Joyeux Noël sur RezoG !

TacTac : Un Joyeux Noël sur RezoG !
Muxu Munu : c tellement beau l’amitié
TT : Vive la grande touze de Noël !!
MM : tu baise?
TT : Arrête de te moquer ! La Touze de Noël est une grande tradition dans les pays scandinaves !!
MM : on y fourre la dinde?
TT : En chantant Dancing Queen.
MM : tu es a geneve?
TT : Non, à Stockholm avec Sainte Lucie et Arielle Wizman la petite sirène.
MM : qu est ce que tu fous la bas?
TT : Je teste le nouvel hélico que m’a offert mon père. Il se marie très bien avec mon dernier costard. Ils sont forts ces Italiens.
MM : lol je comprends plus rien tu es la bas pour de vrai?
TT : Ouais, je suis en train de me faire faire la coupe Lagon Bleu avec les frisettes blondes. Ca cartonne toujours autant là-bas avec les gros sourcils de Brooke Shields.
MM : je savais pas que tu allais la bas
TT : Ouais c’est pour mon taf. Ils ont besoin d’un expert pour vérifier l’étanchéité de leurs saunas. Comme mon cul est une merveille d’étanchéité, Charlie m’a appellé pour que je rejoigne son équipe de choc et de charme des Anges. Cameron t’embrasse en faisant la Tyrolienne Norvégienne (ce n’est pas une position sexuelle…).
MM : tu es bourré?
TT : Putain ça fait chier c’est mon père qui te parlait !! Depuis tout à l’heure ils s’amusent avec ma session RezoG !! Le pire c’était tout à l’heure Luna avec un bear SM…
MM : pardon????????
TT : Oh c’est bon on rigole !! Comme on se faisait un peu chier. Ma mère était mdrrrr devant tes photos en tt cas. Elle voulait absolument te voir
MM : tu plaisantes?

On touche avec les yeux

C’est comme si je détruisais ce que je touchais. La maladresse n’est pas que touchante ou amusante, elle peut être tragique.

Mes lèvres sur le nénuphar et il se fane. Il devient bleu et se meurt dans l’eau rosée. Dans le taxi qui grille des feux, je pleure des larmes d’adieu. Ma peau sur sa peau pour la première fois et ma belle aux émois dormants s’endort pour de bon dans mes bras.
J’enfonçais les marguerites au lieu de les effeuiller, et devenais le pâtissier aux tartes empoisonnées.

Des films idiots et des scènes qui vous touchent sans prévenir. Et d’un X-Men je sors bouleversé alors que mes amis en ressortent amusés. Anna Paquin et le corps intouchable ; celle qui tue le désirable. Et moi dans le noir à me reconnaître en elle. Je suis le mutant, comme Malicia : je tue ce que je touche.

Alors ne touchons pas. Vivons dans la contemplation et seulement regardons.
Je pourrais rester des heures à le regarder. Juste le savoir à mes côtés dans le noir ou l’obscurité. Néant total ou demi-teinte, juste se comprendre quand la lampe est éteinte. Sans le toucher, sans le frôler, là où les draps sont froissés dans le beau lit défait. Me réveiller la nuit et contempler ses paupières apaisées. Je n’ai plus peur de dormir lorsqu’il est à mes côtés. Je n’ai plus peur de tuer lorsque je sais de nouveau aimer.

Mon homme, mon fantôme, sait me toucher lorsqu’il sait me regarder.

Je vis dans la construction des sentiments

Souvent je fais de mauvaises journées ; je les gâche, je les tue. Je passe la vie devant l’écran et je perds mon temps. Je tapote le vide et écrase ma vie. Je ne produis rien, je fais part de mon inutilité. Je meurs à grands feux.

Parfois je travaille tant que le temps se perd. De profitable il disparaît et le sens se perd aussi. Des journées de dix-sept heures pour pas grand-chose au coucher. Je construis des sites qui seront chronophages pour autrui. Je construis ce qui me détruit.

Et rarement je ne fais rien, je suis face à quelqu’un. Et sans le toucher, sans lui parler, je construis les souvenirs de ma vie.

La machine ne me construira pas, tandis que lui le fera.

Superloustic

Maman savait quoi faire pour me distraire pendant que j’étais malade. D’abord elle m’installait dans son lit qu’elle partageait avec Papa. Comme ça j’avais un super grand lit pour moi tout seul, et je pouvais y mettre mon super grand nounours bien bordé à mes côtés. Je partageais mon lit avec un bear. Et de là je regardais les dessins animés parce que Papa et Maman ils voulaient pas que j’ai une télé dans ma chambre. Et aussi on jouait au Uno sur le lit, mais Maman elle était trop nulle, je gagnais toujours.

« Allo Superloustic ? C’est la fontaine de Trévoli ! La fontaine de Trévoli !
– Trevi ! Trevi !
– Trévi ! Trévi ! La fontaine de Trevi !
– Oui bravo c’est ça. Tu vas passer à l’antenne donner ta réponse. Comment t’appelles-tu ? »

J’allais passer sur Superloustic. Superloustic la radio des enfants. Je n’en croyais pas mes oreilles.

« C’est Superloustic, un copain fantastique ! Super Loustic ! »

« …qui nous appelle de Versailles et qui a neuf ans.
– Allo Amandine ?
– Ca va ? Alors il parait que tu te trouves sur les neiges du Kilimandjaro ?
– Heu…
– C’est ce que dit la chanson qu’on vient d’écouter…
– Ah oui ! Oui Amandine, je me trouve actuellement sur les neiges du Kilimandjaro où il fait un peu froid. Brrrrrrrrr…
– Ohé ! Maintenant il faut nous rejoindre : Allez, glisse ! Glisse ! Allez les loustics, tous avec moi : glisse ! Glisse !
– Glisse ! Glisse !
– Bon… Ouhouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu ! Ca y est, j’ai glissé.
– Ouais ! Il a glissé ! Hip hip hip houra ! »

Voilà à quoi ressemblait mon premier passage à la radio.

Carole Rousseau prend un thé au petit-déjeuner

Qu’importe si je suis un énorme cliché, costume Smalto, croissant et plume à la main au Café de Flore à neuf heures du matin. Si le bonheur doit passer par des formules usées jusqu’aux rotules, je veux bien me fatiguer au plaisir.
Herald Tribune à ma droite et Carole Rousseau devant moi ; les rendez-vous clients retardés ont du bon. Carole Rousseau prend un thé au petit-déjeuner et semble moins antipathique qu’à la télé. Elle semble plus vieille en revanche.
Boulevard Saint-Germain, les barbus sont des artistes et les femmes des journalistes. Aucun passant n’est vraiment banal puisque le temps le permet. Tout le monde est plus beau ce matin. Et s’il ne l’est pas, il m’intrigue. Dans ces pas foulés le matin, un passé lourd. Mais assumé avec fierté.
Boulevard Saint-Germain, on se sent vivre le matin.

L’être de motivation

Motivés, motivés, il faut se motiver…

Qu’est-ce qui pouvait réellement me motiver ? Qu’est-ce qui pouvait réellement me pousser à me lever tous les matins et à envoyer des CV qui ne seraient pas lus ?
Je me suis alors posé des questions sur la motivation et je me suis dit que finalement ça repose juste sur le besoin de reconnaissance. Tout est dans l’égo. Et l’égo comme les couleurs, ça ne se discute pas.
Mais attention, le besoin de reconnaissance n’a rien d’avilissant pour moi ; ça dépend juste de qui on l’attend. De ses parents, de ses collègues, de son épouse, de ses enfants, ses amis, son ami, ses voisins, nin-nin-nin, Sarkozin… La reconnaissance est le moteur teuf-teuf d’un taf ; bien avant les thunes et l’épanouissement personnel dont il est l’est à l’origine.

Et bien moi, j’avais juste besoin qu’un garçon s’intéresse à moi.

« Et tu fais quoi dans la vie ? » est la deuxième question que l’on pose à un inconnu juste après son prénom. Notre profession est censée nous situer sur la géosphère sociale. On pourrait nous demander quelle est notre couleur préférée, notre âge ou notre signe astrologique, non, on nous demande notre métier. Pour se faire une idée, pour voir si ça vaut la peine de passer du temps avec nous, pour conforter ses préjugés. Si notre couleur de peau n’était pas visible, je suis certain qu’on nous demanderait nos origines raciales en deuxième question. Peut-être est-ce déjà le cas pour les métis indéfini ?

« Alors tu fais quoi ?
– De la peine.
– Hein ?
– Pitié. Je fais pitié. »
En rire en premier plutôt que de lire encore une fois l’apitoiement ou pire, la déception.
« Je cherche du taf.
– Tu pourrais quand même inventer un métier lorsqu’on te pose la question. Chômeur c’est pas très glamour. »

« Envoyer et clore. »

Que l’on se sent peu séduisant lorsqu’on est chômeur. Comme si on découvrait que les étoiles qui brillaient autrefois dans nos yeux n’en étaient pas. C’était juste de l’or, de la poudre aux yeux. L’argent rend plus sexy. Enduisez-moi d’or et les regards se porteront sur moi. Même si j’ai l’air con de me ballader à poil dans la rue avec le cul doré.

Mais le problème n’est pas là, pas dans la thunasse patatas. Le fait d’avoir un travail, les implications et les frustrations qu’il implique, le rythme, les brimades et le rôle qu’on y joue ; tout cela donne une consistance, une confiance en soi qui rend moins con.

Et plus désirable.

« Tu sais, je crois que ça va pas le faire nous deux. Le mieux, c’est qu’on se revoit lorsque tu auras trouvé un boulot. »

Elle était là ma motivation ! Le Généticien venait de me la donner. Sans emploi, je signai un CDI avec le célibat.
Le chômage serait pour moi synonyme de steaks hachés individuels au supermarché et d’ampoules que je tarde à remplacer dans la salle de bain. Sans taf, c’était un réveillon 2046 tout seul devant mes huîtres avec Turlututu mon chapeau pointu et ma langue de belle-mère sans gendre. Au chômage, ce serait à volonté le fromage car personne à embrasser. Sans activité, une vie sans bébé ; sans descendance, sans héritage. Un chômeur mort ne fait pas que baisser les courbes, il courbe également l’échine face à l’utilité ; face contre terre.

Je voulais la postérité, de quelque façon qu’elle soit. Je voulais et veux toujours que quelque chose me survive, un enfant ou une œuvre accomplie, quelque chose qui ne vivrait pas que dans les mémoires mais également dans le présent. Mais pour cela il fallait travailler, se construire, agir, créer. Une activité. Car ne pas travailler, c’était être déjà mort.

Chuck Norris dans le métro

Je reste imperméable…

Non mais là c’est juste pas possible. Je ne peux pas écrire sur ce que je comptais écrire alors qu’un mec en face de moi fait le grand écart dans le métro ! C’est Chuck Norris !
Vieux blond à la barbounette pas proprette et au nunchaku dans le dos. Et vas-y que j’te fais des étirements en posant ma jambounette d’acier sur la p’tite échelle en queue de train.

J’en ai rien à foutre des autres. C’est mon mental le plus fort. Ils peuvent pas comprendre.

Ouais bah en attendant ton mental passe dans mon carnet. Et c’est sûrement mieux que mon post initial.

Jet-cag

J’avais une heure de pause entre 13h et 14h dans mon ancien boulot. Je surveillais alors de près l’angle inférieur droit de mon écran afin de voir apparaître l’heure tant attendue. Ce rituel avait lieu deux fois par jour ; dans la plus ralentie des excitations.

A midi c’était orgie.
Kebabs, frites, McDo, quiches, sandwichs, salades, sushi, pizzas, panini, je m’en mettais à plein doigts. Rien ne me rassasiait. Je devenais le tonneau des hémorroïdes. Car à force de manger, je ne faisais que caguer. Et tout cela sans éviter de pouvoir le faire en ma maisonnée. Un vrai jet-cag.

Il est une caractéristique d’un nouvel emploi que jamais on évoque. On parle d’épanouissement, de nouveaux trajets ou bien encore de la bouffe à la cantoche, mais jamais on évoque les décalages d’œsophage. Car à force de passer ses journées seul chez soi, on a habitué son petit corps à se soulager lorsque bon lui semblait, notamment à des moments qui peuvent poser problème au travail ; comme juste après déjeuner.

Aéroports, aérogares, mais pour tout l’or pouvoir chier. Car bien que l’on ait l’air attendrissant en disposant notre papier sur la lunette, notre corps met du temps à comprendre qu’au bureau on ne doit pas faire comme chez Mamie et qu’ici les murs ont des oreilles. Et des narines.
Avoir l’air détendu, détendu. La la la la la. Et le résultat est là comme si j’avais voyagé jusqu’à Bangkok. Les plus longs voyages sont ceux qu’on fait le matin en allant travailler. Pas besoin de voir le vrai Niagara pour avoir la turista.

Post avorté

Parfois je cherche à vous faire plaisir, à écrire des posts qui vous feront sourire ; voire rire parait-il.
Alors j’écris la première phrase, l’accroche sur laquelle je me serais penché de longues minutes.
Puis vient la deuxième phrase qui vient la contrebalancer, la rythmer.
Puis deux mots et c’est la fin.
La deuxième devient seconde et le post calculé est avorté.

On les lapide

J’ai entendu son nom à la soirée – Samuel – alors je me suis retourné pour savoir qui c’était. J’ai vu son visage de métis et me suis dit « Serait-ce lui ? ». J’ai tenté un léger « Samy », puis plus fort je l’ai appelé : « Samy ! ».
Il s’est retourné ; c’était bien Samy.

Samy était la grosse tapette de mon lycée, celui dont mes potes se moquaient une fois le cul tourné. Moi, j’étais bien à l’abri derrière mes airs d’hétéros, et riait jaune aux blagues d’homophos. Pendant que Samy essuyait les lazzi, les quolibets, moi je regardais.

Beaucoup de mes amis actuels ont été des Samy, la tapette du lycée, du collège ou de la garderie. La rare fois où ce sujet a été évoqué entre nous, je n’ai fait que me taire car je n’ai jamais connu ça. Je portais mon masque et collaborais. On aurait pu les raser, les tabasser, je n’aurais fait que dire à ma mère en rentrant : « Aujourd’hui, y’a un garçon qui s’est fait taper dessus par les autres ». Je ne suis pas convaincu que j’aurais pris sa défense. Ou si je l’avais fait, ça aurait été sans évoquer son homosexualité, ce mot qui me donnait du rouge aux joues.

Je suis très heureux d’avoir revu Samy l’autre soir. Sa féminité autrefois outrageante ne m’est plus aussi évidente ; moi-même j’ai changé et ne dois plus voir les garçons du même côté. J’ai souvent pensé à lui pendant ces années, me demandant s’il avait survécu aux insultes lycéennes. Et bien oui il a survécu, et il n’en est que plus beau et plus fort. Mais n’aurait-il pas été aussi victorieux en évitant les ténors de la bêtise ? Je pense que oui, et ce n’est pas eux qui le disent.