Un husky sur la banquette arrière

Je lui avais dit oui.
On avait rendez-vous à 22h15 à côté de la Grand’Place. Ca nous laissait le temps de prendre une douche. C’était la deuxième fois que je me lavais dans l’optique de me faire prendre. La première fois ça avait été avant un cours de Maths donné en 5ème par le fils des voisins. Il avait dix ans de plus que moi mais je voulais qu’il m’encule. La pédophilie inversée a un drôle de goût.
Là j’avais 22 ans et l’inconnu du Net 32. Ca toujours été le bon écart pour moi.
Il était convenu qu’il viendrait me chercher en voiture puis qu’on irait chez lui. Qu’il me déshabillerait, qu’il me masserait et qu’on irait peut-être plus loin. Je savais parfaitement tout ce que cela impliquerait, et c’est pour ça que je ne l’ai pas suivi chez lui.

Lorsque sa voiture s’est avancée vers moi, j’y ai d’abord vu le sapin en plastique eu rétroviseur et le husky en peluche sur la banquette arrière. Puis j’ai vu sa chaîne autour du cou et son short enfilé à la va-vite. Le passage à la garde-robe est souvent rapide lorsque les envies sont pressantes.
Je lui ai dit : « J’suis vraiment désolé mais j’le sens pas. J’me sens pas prêt. Je croyais l’être en venant ici et en fait non. En te voyant là, les choses qu’on se disait tout à l’heure sur le Net prennent un autre aspect. Là, ça devient réel ; et ça me fait peur. »

Je ne me souviens plus de ce qu’il a dit ensuite, mais j’ai regardé dans ses yeux, et j’ai eu confiance.
Je suis monté dans sa voiture.

Je l’ai fait s’arrêter dans une petite rue, je me remettais à flipper. Il m’a dit qu’il comprenait, mais je sentais bien que ça le faisait bander à mort de se dire qu’il serait le premier à me péter la rondelle.
J’ai tâté la présence du couteau papillon dans ma poche. J’ai repensé au mot que j’avais laissé chez moi, avec le prénom et les coordonnées de mon rendez-vous nocturne. Au cas où il m’arriverait quelque chose.

Il s’est alors mis à me parler de son ex, qu’il avait du mal à se remettre de leur rupture et qu’ils avaient passé le dernier Noël ensemble. J’ai vu des larmes dans ses yeux. Il a vu de la compassion dans les miens. Et c’est là qu’il a prononcé cette phrase : « Tu m’excites, j’ai envie de t’embrasser. » Ni une ni deux, je lui ai demandé de me raccompagner. Je flippais comme un malade. J’avais envie de me tirer mais le temps d’enlever la ceinture de sécurité il pourrait m’attraper par le bras.
Il a supplié de pouvoir caresser ma cuisse. Des larmes coulaient sur ses joues. J’ai refusé. Il s’est excusé. Je ne l’ai pas pardonné ; il n’y avait rien à pardonner. Je me sentais si mal. Moi aussi j’avais envie de pleurer.

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