Ceux qui m’aiment prendront la Marche

Chers amis, tant de bonheurs à vos côtés ces dernières années, à monter de longs films de vos vies, à chorégraphier vos rires ou à simplement partager vos sourires amoureux : oui, j’ai été honoré d’être invité à vos mariages et espère encore l’être pour de longues années.

Toutefois, il faut que vous sachiez aujourd’hui quelque chose. Il faut que vous sachiez que lorsque vous faisiez tournoyer votre mère sur « Rock around the clock », que vous swinguiez avec Tonton sur « Just a gigolo », que vous entriez en couple dans la salle du dîner enjoués et heureux ou que vous aviez la larme aux yeux en redécouvrant la photo de la classe de Melle Montigny du CM2, secrètement je vous enviais. J’enviais cette possibilité que vous aviez de vivre au grand jour votre amour, d’affirmer devant votre famille et vos amis que vous aussi vous étiez « aimable », et que surtout il fallait organiser une putain de fête avec tous ceux qu’on aime pour fêter ça !

Alors, lorsqu’aujourd’hui nous parlons de la possibilité qui s’offre à moi de pouvoir me marier, j’aimerais que vous compreniez quelque chose. J’aimerais que vous compreniez qu’il est légitime que je réclame ce droit qui devrait déjà m’être dû, que je ne suis pas différent de vous et que mes aspirations sont aussi humbles et compliquées que les vôtres : aimer et être aimé en retour. Et puis j’aimerais, moi aussi, pouvoir vous gratifier du bonheur que vous m’avez offert jusqu’à présent – et continuez à m’offrir – en vous invitant un jour à mon mariage (mais peut-être pas mes 800 amis Facebook…). Nous parlons là d’égalité, non pas de celle qui voudrait que vous effectuiez un virement sur ma liste de mariage, mais déjà plus de celle qui voudrait que vous aussi vous vous cassiez le cul pendant des heures sur iMovie à bien faire coïncider la vidéo de l’open-bar du BDE Adrénalille sur la musique de Lady Gaga ! Mais nous parlons également et surtout de l’Egalité avec un grand E. Car vous souhaitez naturellement pour moi ce que je souhaite pour vous : votre bonheur. (Et si vous ne me le souhaitez pas, je vous emmerde avec un grand A !)

Alors, vous amis hétérosexuels qui souhaitez mon bonheur, qui souhaitez que je connaisse ces joies auxquelles vous avez droit et pas moi, joignez-vous à la marche de ce dimanche 16 décembre. Car finalement ce n’est pas plus compliqué que cela : si vous souhaitez mon bonheur, le 16 décembre venez marcher avec moi.

Le 16 décembre 2012, ceux qui m’aiment prendront la Marche.

 

I was right

Ambert, le 24 novembre 2012

C’est d’abord un terrain : la caresse de la plume sur le papier qui m’a manqué. Je n’en ai pas récemment senti le besoin, je me sens assez bien entouré en ce moment si je souhaite me confier. Puis c’est le désir de discuter de sujets qui pourraient sembler dans les échanges de tous les jours trop désordonnés. Passer du coq à l’âne à l’écrit apparaît comme plus rangé. C’est que je tiens à garder en moi ce bordel, ces raisonnements compliqués qui m’ont toujours caractérisé. Comme dirait mon amie Marion : « Je t’aime parce que tu es un peu bizarre, que tu dis au revoir aux maisons au moment de les quitter. »

Je voulais parler de « Homeland ». Il me semble que je n’ai jamais écrit sur une série télévisée, probablement car je considérais qu’aucune vaille la peine qu’on en débatte. Le texte qui suit sera donc peut-être parsemés de spoilers, de ces révélations scénaristiques qui gâchent le plaisir du spectateur. Vous n’avez donc plus que quelques lignes pour décider de continuer à le lire si vous n’avez pas regardé cette série mais que vous souhaitez néanmoins la visionner. Non ? Vous êtes toujours là ? Alors nous allons pouvoir commencer.

Claire Danes. Claire Danes, une actrice longtemps oubliée. Pourtant elle apparaît souvent dans ma collection de DVD. L’intégrale de « Angela, 15 ans », « Roméo et Juliette », « The Hours », des monuments dans leur genre qui m’ont souvent hanté. L’adolescente Angela était mal dans sa peau et amoureuse, la ravissante Juliette était naïve et amoureuse, la… Ah non, personne ne de souvient de Claire Danes dans « The hours », et ceux qui s’en souviennent n’ont pas été marqué par son rôle (qui montre pourtant que l’on peut être élevé par un couple du même sexe et être parfaitement équilibré). Passons. Claire Danes donc l’amoureuse, de Jordan Catalano ou de Roméo Di Caprio : Claire Danes est un cœur d’artichaut. Elle regarde les hommes qu’elle aime comme personne, d’un regard si exclusif et ouvert que plus aucun regard qu’il soit bleu ou vert du plus célèbre top-model vivant ou de l’acteur français beauf-modèle séduisant ne peut rivaliser : Claire Danes a le regard immense de celle qui aime et ne craint jamais d’aimer.
Claire Danes pleure beaucoup. Claire Danes pleure tellement et sans retendue que si à l’époque le gif et les Tumblr avaient existé, nous aurions passé des heures à nous moquer de son gémissement de phoque lorsqu’elle découvre son Rital décédé. Le pleur final de Juliette aurait pu se convertir en la mort de Marion Cotillard en 1997. Mais Claire Danes pleure comme personne car elle ne craint pas non plus de pleurer.

Ne pas craindre d’aimer, ne pas craindre de pleurer, est-il là le vrai courage de Carrie Mathison dans « Homeland » ? Est-ce pour cela que ce personnage me touche à un point là où aucun autre personnage de séries m’a effleuré ? Est-ce également pour cela que bien qu’elle effraye Brody elle l’attire comme aucune autre femme ne l’a attiré ? Qu’il se sent étrangement bien avec elle car son courage d’aimer de tout pourra le protéger ? Son courage d’aimer est-il tel que nous nous concentrions finalement assez peu sur son courage à l’encontre des terroristes et des vilains pas beaux que l’on veut du doigt nous faire pointer ? « Homeland » n’est pas une série d’action sur des hommes qui explosent des bâtiments et des crânes, mais sur des hommes qui tirent à bout portant sur des cœurs et des âmes. « Homeland » est l’histoire pleine d’espoir d’une femme qui décide envers et contre tout d’aimer. Car l’amour est histoire d’espoir, car l’amour est constamment à sauver : car l’amour est bien le seul terrain sur lequel rien n’est joué.