qu’il y avait un intérêt à les garder ; qui plus est, elles étaient toutes scellées à l’arrière par un tampon du logo de la RATP fabriqué et commandé sur Internet pour l’occasion. Et si les courriers n’arrivaient pas dans le bon ordre ? Et si certaines enveloppes arrivaient par deux le même jour ? J’avais normalement tout méthodiquement calculé pour que le timing soit parfait.

Non, ma véritable hantise ne résidait qu’en un seul point : que personne ne prête attention à mes efforts.

Lors de mes précédentes opérations de RP digitales, j’utilisais un outil particulièrement efficace pour calculer leurs retombées médiatiques ; un outil qu’à l’exception de Nadine Morano et de Christine Boutin nous maîtrisons tous : les réseaux sociaux. Je commençais donc à scruter les comptes Twitter et Facebook ouverts des 16 éditeurs à qui j’adressais mes envois. Toutefois, et du fait peut-être de leur âge moyen, très peu des éditeurs concernés s’exprimaient à titre personnel sur la toile. À l’exception d’un. À l’exception d’un qui, non, serait-ce possible ? Moi ? Là ? Ça ? Un tweet sur ça ? #LeMystèreDuMétro C’était moi ça ! Une photo. Je cliquais. Non ? Ça ne pouvait être vrai : le Directeur Littéraire de Flammarion – la maison d’édition de Michel Houellebecq – avait photographié mes quatre premiers envois et en avait posté l’Instagram sur son compte Twitter avec le commentaire suivant : « Un pronostic pour l’enveloppe de demain ? »

Victoire ! Mes envois avaient fonctionné, et un des Directeurs Littéraires d’une des plus grandes maisons d’édition françaises s’y intéressait. Je ne pouvais pas être plus heureux en ce 28 janvier. Et qui plus est, il postait les photos de mes envois tous les jours sur son profil Facebook ouvert à tous. Les likes et les commentaires abondaient : « C’est génial ! », « Jubilatoire ! », « C’est hyper excitant ! », « Très Sophie Calle » (j’étais particulièrement interpellé par ce commentaire vu que les installations de Sophie Calle avaient été une évidente source d’inspiration au moment de photographier mes envois). Les théories également y abondaient : « C’est un Serial Killer », « C’est une écriture de vieux. Méfie-toi ! », « C’est plutôt une femme, je pense », « C’est un plan drague », « C’est la sœur de mon ex, je reconnais son écriture ! », « Coucou le psychopathe ! »… Tout le monde se prêtait au jeu, et moi, tapi dans l’ombre de mon écran d’ordinateur, j’étais des plus heureux.

Les jours passaient, et les envois pleuvaient. Bien qu’aucun autre Directeur Littéraire concerné ne se manifestât sur le Web à ce sujet, celui de Flammarion, régulièrement, postait ses photos. Quand je postais mes lettres, lui postait ses photos. Moi-même, j’avais une folle envie de commenter ses photos, surtout en ce dixième jour où il publia l’envoi de la ligne 9, à la grande surprise de son public de « friends » qui lui demanda où était passée la ligne 8 : il ne l’avait pas reçue.

J’étais dégoûté. Mon entreprise entière s’était effondrée. Comment un envoi avait-il pu se perdre par La Poste ? Et si c’était le seul envoi concerné parmi les 256, pourquoi fallait-il que cela tombe sur le seul éditeur qui communiquait sur mes envois ? J’étais extrêmement déçu, d’autant plus que l’envoi relatif à la ligne (une pièce de monnaie) perdait tout son sens sans celui de la ligne 8 (un carton de mendicité).

Les jours passaient, et la fin de l’opération approchait. J’étais allé chez Copy-Top imprimer mes 16 manuscrits + 1 pour le garder en souvenir, et les rapportais du travail à chez moi en traversant tout Paris avec une énorme valise. Je me renseignais sur le meilleur moyen pour que les manuscrits arrivent bien à destination le 14 février. « Non pas le 13, ni le 15, mais vraiment le 14 », expliquais-je aux employés de La Poste hallucinés. « Mais c’est pas mieux si le destinataire les reçoit un jour avant ?

– Non, je veux qu’ils les reçoivent le 14 février précisément ! », m’égosillais-je. « D’accord, il faut prendre des Colissimo dans ce cas. C’est 25 € l’envoi. » Il y avait 16 colis, je vous laisse calculer le prix.

Le jour J arrivait et, de derrière mon écran où je me terrais, je me demandais parfois si C. avait entendu parler de tout cela. Si parmi les milliers de personnes qui avaient été exposées à l’histoire des « envois du métro », un de ses amis, un de ses collègues en faisait partie. Un ami ou un collègue qui lui en aurait parlé autour d’un verre ou d’un café, qui aurait commenté une des photos et qu’il l’aurait fait apparaître dans son télex Facebook en le questionnant l’espace d’un instant sur l’identité de ce mystérieux expéditeur. Je savais bien que les chances que ce fusse le cas soient infimes, mais tel était le genre de raisonnements qui dans mon lit me travaillait. Comme si j’avais fait tout cela pour que C. le voie et ne m’oublie pas.

Le jour J était arrivé. Je m’étais levé plus tôt en ce jeudi 14 février 2013 : j’avais 16 colis à envoyer. Je pris quelques dernières photos devant La Poste et expédiais mes 16 volumineux colis via les sacs de postiers que l’on m’avait gentiment prêtés. Ces derniers jours, estimant que tout était plus ou moins joué, j’avais fini par lâcher le morceau à mes amis les plus proches. Tous hallucinaient. Moi, j’avais fini par m’habituer à ce quotidien de postier : j’attendais juste ce 14 février. J’avais hâte de savoir si la révélation de mon identité et de mes coordonnées sur les manuscrits pousserait le jour-même les éditeurs à m’appeler. Ou si, vicieusement, ils attendraient de faire lire à leur comité de lecture mon récit comme pour des milliers de manuscrits oubliés. En tous cas, j’étais certain qu’au moins un des éditeurs allait se manifester.

Les manuscrits étaient désormais envoyés. Je les imaginais sur d’obscurs tapis roulants de centres de tri postaux, véhiculant le suspense. Je les imaginais depuis mon lieu de travail, d’où j’avais encore plus de mal que les autres jours à travailler. Je n’en foutais pas une en attendant impatiemment de recevoir la première notification de réception de colis grâce à une application iPhone dédiée que j’avais tout spécialement installée. Mon smartphone vibra : « Grasset. Colissimo délivré. » Et ainsi de suite, mon smartphone vibra toute la matinée, les colis pleuvaient. Je les imaginais, tous, les éditeurs, intrigués de découvrir mon identité. Je les imaginais, tous, à chaque fois que mon smartphone vibrait dans la matinée : 15 fois il vibra. 15 fois ? 1, 2, 3, 14, 15. Oui, bien 15 colis livrés ! Mais quel était donc celui qui à l’heure du déjeuner n’avait pas encore été livré ? Non ? Pas lui quand même ? Et bien si, le seul manuscrit qui n’avait pas été livré était celui destiné à mon Éditeur préféré, au seul qui s’était manifesté durant ces dernières semaines : seul Flammarion n’avait pas reçu le manuscrit.

Sur la page Facebook de l’Editeur, « le public » s’impatientait : tout le monde y avait fini par comprendre que le dernier envoi arriverait le 14 février et que ce choix portait en lui une signification. « Rien pour le moment ;-( » répondait laconiquement l’éditeur à ceux qui s’inquiétaient de l’absence du dernier envoi. Il était désormais près de 14h et Flammarion n’avait toujours rien reçu. Je pourrissais La Poste au téléphone, elle qui garantissait la réception des colis le lendemain avant 13h. J’étais catastrophé et avait de plus en plus de difficultés à le cacher à mes collègues, devenus transparents pour moi.

Vers 15h passées, mon téléphone vibra. J’ouvris prestement l’application Colissimo et découvris le message suivant : « Votre colis a été retenu au centre de tri postal de Montfort-l’Amaury. » « Non ! », m’écriais-je dans l’open space. Tous mes collègues se tournèrent aussitôt vers moi. « J’ai une urgence personnelle, je dois absolument y aller ! », enchaînais-je avec conviction. Mes collègues ne trouvèrent rien à ajouter, me trouvant particulièrement affecté. Seul un timide « Bon courage » s’éleva. Du courage, j’allais en avoir besoin vu la journée qui ne faisait que finalement commencer.

Il pleuvait. Non pas une fine pluie romantique, mais de sacrées hallebardes. Et c’est par ce temps idyllique que je courais. Je courais vers mon destin, tel un cheval sauvage, tout ce que vous voudrez, mais en tout cas, je transpirais. Je courais toutefois pas trop longtemps jusqu’à la plus proche station de tromé. Debout, compressé dans la rame, je bénissais cette idée que j’avais eu de faire imprimer un manuscrit en rab : c’était désormais vers lui que je courais pour ensuite aller le remettre en main propre à mon éditeur préféré. Debout, compressé dans la rame, je me disais qu’il allait également falloir que je fasse un brin de toilette en arrivant chez moi, et bien évidemment me changer.

J’arrivais chez moi. Allez hop, sens des priorités : l’élégance même dans l’urgence. Douche, auscultation des poils de nez, brossage des dents, déodorant, parfum projeté. Chemise blanche et pull panda ? Il fallait que je me présente élégant, mais également comme l’original que jusqu’alors j’avais été. Ce serait donc chemise blanche et pull panda. Et quant aux choses vraiment sérieuses ? Le manuscrit restant était bien rangé en évidence sur mon bureau et je trouvais cela finalement bien trop facile. Mais oui : il me fallait l’accompagner du petit rond violet signalétique imprimé de la ligne 14 ! Et puis tiens pendant qu’on y était, de l’envoi de la ligne 8 jamais reçue par Flammarion. Je prenais donc un bout de carton d’emballage de pizza et y écrivait grossièrement « Svp donné-moi (dessin d’une maison). Quant aux petits ronds colorés des lignes 8 et 14, j’étais un peu embarrassé : je n’avais pas d’imprimante chez moi. Ni une ni deux, pour 8 et 14, je transférais le fichier image sur une clé USB et verrais cela chez Copy-Top – qui a involontairement sponsorisé cette histoire.

Le temps pressait, je commandais un taxi. Comme toujours dans ces cas-là, le taxi se fit attendre – car si cette histoire s’était passée dans une autre capitale que Paris, il aurait suffi que je lève le bras pour qu’un taxi s’arrête – bref, passons. « Je vais à Bibliothèque François Mitterrand. » Il y avait un Copy-Top pas loin, j’avais vérifié sur Internet. Manque de bol ce jour-là, des embouteillages monstres infectaient Paris ; peut-être uniquement des livreurs de fleurs et de chocolats en cette Saint-Valentin. Qu’importe, il fallait que je me dépêche et que j’adopte un rythme différent de celui d’alors : 300 mètres en un quart d’heure. La mort dans l’âme je remerciais le chauffeur à qui je payais une petite fortune pour les 300 mètres parcourus, et courais sous la pluie jusqu’à la station de métro la plus proche.

« Mon récit se déroulant dans le métro, il fallait tout logiquement que cette histoire se finisse dans le métro », pensais-je avec un sourire en coin. Ironie de ma vie.

« Alors, t’en es où ? »

Car oui, j’avais décidé de ne pas vivre seul ces rebondissement et de les partager par SMS avec mes meilleurs amis à qui j’avais informés de mon entreprise.

« Je dois encore passer chez Copy-Top, mais là je suis bien en route vers Flammarion !

– Ah, c’est génial !! On dirait un épisode de « 24 heures chrono ».

– D’ailleurs ma Chloé, peux-tu me donner l’adresse exacte du Copy-Top le plus proche proche de François Mitterrand s’il te plaît ? »

J’avais chargé mon ami PH de me donner deux-trois tuyaux à distance, la 3G du métro étant plus que défaillante ce jour-là. Arrivé à Bibliothèque François Mitterrand, je vous passerai les détails pour trouver le Copy-Top en question et rameuter tout le quartier qui y allait de son renseignement erroné (« C’est par là », « Mais non, c’est de ce côté »). Je vous passerai également le fait que Copy-Top m’ait facturé 5 € pour une simple impression couleur format A4 et que les paires de ciseaux aient décidé de se cacher ce jour-là dans leur bureau. Non, je viendrai directement à mon arrivée dans les locaux de Flammarion car cette histoire ne fait que trop durer : et pourtant, elle est loin d’être terminée.

« T où ?

– Dans le hall de Flammarion. »

J’étais dans le hall de Flammarion. Enfin. Je m’avançais avec assurance vers l’hôtesse d’accueil en sachant exactement mot pour mot ce que j’allais lui dire pour m’introduire :

« Bonjour mademoiselle. Je voudrais voir Monsieur Guillaume Robert s’il vous plaît.

– Qui le demande ?

– Je sais que ça va vous paraître très bizarre, mais ça ne l’est pas quand on connaît toute l’histoire : dîtes-lui que « La Ligne 14 » l’attend à l’accueil.

– Pardon ?

– La ligne 14. Dîtes-lui cela et je peux vous assurer qui viendra lui-même me chercher. »

J’imaginais l’hôtesse d’accueil appuyer sur un bouton sous son comptoir (« Sécurité !… »), mais non, elle semblait uniquement étonnée, et même plutôt amusée.

« Et vous avez rendez-vous avec lui ?

– Non, mais il m’attend. »

L’hôtesse d’accueil sembla pensive quelques instants puis décrocha son téléphone : elle avait dû se dire qu’un garçon qui portait un pull avec un panda ne pouvait pas être foncièrement méchant. Le téléphone semblait sonner dans le vide. « Je suis désolée, mais Monsieur Robert ne semble pas être à son poste. Peut-être vaudrait-il mieux revenir demain ?

– C’est impossible demain, il faut que je le voie aujourd’hui ! », rétorquais-je telle la plus excessive des drama queens.

L’hôtesse d’accueil commença à s’inquiéter :

« D’accord… Dans ce cas-là, installez-vous sur les fauteuils et je vais tenter de le rappeler.

– J’attendrai tout le temps qu’il faudra. J’ai tout mon temps.», répondais-je le plus calmement du monde. Là, l’hôtesse d’accueil commença carrément à flipper.

Un quart d’heure s’écoula durant lequel j’informais par SMS mes amis de la situation tandis que l’hôtesse d’accueil tentait énergiquement de rappeler Monsieur Robert. « Il ne semble pas être là, monsieur ! », abdiqua-t-elle. J’étais effondré. « Peut-être pourrais-je lui envoyer un mail ? », rappliqua-t-elle en me redonnant tout d’un coup pleinement foi en l’humanité. « Oh oui, parfait, faites cela. Merci beaucoup ! » La réponse se fit attendre à peine deux minutes : « Monsieur, me cria-t-elle depuis le bout du hall d’accueil, il ne travaille pas ici dans les locaux de Panhard : il travaille au Service Editorial place de l’Odéon ! »

Non, depuis le début je lui avais donc envoyé les enveloppes à la mauvaise adresse ? Tout mon courrier lui avait donc été transféré tous les jours ? Il n’était donc pas ici mais place de l’Odéon. Mais ce n’était pas fini, je n’avais pas encore dit mon dernier mot et le verrais en ce jour. « Merci, merci, merci beaucoup Mademoiselle ! Merci infiniment pour tout !

– Mais Monsieur, attendez Monsieur il est… »

Trop tard, je quittais déjà les locaux de Panhard direction la place de l’Odéon. Par tous les moyens je verrai le 14 février 2013 le Directeur Littéraire des éditions Flammarion.

J’arrivais enfin devant les bons locaux des éditions Flammarion place de l’Odéon. Ça fumait des cigarettes devant la porte d’entrée entrouverte. Avec assurance, je demandais à passer et entrais naturellement dans ces locaux où aucun hôte d’accueil ne siégeait. Les locaux éditoriaux de Flammarion ressemblaient à une ancienne maison ornée de boiseries et au centre de laquelle régnait un vieil escalier. Je le gravissais immédiatement bien évidemment. Je croisais quelques personnes dans les couloirs, mais personne ne semblait considérer ma présence comme étrangère. Je circulais au sein de Flammarion comme un membre de la maison. Je finis par demander ma route : « Excusez-moi, où se trouve le bureau de Monsieur Robert, s’il vous plaît ?

– Le bureau de qui ? Ah, de Guillaume ? C’est au fond. »

Je traversais lentement ce long couloir aux murs recouverts de livres et passais devant quelques bureaux sur lesquels s’empilaient romans et essais. J’arrivais au bout de mon aventure ; je frissonnais. Je me plantais face à celle qui semblait être son assistante. Elle mit quelques instants à lever les yeux de son ordinateur, puis, après m’avoir examiné, étonnée, elle me demanda : « Oui ? En quoi puis-je vous être utile ?

– Bonjour. Je cherche Monsieur Robert.

– Oui ? Et vous êtes ?

– Je suis la Ligne 14. », déclarais-je avec un très large sourire. Son visage s’illumina : « Non ? C’est pas vrai ? C’est vous ? Vraiment ? C’est vous qui lui avez envoyé ces lettres ? Mais vous savez qu’il ne parle que de vous depuis des semaines. Et d’ailleurs tout le monde ne parle que de vous depuis des semaines ! »

Elle n’aurait pas pu me rendre plus heureux.

« Bon, attendez, je vais le chercher. Vous restez là, hein ? Vous voulez boire quelque chose ?

– Non, ça ira, merci.

– D’accord, très bien. Je vais le chercher. Ne bougez pas. »

Elle partit le chercher pratiquement en courant au fin fond du couloir. J’entendais que ça commençait à s’agiter dans les bureaux : « C’est lui. Non ? Qui ça ? Mais tu sais, le garçon du métro ! Non ? C’est pas vrai ? Si c’est lui ! Attends, je vais aller le voir. Non, il cherche Guillaume. Bah oui… D’ailleurs il est où ? Où est-il Guillaume, bon sang ? » Quelques têtes se levaient discrètement de l’encadrure des portes pour m’entr’apercevoir au loin, puis disparaissaient prestement dès qu’elles constataient que je les avais remarquées. J’étais devenu la Curiosité. Je décidais de regarder ailleurs, d’enregistrer le plus longtemps possible dans ma mémoire tout ce qui m’entourait : les papiers dispersés sur les bureaux, les affiches de dédicaces… Que pouvait donc d’ailleurs renfermer le bureau de Monsieur Robert ? La porte était ouverte, je regardais rapidement au loin dans le couloir pour voir si quelqu’un pouvait me voir y entrer. Non : j’y passais la tête.

Immédiatement, je les vis : toutes mes enveloppes méticuleusement posées en pile sur son bureau impeccablement rangé. Tellement bien ordonné qu’il en était presque vide : uniquement le roman pour lequel il assurerait alors la promotion, et mes enveloppes. Rien de plus. Deux sujets d’études sur son bureau, dont moi qui n’était pas encore publié… À ce moment-là, je pensais avoir atteint un summum de jubilation. Jusqu’à ce qu’arrive une femme qui devait être importante vu son tailleur, sa coupe de cheveux parfaite et sa démarche assurée. Elle s’avança vers moi, se présenta comme quelqu’un de très important dans la maison d’éditions, et en me tendant la main m’avoua : « Je suis ravie de faire votre connaissance.

– Bonjour. De même. »

Je ne m’étais pas présenté, exprès.

« Et vous êtes ? », ajouta-t-elle.

« Je ne peux pas vous le dire. Vous imaginez bien qu’avec cette histoire, c’est bien Monsieur Robert qui doit apprendre en premier mon identité. »

Elle resta muette de surprise, puis, comme si elle avait précédemment osé poser une question d’une évidente bêtise, lança : « Mais bien sûr. Qu’est-ce que je peux être bête. Vous avez entièrement raison ! » Une des personnes les plus importantes de Flammarion venait de reconnaître au bout de deux phrases échangées avec moi qu’elle venait d’être stupide : mon monde était inversé.

« Et donc, que nous vaut l’honneur de votre visite ?

– Je cherche Monsieur Robert.

– Ah, mais Monsieur Robert n’est pas là. Les mercredis soirs, il est à la Sorbonne. Il y donne des cours. »

Mon monde s’était écroulé. La nuit était déjà tombée et Monsieur Robert ne recevrait jamais mon manuscrit en ce 14 février.

« Mais rassurez-vous, je lui ai envoyé un texto et il y a répondu : il vous attend à 20h30 devant la fontaine de la Sorbonne. Cela vous convient-il ?

– Bien sûr que cela me convient. Merci beaucoup !

– C’est vous qu’il faut remercier pour cette belle aventure. Mais, veuillez m’excuser par avance, pourquoi l’avez-vous choisi lui et pas moi pour adresser vos enveloppes ?

– Car c’est son nom qui remonte en premier lorsque tape « Directeur Littéraire Flammarion » dans Google.

– Ah. », fit-elle un peu déçue. Puis elle se ressaisit et déclara : « Bon, il faut que je vous laisse, nous fêtons le départ d’un de nos collaborateurs ce soir et il m’attend à son pot. Voulez-vous vous joindre à nous d’ailleurs ?

– Oh non merci, c’est vraiment adorable de votre part. »

J’étais réellement gêné d’imaginer que le pot de départ d’une personne qui travaillait dans cette entreprise depuis peut-être plus de 25 ans était retardé par un morveux comme moi.

« Nous avons tous tellement hâte de vous lire ici. »

Nous traversâmes une salle dans laquelle une vingtaine de personnes étaient silencieusement rassemblées autour de quelques sachets de chips et de bouteilles de vin. Tout le monde m’observait fasciné, quelques uns en chuchotant, tous passionnément. L’une d’elle se risqua : « Bonne soirée, et : bonne chance !

– Merci, répondit-je flatté mais un peu gêné, Bonne soirée à vous également ! »

Le bruit reprit dès que je leur tournais le dos en empruntant les escaliers. Tout le monde chez Flammarion savait qui j’étais. Tout le monde sauf le principal intéressé. J’allais enfin le rencontrer : Monsieur Guillaume Robert.

J’avais une heure devant moi. Mais, connaissant mon sens inné de l’orientation, il me faudrait au moins trois-quarts d’heure pour effectuer à pied le trajet d’Odéon à la Sorbonne. Je n’en étais pas loin, car je mis pratiquement une demi-heure à me rendre au lieu de rendez-vous, chaque passant rencontré ayant sa propre interprétation de l’expression « fontaine de la Sorbonne ». Et non : Google a également sa propre interprétation de cette expression.

Une fois arrivé sur place, je m’installai enfin quelques minutes dans un café pour commander un Coca Zéro hors de prix. Je ne me voyais pas demander de l’alcool, je devais rester sobre pour me souvenir pleinement de cette histoire dans ses moindres détails, afin de pouvoir la raconter encore dans de nombreuses années. Je passai quelques appels à des amis qui continuaient à suivre mes péripéties par SMS. Des réactions telles que « C’est génial ! », « C’est dingue ! », « C’est une histoire de fous ! » revenaient souvent dans mes conversations et les leurs. C’était une histoire totalement hallucinante dont le dénouement approchait inexorablement.

Même si je commençais sérieusement à ressentir la fatigue après avoir couru toute la journée, je redoutais la fin de cette journée que j’aurais souhaitée ne jamais voir se terminer. Il était 20h30, je réglai mon Coca Zéro, pris une grande bouffée d’air, puis quittai le café. Le voyant au loin, terminant sa conversation avec deux étudiantes qui ricanaient, il sut que c’était moi. J’avançai vers lui.

« Alors c’est vous ?

– Alors c’est moi.

– Vous m’en avez fait vivre une histoire incroyable : bravo.

– Merci.

– Comment vous appelez-vous ?

– G.

– G. ? D’accord.

– Je vous ai apporté la ligne 14.

– Vous aviez prévu de me la remettre en main propre ?

– Non, mais il y a eu un problème avec La Poste, donc j’ai décidé de changer mes plans et de vous la remettre en main propre.

– C’est un manuscrit ?

– Oui. Mais attendez d’abord… Vous n’avez jamais reçu la ligne 8 et je ne sais pas pourquoi. Du coup, je vous l’ai également apportée. C’est un carton de mendiant.

– Ha ha. Attendez, je vais vous prendre en photo avec et la poster sur Facebook. »

« Tenez, voici la ligne 14.

– Oh, je vais y prendre grand soin. Et l’on peut se tutoyer ?

– Bien sûr.

– Sache que quelle que soit sa valeur littéraire, je le lirai personnellement.

– Merci beaucoup.

– C’est bien le minimum que je puisse faire. Dis-moi…

– Oui ?

– Pourquoi m’as-tu envoyé un vieux ticket de métro de la station Alésia ?

– Parce que j’ai commandé un lot de vieux tickets de métro parisien sur Internet et j’ai trouvé que c’était le plus joli du lot.

– C’était donc un hasard que ce soit la station Alésia ? Parce que j’y ai vécu plus de 15 ans.

– C’est un pur hasard, oui. Tout comme le fait que le manuscrit ait mis du temps à arriver par La Poste et que je sois forcé de vous… De te le remettre en main propre. Car je l’ai vu sur un bureau en partant de vos locaux d’Odéon : il a fini par arriver aujourd’hui. Comme ça vous en aurez finalement deux.

– Ce qui ne sera pas de trop vu que tout le monde veut te lire maintenant chez Flammarion. Tu as fait grande impression. Pendant mon cours, j’ai reçu le texto d’une collègue : « Le garçon du métro est arrivé. Il est timide et audacieux, et il porte un pull avec un panda ! »

– Ha ha ha !

– Tu sais que j’ai parlé de toi à mes élèves ? Comme d’un excellent moyen de se faire remarquer par un éditeur. Tu m’as d’ores et déjà offert une de mes plus belles histoires de Directeur Littéraire.

– Merci infiniment.

– Merci à toi. Merci pour cette belle aventure. »

Bien sûr, Guillaume Robert semblait déçu lorsqu’il apprit qu’il n’avait pas été le seul éditeur concerné par cette opération. Bien sûr, il fut surpris d’apprendre qu’aucun autre éditeur ne s’était manifesté. Mais bien sûr, Guillaume Robert fut flatté d’être le seul auprès de qui j’avais prêté une telle attention. Car bien sûr, cette histoire n’aurait pas été la même sans lui et ses photos. Car bien sûr, cette histoire n’aurait pas été la même sans la soirée qu’il me fit ensuite passer en sa compagnie et avec celle de ses amis qui avaient entendu parler de moi. Car oui, bien sûr, cette histoire n’aurait pas été la même sans un certain garçon qui m’avait fait passer le plus beau 14 février qui soit jusqu’alors.

Le 14 février avec celui qui a changé ma vie c’était il y a deux ans, le 14 février avec le projet qui j’espère changera ma vie c’était il y a un an : que me réservera donc aujourd’hui ce 14 février ?

Tout reste à écrire, encore aujourd’hui.