Monsieur Chatouille

Ma nièce adore l’histoire de Monsieur Chatouille, ce bonhomme orange aux longs bras qui s’amuse à chatouiller Monsieur Heureux, Monsieur Costaud et Madame Beauté (Roger Hargreaves est un génie !) :

TacTac : Je suis Monsieur Chatouille ! Je vais chatouiller Luna ! Guili-guili !
Luna : Hihi ! Oh non Tonton ! Arrête !! Hihihi !
TacTac : Ok j’arrête.
Luna : :o(
TacTac : Je recommence ? ? :o)
Luna : Non ! Hihihi !! :oD

J’adore quand ma nièce me demande de ne pas la chatouiller alors qu’elle n’attend que ça. Les enfants sont comme ça : ils détestent les chatouilles et les adorent à la fois.
Moi je les déteste tout court, et si on me chatouille je peux foutre des coups de poing ou des coups de boule sans faire exprès. Car je suis très chatouilleux.

Pendant de nombreuses années, je me suis consolé d’être chatouilleux grâce à cette réponse de Géo Trouvetou trouvée dans Le Journal de Mickey :

Question de JéRémY :
Je suis très chatouilleux et ça m’embête beaucoup, que faire ?
Réponse de GéO TrOuVeTou :
Si tu es chatouilleux, c’est que ta peau est très fine. Dis-toi que c’est un atout et qu’il vaut mieux avoir une peau fine qu’une peau d’hippopotame.

Pourtant j’aime bien les peaux d’hippopotame.
Je n’aime pas les peaux douces, les peaux de filles. Je n’aime pas ces peaux sur qui viennent patiner les doigts, telles la jambe parfaitement épilée de la pub Veet qu’un voile aussi léger que l’air vient sensuellement caresser.
J’aime les peaux brutes, fortes ; non pas rugueuses, mais typiquement masculines.
Alors vous me direz qu’une peau masculine ne doit pas nécessairement être rêche et épaisse, et que je ne fais que répondre à un cliché. Non, je réponds simplement à mes désirs.

Et mes désirs me disent qu’avoir une peau fine présente un gros handicap : celui d’être trop sensible. Car je n’ai pas seulement la peau douce dans mon bain de mousse, mais également dans mon bain de soie. Et il est fort vexant de rire pendant l’Acte comme chacun sait… Que doit-on faire dans ce cas-là ?

Question de TAcTaC :
Je suis très chatouilleux et ça m’embête beaucoup quand je fais des galipettes avec un garçon car je me mets à rire, que faire ?
Réponse de GéO TrOuVeTou :
Heu…

Il serait peut-être temps que Géo Trouvetou ait une vie sexuelle.

T’M lé K-L1 ?

On dit qu’une génération se caractérise par un événement majeur. Il y a eu la génération de Mai 68, la génération qui a assisté à la chute du mur de Berlin en 1989 et aussi celle de 2001.
Non pas celle des Twin Towers, mais celle de Loft Story.

La génération de 2001 n’avait pas 20 ans comme dans la chanson de Pierre Bachelet, mais était au collège où elle apprit que les histoires d’amour ne commencent pas dans une piscine. Nageant dans les eaux troubles des lendemains, les petits jeunes issus de cette génération désenchantée ont aujourd’hui une sexualité désorientée. Rien n’a de sens et rien ne va. Tout est chaos.
Confrontée au Sida et aux sitcoms, cette nouvelle génération a dû se résoudre à adopter l’un de ces deux comportements bien distincts :
– la bitch attitude qui leur a fait tout essayer à 14 ans,
– la positive attitude qui ne s’exprime que par texto et qui se résume par le mot « K-L1 ».

Jamais nous n’aurions pensé que les Lofteurs auraient une telle influence sur le comportement des générations à venir. De Steevy qui pleurait dans les bras de Kenza, à Aziz qui consolait Loana, la télé-réalité a montré aux jeunes qu’un comportement sans risque existait en dehors du coït : le câlin. Et d’années en années, les modèles télévisuels ont perpétué ce schéma. On se souvient d’Emma lotie dans les biceps de son meilleur ennemi Georges-Alain, d’Elodie dans les bras de Michal (ou l’inverse), ou bien encore de Michel blotti dans les cuisses de Morgane la judoka des Colocataires (ça, on ne s’en souvient plus trop je reconnais).
Bref, un nouveau comportement trompeur est apparu : le câlin.

Et c’est là où j’entre en jeu, car je suis issu d’une vieille génération.
Tout comme moi, jeunes gens de la Vieille Ecole, méfiez-vous des mains qui se prennent dans la rue ou des bisous dans le cou devant un coucher de soleil. Car aujourd’hui un câlin ne signifie plus rien puisqu’on s’en fait entre copains.

Aujourd’hui à 20 ans, on se fait des câlins quand on s’ennuie le mercredi après-midi devant la télé.
Aujourd’hui à 20 ans, on se fait des câlins car ça aide à mieux exprimer ses sentiments.
Aujourd’hui à 20 ans, on se fait des câlins car refaire le monde à coups de tendresse paraît plus doux qu’à coups de paroles.

Les comportements changent. Je ne pensais pas devenir ringard à 25 ans.

Je lave mon linge sale (2)

Acte III, scène 2.
La scène se situe dans le séchoir de mon immeuble, autrement dit dans une sorte de cage ressemblant à s’y méprendre à celle où se dandine Madonna dans le clip de Sorry. Sauf que là il y a 4 cordes à linges qui offrent gracieusement leurs services aux copropriétaires en mal de tancarville.

Un jour, je constate que la serviette que j’avais déposée a disparu. Je laisse aussitôt un message sur une des cordes à linge :
Bonjour !
Quelqu’un a pris par mégarde une serviette de bain bleu pâle Descamp.
Merci de la redéposer sur les cordes à linge. 🙂

Signé : TacTac

2 jours plus tard, je retrouve ma serviette avec ce message :
Effectivement cette bleue-là n’est pas à nous !
C’est une Tex.
Signé : Anonyme.

I need a child

Mon père est devenu père à 23 ans.
Mon frère est devenu père à 24 ans.
Je ne serai pas père à 25 ans.

Depuis quelques temps je ressens ce besoin naturel d’avoir des enfants. Je les regarde de plus en plus dans la rue, marche plus lentement devant le jardin d’enfants, leur fais des coucous de la main dans le métro, les regarde s’extasier sur les rails à l’avant de la ligne 14.
Je commence même à trouver un côté marrant chez les enfants moches.
J’ai toujours été fan des petits enfants noirs : ils ont les plus beaux rires de l’enfance. En grandissant ils me plaisent moins, mais lorsqu’ils sont choupinets tout plein ils sont trop mimi craquants.

I need a child.

Il s’appellera Camille si c’est un garçon. Mais un gaillard hein ! Pas un petit bébé tout fluet. Camille lorsqu’on est un grand gaillard qui fait du rugby et enchaîne les steaks-frites c’est tellement viril. Mes parents ont eu le même raisonnement en me donnant le prénom que je porte aujourd’hui. Pas de bol, je fais 63 kilos tout mouillés et préfère le patinage artistique à l’ultimate fighting.
Et si c’est une fille, elle s’appellera Victoire ; car on en aura chié pour l’avoir.

« Parce que c’est toi je voudrai un jour un enfant, et non pas parce que c’est le moment » chantait Axelle Red. J’en suis à la première étape : c’est le moment.
Maintenant il me faut trouver quelqu’un. Un grand garçon immature ferait parfaitement l’affaire. Un grand enfant qui laisserait traîner ses caleçons dans la chambre et qui passerait ses week-ends à jouer à Mario Kart. Je ne suis pas si difficile que cela. Mais il me faudrait un grand enfant qui accepterait qu’on dépose un ovule dans son colon. Mario Kart contre l’ovule dans le colon : c’est le deal et c’est pas gagné.

Je n’ai pas envie de lancer un débat sur l’adoption ou sur la procréation assistée par lesbienne consentante ; ce n’est pas le but de ce post.
Juste envie de dire que je veux laisser quelqu’un chose derrière moi. Et, comme mon bouquin avance trop lentement, je me suis dit que la chair de ma chair ce ne serait pas mal. Avec un peu d’amour quand même.

Mais en attendant le petit enfant, je me contenterais bien du grand.

L’odeur de ma pudeur

Il suffit qu’Adam & Yves croquent dans la pomme pour qu’ils soient gênés de leur nudité. A la recherche de feuillages, ils sont à l’origine du premier shorty en matière 100% naturelle.
Que Charlotte refuse de se dénuder dans un sauna comme ses amies Carrie, Samantha et Miranda, et on la taxe de complexée. Ne pas montrer sa chatte est devenu so oldschool. N’aie pas honte de ton corps, mais ta chatte devra tout de même être à l’Américaine ; la forêt vierge de la Cicciolina c’est so eighties.
Mais moi je n’ai pas de minou et Réglisse est retourné chez mes parents. De plus Charlotte est une fille et moi un mec ; et un mec n’a pas le droit d’être pudique.

Prenez tous ces mecs en soirée : et que ça exhibe ses flexs, et que ça perle des pecs. J’avoue que je n’ai pas leur corps, mais si je l’avais je crois bien que je garderais sur moi mon t-shirt trempé de sueur pour autant.

Ai-je vraiment honte de mon corps ? Je ne le pense pas.
Au pieu je suis prêt à faire toutes les cochonneries possibles et inimaginables, mais si je dois aller prendre une douche après l’acte c’est la main au sexe. Cela fait sourire. On trouve ça mignon qu’un garçon cache son kikou alors qu’il vous l’a mis partout 5 minutes auparavant. C’est juste que je ne trouve pas ça très esthétique un kikou qui fait bœing bœing quand on marche. Je n’ai pas trop envie de jouer au mannequin de la pub des Invisibles de Dim.

Mais d’où me vient alors ce comportement pudique ?
De mon éducation judéo-chrétienne ? Probablement, mais ce n’est pas très intéressant.
De mon passé d’enfant obèse ? Bien sûr. Lorsque des enfants vous pressent les seins à la plage en s’exclamant « Elles font de la crème les vaches ? », forcément que ça vous marque !
Mais ce comportement a surtout pour origine une dispute avec mon frère.

Mon père habitait à Rotterdam à l’époque. Nous avions un rythme d’enfants de divorcés et passions quelques week-ends chez lui. Il me lisait Le Petit Prince dans La Pléiade pour que je m’endorme et que j’apprenne ce qu’est un baobab. Mais ce soir-là, mon père avait un dîner d’affaire et mon grand frère me gardait.
L’appartement avait une vue imprenable sur Rotterdam et ses habitants. On pouvait presque faire coucou aux prostiputes packagées de la ville. Je m’apprêtais à aller au lit et me changeais moi aussi dans ma vitrine.
Soudain, mon frère arracha tous mes vêtements et les emporta avec lui dans la salle de bain. J’étais pris de panique, je me retrouvais nu comme un lombric devant une pléiade de passants me matant par la baie vitrée. J’étais véritablement convaincu que le monde entier me voyait nu dans mon bocal. Il est évident que personne ne me regardait dans ma cage de verre, mais j’étais persuadé du contraire. Je criais, je pleurais et mon frère riait derrière la porte. Et cela a duré, et cela a duré. Dix bonnes minutes. Dix mauvaises minutes où un traumatisme – aussi minime soit-il – a vu jour.
Car ma pudeur a l’odeur de mon frère.