✔ Ecrire sur ma to-do list

Lorsqu’en 2006 j’eus ma période Patxi et que j’écoutais en boucle « La marée humaine » – oui, certains ont eu leur période Kurt Cobain, moi j’ai eu ma période Patxi – je me rendis avec difficultés à son concert. Avec difficultés, car je peinais bien évidemment à trouver un accompagnant. De surcroit je ne supportais pas l’idée de me rendre tout seul à un concert, qui plus est celui de Patxi. Après notamment un mémorable effort de Matoo pour nous y réunir avec ChapiChapo, Charles et David eurent la grandeur d’âme de m’y accompagner, et cela même sans que je les invite ! Le soir-même, dans la salle de l’Européen laborieusement remplie, le concert fut agréable, certes. Mais ce n’est pas de la prestation du petit Basque dont je vais aujourd’hui vous parler, mais celle de la jeune femme qui assurait ce soir-là sa première partie.

« Bonsoir. Je m’appelle Rose et je vais vous interpréter une chanson qui s’appelle « La liste ». »

Je fus immédiatement conquis.

Nous avons tout entendu cette chanson une bonne centaine de fois depuis, notamment sur feue Europe 2 aux côtés de « Mon coeur mon amour » d’Anaïs et d’autres compositions féminines de l’ancienne « Nouvelle Scène Française ». « Et son succès est selon moi mérité, car cette chanson aborde des sujets tels que… » (Extrait à prévoir d’un oral du Bac Français 2020.) L’ayant découverte très tôt, je la fis partager à mon entourage – non sans une certaine désuète vanité – et notamment à Benjamin que je « fréquentais » à cette époque. Benjamin avait les yeux humides en écoutant « La liste ». Benjamin se retrouvait dans « La liste », comme moi-même je m’y retrouve en ce 7 juin 2012.

Je liste, je checke, je vire, je supprime. Puis je reliste, revérifie, accompli, produit et construis tous les jours grâce à cet outil, à cette liste qui me suit constamment via mon compte Google. (Gayk un jour, gay toujours.)

Qu’est-ce qu’on y trouve dans cette liste ? Du basique de toute to-do list comme des trucs chiants pour commencer (impôts à déclarer, barre du meuble de la cuisine à installer…), des geekeries (envoyer photos de l’EVJF, monter le film du spectacle de Laurène et Thibaut…), des attentions (commander le 33 tours original de « Satisfaction » des Rolling Stones pour Maman, trouver une tenue années 40 pour le shooting photo surprise de Violaine…), des coquetteries (acheter un noeud-papillon bleu marine, un nouveau sac, de nouvelles baskets, un plus bel abat-jour pour le couloir, un banc pour le balcon…), au plus essentiel (organiser un nouveau voyage, prendre un second rendez-vous avec le chirurgien qui a corrigé ma vue, transférer mon dossier de permis de conduire à Paris, créer mon book, imprimer mon manuscrit pour l’envoyer aux maisons d’éditions ciblées…). Et tous les jours je concrétise plusieurs de ces tâches, et tous les jours j’avance ; sûrement et objectivement. Cela peut paraître bien ordinaire, mais c’est le moyen que j’ai trouvé pour lutter contre les vents contraires. Oui, c’est ainsi que je « move vers la right direction ».

Ecrire sur ma to-do list.