Un chômage à plein temps

Deux ans. Deux ans de recherches d’emploi. Un véritable job à plein temps.
Levé 7h30. Devant l’ordi à 8h15. Envoie de CV jusqu’à 13h00. Puis visionnage d’une série en VOST afin d’entretenir mon Anglais. Et surtout afin d’entretenir la discussion pendant cet énième déjeuner solitaire. Ne pas tourner en rond. Ne pas tourner en rond tout seul comme un poisson. Je n’ai rien envoyé aujourd’hui ? Tant pis, j’enverrai demain. Sortir, se changer les idées, tout plutôt que rester une minute de plus enfermé ici. Il est 17h déjà. Se doucher, s’habiller, prendre ses clefs. Boire des bières. Les amis chômeurs en boivent des verres. Et puis parler, ne pas s’arrêter car on n’a pas eu l’occasion de le faire pendant la journée. Les murs sont silencieux dans un studio. Rentrer tard. Ne pas dîner car le frigo est vide ; comme chez les copains qui bossent eux. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de boulot qu’on a plus de temps ; sauf pour aller acheter les cadeaux communs d’anniversaires avec les thunes que l’on avance et qu’on n’a pas. Pas plus de temps de faire les courses lorsqu’on est au chômage. Faire les courses ça reste toujours une activité très chiante même lorsqu’on est au chômage. Ca commence à être distrayant vers soixante ans. Pour ça qu’on finit par les faire le samedi après-midi comme tout le monde, comme les p’tits vieux qui avaient tout le temps pendant la semaine et qui attendent le samedi après-midi pour payer en pièces de 10 centimes leur brique de Bridélice.
Etre chômeur, c’est devenir aussi chiant qu’un p’tit vieux.