L’odeur de ton odeur

Maman a toujours raison : « Le sexe n’est sale que lorsqu’on ne se lave pas ».

Ce n’est pas que je me sente sale après l’amour, c’est juste que j’attache beaucoup d’importance au nettoyage de mon visage, peut-être plus qu’à d’autres parties de mon corps. Pourtant ne s’y dépose que de la salive – le plus souvent. J’ai alors l’impression que tout le monde dans la rue devine ce que je viens de faire et je deviens alors parano :

“ Police ! Plus un geste ! On sait que vous venez de baiser ! Ca sent le sexe jusque chez Madame Gilbert qui habite au 5ème !! ”

J’ai toujours détesté l’odeur de salive sèche.
Je me souviens particulièrement de ma mère qui se léchait le majeur et l’annulaire d’un coup vif de langue afin de m’effacer une trace de feutre sur le nez. Un coup de bave sur la patte et hop ! C’est bon mère lionne, je ne suis pas Simba ! Baaaaaaaaaah !!

Qui n’a jamais été dégoûté par ce geste maternel remontant probablement à la louve romaine ? En échange d’un bon p’tit coup d’patte baveuse, je suis convaincu que Romulus et Remus aurait préféré un bon vieux savon de Marseille des familles.

Bien que je n’aime pas l’odeur de la salive sèche, il existe une odeur corporelle que j’apprécie particulièrement. Mais pas chez les garçons. Nan nan.
Chez les filles.

Car oui les filles ont un avantage sur nous les garçons. Outre le fait qu’elles peuvent ne pas trouver dégueulasse une brosse transformée en un amas de cheveux morts, les filles ont le cuir chevelu nettement plus parfumé que celui des garçons.
Je vous met au parfum : c’est du aux phéromones ; qui me transportent et qui m’excitent.

Les phéromones me transportent jusqu’à Tatiana et à nos barquettes de fish & chips à Portsmouth. Les cheveux qui sentent bon, c’est d’abord Tatiana.
Ce sont ses cheveux soyeux de Bolivienne qui dégageaient mille subtils parfums. C’est mon nez qui venait plonger dans les essences florales de son crâne. Parfums de crâne, parfum de tête, parfum de cœur et parfum de fond. Au fond, tout était parfait. Au fond, tout était prétexte au discernement et à la dissociation de mes sens.
Je m’égare, je m’égare comme je m’égarais dans ses cheveux.

Les phéromones m’excitent et tu comprendras mieux VideoGirl pourquoi j’aime tant plonger mes narines dans tes cheveux.
Fishisme de Richard Fish et Ling n’est pas bien loin. Que Lucy Liu me fouette avec son cuir chevelu et j’éprouve plus de plaisir qu’avec la cravache Hermès de mon amie Marie-Cécile. Barracuda !!

« MC », elle qui bosse dans les parfums, aime ça et sent divinement bon car elle sent la vivante. Contrairement à moi, pauvre Blanc, qui ne sait pas sauter et qui sent le mort ou la salive séché lorsqu’Egoïste Platinum s’évapore.

Je sens que c’est la fin de ce post.

Un husky sur la banquette arrière

Je lui avais dit oui.
On avait rendez-vous à 22h15 à côté de la Grand’Place. Ca nous laissait le temps de prendre une douche. C’était la deuxième fois que je me lavais dans l’optique de me faire prendre. La première fois ça avait été avant un cours de Maths donné en 5ème par le fils des voisins. Il avait dix ans de plus que moi mais je voulais qu’il m’encule. La pédophilie inversée a un drôle de goût.
Là j’avais 22 ans et l’inconnu du Net 32. Ca toujours été le bon écart pour moi.
Il était convenu qu’il viendrait me chercher en voiture puis qu’on irait chez lui. Qu’il me déshabillerait, qu’il me masserait et qu’on irait peut-être plus loin. Je savais parfaitement tout ce que cela impliquerait, et c’est pour ça que je ne l’ai pas suivi chez lui.

Lorsque sa voiture s’est avancée vers moi, j’y ai d’abord vu le sapin en plastique eu rétroviseur et le husky en peluche sur la banquette arrière. Puis j’ai vu sa chaîne autour du cou et son short enfilé à la va-vite. Le passage à la garde-robe est souvent rapide lorsque les envies sont pressantes.
Je lui ai dit : « J’suis vraiment désolé mais j’le sens pas. J’me sens pas prêt. Je croyais l’être en venant ici et en fait non. En te voyant là, les choses qu’on se disait tout à l’heure sur le Net prennent un autre aspect. Là, ça devient réel ; et ça me fait peur. »

Je ne me souviens plus de ce qu’il a dit ensuite, mais j’ai regardé dans ses yeux, et j’ai eu confiance.
Je suis monté dans sa voiture.

Je l’ai fait s’arrêter dans une petite rue, je me remettais à flipper. Il m’a dit qu’il comprenait, mais je sentais bien que ça le faisait bander à mort de se dire qu’il serait le premier à me péter la rondelle.
J’ai tâté la présence du couteau papillon dans ma poche. J’ai repensé au mot que j’avais laissé chez moi, avec le prénom et les coordonnées de mon rendez-vous nocturne. Au cas où il m’arriverait quelque chose.

Il s’est alors mis à me parler de son ex, qu’il avait du mal à se remettre de leur rupture et qu’ils avaient passé le dernier Noël ensemble. J’ai vu des larmes dans ses yeux. Il a vu de la compassion dans les miens. Et c’est là qu’il a prononcé cette phrase : « Tu m’excites, j’ai envie de t’embrasser. » Ni une ni deux, je lui ai demandé de me raccompagner. Je flippais comme un malade. J’avais envie de me tirer mais le temps d’enlever la ceinture de sécurité il pourrait m’attraper par le bras.
Il a supplié de pouvoir caresser ma cuisse. Des larmes coulaient sur ses joues. J’ai refusé. Il s’est excusé. Je ne l’ai pas pardonné ; il n’y avait rien à pardonner. Je me sentais si mal. Moi aussi j’avais envie de pleurer.

Le Diable écoute Miss Dominique

Mourir une semaine avant de connaître le nom du nouveau président. Ca fait mal au cul tout de même.
Grégory Lemarchal mais aussi Albert Alezra, Michel Fabre, Marie-France Gascon, Geneviève Roger, Henriette Trotot et d’autres noms glanés dans le Carnet du Jour du Figaro. Mais contrairement à Henriette, Grégory aura beaucoup participé à l’élection présidentielle de 2007. Tout comme Jenifer, Nolwenn, Elodie, Turtle et Magalie – euh non pas Magalie, jamais Magalie…

On a beau nous répéter que c’est le traumatisme du 21 avril 2002 qui a poussé les électeurs à se rendre aux urnes pour la dernière élection présidentielle, moi je n’y crois pas.
C’est surtout l’avènement de la télé-réalité qui a habitué les jeunes téléspectateurs à adopter des comportements responsables. Il est vrai qu’élire Magalie Vaé grande gagnante de la Star Academy 5 n’a pas été un geste particulièrement responsable, soit. Mais grâce à la real-TV, c’est une génération entière qui a pris conscience de l’importance de chaque voix.

Difficile d’expliquer les différences entre la gauche, la droite et le centre à Donovanne. Mais si tout d’un coup vous commencez à lui dire que la LCR c’est un peu Magalie Vaé, que la Lutte Ouvrière c’est totalement Steeve Estatof, que la gauche caviar ça ressemble un peu à Elodie Frégé dans sa robe Paule Ka, que l’UDF c’est aussi tiède que Cyril vainqueur de la Star Ac’ 5 et que l’UMP c’est totalement Nolwenn Leroy période dark, et bien là Donovanne comprendra.
Car Donovanne n’est pas con, il est juste un peu… heu… Il n’a juste pas conscience de l’importance de sa voix !

” Pourtant Donovanne, tu te souviens quand Ilyes a été éliminé de la Nouvelle Star avec seulement 17 voix d’écart ? T’étais dégoûté tu te souviens ? Bah là c’est pareil. Si tu veux que ton candidat passe, faut envoyer un SMS et faut motiver tous tes copains pour qu’il puisse chanter au prochain prime !
Chaque voix compte.

Et s’il se fait éliminer, bah faudra que t’acceptes le résultat et que tu supportes les candidats restants pour que la prochaine tournée soit la plus belle. Mais faudra pas abandonner ton candidat préféré pour autant hein ? Regarde Olivia Ruiz, elle n’a pas gagné la Star Ac’ 1 mais au final c’est une des grands gagnantes de la télé-réalité ! Tout ça parce qu’elle a eu des fans qui ont continué à la soutenir et à assister à ses petits concerts à la Maroquinerie ou au Café de la Danse pendant que Jenifer faisait le Zénith. Bah là c’est pareil.

Tu dois accepter la victoire de l’autre même si t’es dégoûté que Jérémy Amelin et sa jolie petite gueule aient perdu en 2005 face à la grosse moche. De toute façon, s’il est vraiment si bon que ça le Jérémy Amelin, bah il réussira à percer – et pas que des boutons. Mais ça, ça ne se fera pas sans toi. Car Magalie a peut-être gagné, mais on ne peut pas dire qu’elle ait réussi.
Mais d’un autre côté Jenifer a gagné, et elle elle a réussi.

Rhalala je sens que ça devient trop compliqué pour ta petite tête Donovanne.
Tout ça pour dire qu’il n’y a pas de règle, et que rien n’est perdu si ton candidat préféré ne reçoit pas le trophée des mains de Pascal Nègre. Continue à le soutenir et tu verras qu’un jour il fera Bercy. Ou pas.

En attendant, laisse chanter Nolwenn Leroy. Tu préférais Houcine mais t’as bien vu qu’il n’a rien fait par la suite. Elle t’énerve ? Change de chaîne. Au final, t’as bien vu qu’Emma Daumas s’en est bien sortie alors qu’elle avait perdu la demi-finale face à Nolwenn.

Rhalala je sens que t’es perdu Donovanne. T’as ton appareil dentaire qui grince comme à chaque fois que tu deviens perplexe. C’est que rien n’est noir ou blanc dans la télé-réalité, et accessoirement dans la réalité. Va falloir y penser. ”

L’homme qui murmurait à l’oreille des Kleenex

Je me suis abîmé les mains à force de les laver. J’avais 14 ans et je n’écrivais que le mot « pureté » dans mes cahiers. Je n’allais pas bien, j’étais ado ; ce sont des choses qui arrivent.
Je me souviens tout particulièrement d’un jour où j’ai ordonné tous les fils du tapis de ma chambre. Pendant un peu moins d’une heure je les ai étirés, jusqu’à ce qu’ils soient bien parallèles entre eux. Il fallait que l’ordre règne dans ma chambre jusque dans ses moindres détails. Je me souviens que mon chat Réglisse me regardait bizarrement à ce moment-là.
Je devais partir à Grenade une heure plus tard. Je n’avais que quatorze ans ; c’est un peu jeune pour être givré.

J’ai troqué beaucoup de tocs de cette époque épique.
J’ai ainsi cessé de ranger mes chaussons perpendiculairement au lit. En revanche mes CD sont toujours rangés par couleur. Un rainbow-flag avant l’heure dira-t-on. Tout comme je range mes paquets de Kleenex dans l’armoire à pharmacie.

Car mon paquet par jour depuis quinze ans m’autorise à des petits plaisirs. Afin de ne pas irriter mon petit nez tout mignonnet trognonnet, je m’offre de délicieux Kleenex aux paquets bleus, rouges et oranges. C’est le Carnaval de Rio in my pocket. Je m’achète bien de véritables Kleenex et non pas de vulgaires mouchoirs en papier. En somme, je suis un vrai bourge de la morve.
Ce qui me pousse tout naturellement à chérir ces petits compagnons du quotidien qui se sacrifient pour ma cause nasale. Finalement, ils me sont bien plus dévoués que certains amis. D’un autre côté, ça me ferait bizarre de me moucher dans les doigts de Muxu Munu. Bref, j’adule tellement ces petits bouts de cellulose qu’il m’arrive de leur parler.

Someone please call 911 !! Vite une camisole ! Turlututu entonnoir pointu !
Non, rassurez-vous, je n’en suis pas encore là. Car je ne tiens pas non plus des débats enflammés avec mes paquets de Kleenex. Non, nous ne dissertons pas pendant des heures de la dernière prestation de Julien à la Nouvelle Star ou du nouveau Patron de la France. Non. Il m’arrive juste de leur sortir de temps en temps une ou deux phrases du genre « Toi, là » ou « Comme ça t’es pas tout seul ».
Car je me préoccupe du sort de mes Kleenex. Je ne tiens pas à ce qu’un paquet bleu se retrouve perdu au milieu d’une horde de congénères oranges. Mon confort psychologique passe par le leur. Oui, c’est plus qu’étrange. C’est limite un comportement de taré je vous l’accorde. Mais je sais également que c’est juste un moyen passager de combler la solitude de mon grand appartement. On en revient toujours à cette maxime pascalienne : « Un roi sans divertissement est un homme plein de misères ».

En outre, depuis que j’ai écrit ce texte, je n’adresse plus un mot à mes petits amis de poche. Qu’importe si j’ai probablement troqué ce toc pour un autre qu’il me reste à découvrir. Car j’observe de loin un garçon qui parle à ses paquets de Kleenex et cela ne m’effraie pas. A la limite, ça m’amuse. Car j’y vois surtout le prolongement logique de conversations tenues par un enfant avec ses nounours.

« Sarah, tu peux nous dire qui a fait du mal à ta maman ?
– Non. J’peux l’dire qu’à Emily.
– Qui est Emily ? C’est ton amie imaginaire ?
– Hum…
– D’accord, dis-le à Emily qui va ensuite me le répéter, d’accord ? »

Vous avez bien reconnu ici le dialogue type d’un téléfilm de M6 : la policière bienveillante qui interroge une pauvre gamine témoin du meurtre de sa maman par un dangereux serial killeur. Et bien pour moi c’est pareil. Et je dirais même que pour tout le monde c’est pareil.
Que l’on se confie à son nounours, son journal intime ou son blog, nous avons tous notre Emily. Et il se trouve qu’elle prend l’apparence d’un paquet de Kleenex chez certains. Et oui, face aux télévisions les dieux ont la vie dure dans la société de consommation.