Homme sweet homme

Lorsque nous avons fait le Coxxfession Tour 2006 with Muxu Munu, nous avons notamment logé chez l’habitante. En l’occurrence chez Tony & Mario.
Non, Tony & Mario ne sont pas coiffeurs à Barcelone mais responsables d’une guesthouse au nom très original et pas du tout cliché. D’ailleurs, dans leur bibliothèque, ils ont des livres très intéressants sur la culture gay, et notamment le Kamasutra pour pédés.

Waouh ! Que c’est varié ! Que de positions différentes !
J’en avais donc fait le tour en 2 minutes, lorsque j’arrivai à une conclusion : il m’était impossible de n’être qu’actif ou passif.
En effet, avec aussi peu de positions sexuelles répertoriées dans le Quid du PD, je ne pouvais être qu’auto-reverse de peur de vite me faire chier au lit.

Interlude musical :

Erase and rewind
‘Cause I’ve been changing my mind

Nous reprenons la suite de nos programmes.

Classés en deuxième position sur la variété des positions sexuelles (juste après les hétérosexuels mais devant les lesbiennes), les homosexuels seraient donc réduits à envisager les lieux et les partenaires les plus insensés pour leurs ébats.

Finalement, le Kamasutra gay expliquerait tous les comportements dépravés de la jeunesse homosexuelle actuelle. Les jeunes gays se feraient fister dans des caves dans le but altruiste d’enrichir la sexualité de leur communauté !

Tout comme Ikare, je ne suis donc ni actif ni passif. En revanche, je recherche un garçon compatible avec moi sur un point très important : le ménage.

La voilà la faille ! Le voilà le pourquoi du comment, l’explication du pourquoi et le truc du machin : le ménach’ !

Je déteste passer l’aspirateur. C’est aussi simple que cela.
Que “ça” même, pour faire encore plus simple. Quoique ma phrase ne devient-elle pas alors plus compliquée ?

Bref, je ne sais pas si c’est dû au fait que ça me rappelle à chaque fois mon père qui venait me déranger dans ma chambre pendant mes devoirs.
Pendant que j’essayais vainement de comprendre quelque chose aux probas, mon père se ramenait tous les dimanches au crépuscule dans ma chambre, avec son long manche au milieu de mes jambes repliées au-dessus de ma chaise.
Vous voyez, vous-même ça vous met mal à l’aise.

Ou alors on peut envisager que je déteste tout simplement passer l’aspirateur car ça me fait chier.
Je peux travailler en musique en faisant la vaisselle, la poussière, les carreaux et les chiottes.
Bon j’aime pas trop faire les chiottes, mais je préfère encore ça à l’aspi. Ou “aspiro” si vous préfèrez. C’est comme pour “asso” ou “assoce”, certains ont leurs préférences…
Mais travailler en musique avec l’aspirateur c’est impossible à cause de son foutu bruit !
Même les Sept Nains ont essayé de siffler en passant l’aspirateur mais n’y sont pas arrivés ! Pourquoi vous croyez que Blanche-Neige trouve leur baraque dégueulasse en arrivant chez eux ?

La solution ? Acheter un aspirateur silencieux ? Ou un robot ?
Why not. Mais je préfère l’option du gars.

Car le gars me complètera sur ça et moi je le complèterai sur le reste : je serai sa bonne à tout faire.
Je lui ferai l’amour et la poussière en échange de sa haine des moutons sous le lit.
Car on aime tous les Bree Van de Kamp, et moi le premier.

Le fil

Je prenais une bobine de fil pour en faire des rayons laser.

Tia, ma grand-tante, vivait avec nous. Elle avait emménagé avec mes parents au bout de leur premier anniversaire de mariage. Ils l’avaient recueillie avec eux de peur qu’elle ne refasse un infarctus. Elle avait besoin de toute leur attention. C’était en 1975.
Elle a vécu avec nous jusqu’à ses 96 ans. C’était en 1999.
Les familles espagnoles ça ne se refait pas.

Tia participait néanmoins aux taches ménagères : elle enlevait la poussière et cousait. Elle faisait aussi la cuisine une fois par an. Pour chaque Vendredi Saint elle nous préparait sa morue à la sauce tomate. Une fois par an c’est délicieux. Plus qu’être délicieux, c’est un rituel.

L’après-midi elle jouait et rejouait sans cesse les mêmes airs sur le vieux piano inaccordable. La Polonaise de Chopin notamment, en se trompant toujours sur les mêmes notes bien entendu. Lorsqu’on essaye de se concentrer sur les équations-bilan ce n’est pas évident.
Elle cousait mieux qu’elle ne jouait au piano.

L’année de mon CE2, elle me cousit un costume des Tortues Ninja. J’étais Michelangelo avec mon loup orange, ma carapace matelassée et mon nunchaku en papier journal recouvert de cuir noir. J’avais fait fureur dans la cour de récré !

Néanmoins, chaque reprisage de chaussette était sujet au même problème : l’égarement d’aiguilles dans la maison et surtout dans sa chambre. Et lorsqu’on marchait pieds nus dessus, c’était légèrement ennuyeux.
Des aiguilles, des aiguilles partout dans sa chambre.
Vers la fin de sa vie, ce furent les plastiques de patchs qu’on retrouvait toujours quelque part dans un coin de la maison. Je préférai encore piquer la plante de mes pieds sur une aiguille plutôt que de sentir la froideur du plastique médical.

Aiguilles, épingles, ciseaux, bobines de fil.
Bobines de fil que je piquais en cachette pour jouer avec.
Comme le chaton joue avec la pelote de laine, moi je déroulais le fil dans ma chambre. Ariane dans son labyrinthe, moi-même dans ma chambre.
Le fil passait et repassait entre les barres bleues métalliques des lits superposés, à l’angle de mon bureau, sous le ressort de ma lampe d’architecte, sous Les Chevaliers du Zodiaque qui jonchaient le sol, par la poignée de porte…
Le fil cher à Camille envahissait ma chambre. Il devinait extrêmement difficile de l’éviter.
Pourtant il le fallait. Il fallait passer entre si on voulait participer à mon jeu.
Car à la télé ils le faisaient bien : ils évitaient les rayons laser pour l’atteindre.

Pour atteindre la clé que j’avais accrochée au bout du fil.

Le monde merveilleux de TacTac ou la quête du sling (7)

Acte II, scène 2.
Dans un appartement, deux garçons s’embrassent (baaaaah c’est sale !) sur un canapé un peu étroit.

TacTac

Si on allait sur ton lit ?
Le Généticien

Mais on est déjà dessus…
TacTac

Oups…

Acte II, scène 3
Les deux garçons continuent à s’embrasser. Mais le Généticien commence à montrer des signes de fatigue car il doit se lever tôt le lendemain.

TacTac

Je vais faire quelque chose que je déteste.
Le Généticien (visiblement angoissé tout d’un coup)

Quoi donc ???
TacTac (Edith Saphir attitude)

Partir.

Rideau.

« Une pièce de boulevard qui n’a rien d’original. On devine la fin tout de suite. », Philippe Tesson pour Le Figaro.

Ypersestraat

Il faisait beau en ce jour de mai à Scheveningen. Nous habitions à Den Haag depuis presque un an. J’allais à l’école primaire Vincent Van Gogh. On entendait Milli Vanilli et Mel & Kim à la radio. Le mur de Berlin allait tomber à la fin de l’année. 1989 s’annonçait comme une grand cru.

Je dessinais des dessins à la craie sur les trottoirs comme dans Mary Poppins. Avec Pauline, nous faisions un souhait avant de sauter dedans à pieds joints ; le souhait de voyager dans des mondes extraordinaires comme la célèbre nurse. En vain.

Puis un jour, ce fut la fête dans la rue. Tout le monde sortit de chez lui les vieilles affaires qui ne lui servaient plus. Parapluies, personnages Kinder, livres écornés pour enfants et autres tableaux en points de croix étalés sur des couvertures à même le sol. Mon père m’acheta un ballon, un poisson argenté dans la mer qu’on voit danser. Il resta scotché plusieurs jours au plafond de ma chambre avant de finir desséché comme un vieil hareng.

Je ne devais pas en rester là, moi aussi je devais m’émanciper en vendant des affaires :
« Mamaaaaaaaan, moi aussi je veux vendre des affaires ! Papaaaaaaaa, s’il-te-plaaaaaaaaaaaaaaaaaiiiit !! »

Aussitôt dit, aussitôt fait, nous rentrâmes dans la minute à notre maison d’Ypersestraat afin de dénicher quelques babioles à vendre. Ma mère sortit alors quelques vieux bermudas à carreaux du placard de mon père, quelques polos Jacadi devenus gênants pour mes bourrelets et quelques jeux éducatifs offerts par ma marraine et auxquels je n’avais trouvés d’intérêt qu’en les enfouissant dans la cave.
C’est à ce moment-là que j’eu une très mauvaise idée…

J’avais toujours connu ce camion en plastique vert. Il me paraissait gigantesque avec son gros volant et son klaxon décoré comme un berlingot bleu et blanc. Avant d’emménager à La Haye, nous le rangions dans le local à vélos de notre HLM de Suresnes. Il avait fière allure à côté des vélos roses à pompons et des trottinettes décorées d’images Panini déchirées. Lorsque je le conduisais, j’étais le roi de mon HLM.

Cela me parut assez extraordinaire que nous l’amenions en Hollande avec nous. Il était si grand ! Mais il fallait croire qu’il n’était pas aussi grand que cela pour les grands, s’ils acceptaient de le transporter aussi loin.
Néanmoins, après mon apprentissage de la bicyclette quelques mois auparavant, le beau camion vert paraissait désormais désuet face aux joies du deux roues. Je ne devais plus freiner avec les pieds, mais avec un système élaboré de rétropédalage – habitude dont j’aurai du mal à me dépêtre en rentrant en France et en découvrant le freinage manuel.
Face à mon vélo et au franchissement de l’étape importante dans la vie qu’il représentait, je devais me débarrasser de mon camion en plastique et de la petite enfance qu’il incarnait.
Je devais donc vendre mon camion à la braderie.

Quelle idée me prit !
Mes parents m’aidèrent bien à transporter les bermudas, les polos, les jouets et le fameux camion jusqu’à un angle de rue. Cela afin de choisir le meilleur bout de trottoir encore disponible, d’étaler la marchandise avec goût sur un plaid et de prendre une photo souvenir sur laquelle j’arbore un sourire triomphant. En d’autres mots : de collaborer au merchandising de mon affaire.
Néanmoins, ils n’attendirent pas le client avec moi. Repartant à des occupations bien plus frivoles que celui de l’honnête travailleur, ils déambulèrent dans les rues de la braderie afin d’y dépenser leurs sous.
Pendant que moi j’attendais le client.

Je découvris alors des gens méfiants, suspicieux, scrutant avec dégoût la moindre parcelle de tissus de mes bermudas. Touchant pendant de longues minutes la fibre de mes polos, l’analysant dédaigneusement par dessus les verres de leurs lunettes, mais sans jamais finir par l’acheter. Au bout d’une heure qui me parut interminable, une petite fille finit par acheter un de mes jeux ennuyeux. Pour un florin, soit 3 francs.
J’avais donc travaillé une heure pour 3 francs.
Il était temps de rentrer chez moi.

Oui, mais la route était longue jusqu’à la maison. Et lorsqu’on a 7 ans, parcourir trois rues avec des vêtements, des jouets et un camion en plastique aux bras est un véritable chemin de croix. Le front perlé de sueur, qu’est-ce que j’ai pu m’en vouloir d’avoir pris ce camion avec moi ! J’aurais pourtant du m’apercevoir qu’il était invendable et qu’il n’avait de valeur qu’à mes yeux. Si la fable de Perrette et du pot au lait existe, c’est pour de bonnes raisons. Nous nous retrouvons tous un jour ou l’autre à fantasmer sur les acquisitions que nous ferions en partant d’une modeste vente. Un camion en plastique vert en l’occurrence. Adieu Ghostbusters, Lucioles et Popples !

Arrivé au numéro 7 d’Ypersestraat, je déposais les affaires sur le sol de l’entrée. Et, portant dans mon regard toute la tristesse de ce monde, je déclarai à ma mère : « Vraiment Maman, qu’est-ce que c’est dur la vie ! ».

Elodie Frégé, héroïne gainsbourienne

Je revenais du ski lorsque j’ai appris la mort de Serge Gainsbourg. Je ne savais pas trop qui c’était, mais je savais juste que c’était quelqu’un de très important. J’avais déjà entendu une de ses chansons avec sa fille dans son lit. C’était très bizarre, mais c’était beau. Ca, mon père ne m’interdisait pas de l’écouter. Ca voulait donc dire que Serge Gainsbourg était quelqu’un de respectable.
J’avais 9 ans et demi le 2 mars 1991.

Dans les jours qui ont suivi son décès, j’ai regardé quelques reportages qui lui étaient consacrés à la télévision. J’ai pu remarquer qu’il avait composé pour de nombreuses chanteuses que je connaissais plus ou moins comme Vanessa Paradis ou Joëlle Ursull. Mais aussi pour des actrices comme Isabelle Adjani et Catherine Deneuve. J’ai alors cru comprendre qu’il privilégiait l’émotion à la puissance vocale. Preuve en est de celle à qui on le rattache le plus souvent : Jane Birkin.

A l’occasion de la sortie de son excellent album, leur fille Charlotte expliquait l’autre jour à la télévision qu’elle n’avait pas travaillé sa voix pour l’enregistrement de 5:55. Son père ne faisait jamais travailler les voix de ses muses afin de garder l’émotion intacte. Serge Gainsbourg n’aurait donc jamais écrit pour Céline Dion ou Lara Fabian s’il vivait encore.

Mais peut-être pour Elodie Frégé.
Non, je ne la surestime pas en écrivant cela.

– Car Elodie c’est la jolie fille qui traverse audacieusement la rue en provoquant des accidents de voitures avec sa minijupe. Et Serge Gainsbourg était un homme qui jurait aussi bien par le sensuel que par le sexuel.
– Car Elodie c’est un timbre de voix bien particulier qu’on a le droit d’adorer comme de détester. Et Serge Gainsbourg n’aimait pas les voix fades.
– Car Elodie c’est un destin ; de son bled de la Nièvre à la victoire dans l’émission phare du premier groupe de télévision en Europe. Et Serge Gainsbourg aimait les belles histoires.
– Mais surtout, Elodie est une interprète avant d’être une chanteuse ; la meilleure de ce que la télé-réalité nous a balancé à la gueule. Et Serge Gainsbourg était aussi un homme qui pleurait en écoutant de la musique.

C’est pour ces raisons qu’Elodie incarne l’héroïne gainsbourienne par excellence.
Et c’est pour ça qu’elle m’intrigue.

Dans le silence de Mylène Farmer

Mon grand-père – célèbre avocat et journaliste barcelonais – fut emprisonné par Franco en raison de ses idées socialistes. Ma mère m’a notamment raconté comment la Garde Civile Espagnole vint fouiller l’appartement familial de la Calle Pelayo et comment elle l’avait taxé de pornographe. En effet, la présence d’une femme nue en couverture d’un de ses recueils de poésie relevait forcément de la pornographie…

De là découle un des nombreux préceptes de mon éducation : le fait de pouvoir tout lire depuis mon jeune âge.
Si je voulais découvrir la pornographie par la lecture, il n’y avait aucun problème. Bien entendu, j’ai fait comme tout le monde et je l’ai découverte par les films cryptés de Canal + ; films que j’essayais de décoder en regardant à travers une passoire. Néanmoins – et bien que je refuse de les assimiler à des œuvres pornographiques – mes parents m’ont laissé lire tranquillement L’Amant de Duras et Lolita de Nabokov sur le canapé du salon.
J’ai donc toujours pu lire tout ce que je voulais à la maison.

Il n’en était pas de même pour la musique…

Je me souviens en effet qu’il nous était interdit d’écouter une chanteuse en particulier. Mon père la trouvait glauque et vulgaire. Elle passait son temps à se dénuder dans les cimetières et à se moquer des dogmes chrétiens. Il m’était donc interdit d’écouter Mylène Farmer lorsque j’étais petit.
Je me souviens notamment d’images du temps de Louis XIV où une jeune femme montrait ses fesses dans un clip du Top 50. Marc Toesca avait pourtant l’air enchanté.
Je me souviens aussi des 20 ans de la fille de la voisine où le DJ avait passé le numéro 1 du TOP 50. Ca s’appelait Désenchantée. Quand le morceau est passé, tout le monde s’est mis à danser à l’exception de ma famille ; c’était comme si on s’interdisait de danser sur ce morceau que mon père jugeait « nul ».
J’ai bien été éduqué dans le silence de Mylène Farmer.

Pendant mon adolescence, à chaque fois que j’écoutais certaines chansons que je savais commerciales, mon frère venait dans ma chambre se moquer de moi : « Boouuuuh !!! Il écoute Peter Kitsch ! Trop la honte !! ».
Je devais alors acheter en cachette mes singles d’Aqua et des Spice Girls, les enregistrer sur K7 et les écouter faiblement sous ma couette. Au contraire, je devais écouter bruyamment mes albums de Björk, des Fugees et de Radiohead.

La dernière fois, cela m’a attristé lorsque mes parents et mon frère sont venus chez moi et qu’ils se sont moqués de mes CDs. Ils ont fait remarquer bien fort à ma mère que j’avais les albums de Nolwenn Leroy et de Britney Spears. J’ai alors cru que j’allais pleurer de rage devant Coloca.
Lorsque mes yeux se sont embués en cachette dans la cuisine, ce sont des années de dissimulation musicale et sexuelle qui avaient envie d’exploser en plein jour. Mais rien n’est arrivé ce jour-là ; la sortie du placard musical s’est produite plus tard.

C’est pourquoi je n’accepte plus qu’on critique mes goûts musicaux.
Oui j’écoute des trucs intelligents comme Philip Glass, Radiohead, Placebo et Muse.
Mais j’écoute aussi Patxi, Elodie Frégé et Séverine Ferrer. Et je le revendique !
J’ai besoin d’écouter ce genre de musique. Les morceaux que j’écoute dans la journée correspondent à des besoins précis, à des humeurs.
Et puis j’ai toujours considéré comme louches les gens qui n’écoutaient que de la musique intelligente, que de la « bonne musique ».

Mes amis l’ont bien compris, et c’est pourquoi ils ne s’étonnent plus de voir s’enchaîner Nolwenn et Haendel sur mon MSN.
Aujourd’hui, je vis dans la Sarabande Ohwo !

La guerre des boutons

Danièle Gilbert a la phobie du beurre, moi j’ai celle des boutons de chemise : je me demande laquelle est la plus étrange…

Depuis tout petit, il m’est en effet difficile de plonger la main dans un bocal à boutons de la mercerie. Je peux le faire, mais je n’aime pas trop ça.
Idem pour le simple fait de porter des chemises : j’ai dû apprivoiser ces bouts de plastique aux bords de mes cols. Maintenant j’y arrive bien et cela ne me pose plus de problème, mais était un temps où cela consistait en un véritable calvaire.

Mais le plus étrange dans cette affaire, c’est que je ne suis pas le seul dans la famille à avoir cette phobie : mon grand-père l’avait aussi.

Le problème c’est qu’il est mort en 1963, et que moi je suis né en 1981.

La phobie des boutons de chemise serait-elle donc génétique ?

Quand je marche

« Quand je marche, je marche » chante Camille dans une chanson sobrement intitulée Quand je marche. Elle est très forte cette Camille ; car moi lorsque je marche, je ne fais pas que ça.

Quand j’étais petit, je ne marchais pas : je roulais.
Les étés passés chez ma grand-mère eurent raison de moi. Les paellas, les croquettes au poulet, les churros, les glaces à l’italienne, le riz au lait ou bien encore le Soup’* m’ont fait pousser des seins lorsque j’avais 10 ans.
Sur la plage, les gamins me pressaient les tétons en s’exclamant : « Les vaches elles donnent de la crème ! ». Ca expliquerait pourquoi je n’aime pas trop qu’on me pince les tétons aujourd’hui…

Pendant l’adolescence, je ne marchais pas : je mangeais mes chaussures.
En noir de la tête aux pieds, la raie sur le côté, les lunettes écaillées, je ne regardais jamais devant moi mais toujours par terre. Comme si le sol versaillais était jonché de crottes que je devais éviter à tout prix. Je mangeais littéralement mes chaussures du regard.
Les bras fixes le long du corps, le menton légèrement rentré dans le coup, je ressemblais à un héron. A un héron qui n’attrape aucun poisson.

A 20 ans, rien n’est impossible : j’ai appris à marcher avec les bras ballants.
Maggy est la première personne à m’avoir fait comprendre que je marchais comme un abruti. Je me suis alors efforcé de marcher comme tout le monde : les bras ballants.
J’ai eu beaucoup de mal au début, mais je me suis forcé. Cela peut sembler bizarre que quelqu’un se force à marcher d’une certaine façon dans la rue, mais moi je cherchais juste à marcher « normalement ». Ma façon de marcher devait refléter ma « normalité » : rien ne devait laisser penser que j’étais « différent »…

Pendant mes études à Lille, je marchais les bras ballants mais il me manquait encore quelque chose : l’assurance.
Maggy m’avait dit de penser « assurance », de me répéter ce mot dans la tête pendant que je marchais. Au début j’ai trouvé ça débile. Puis je me suis dit que si je devais bien appliquer une fois dans ma vie la méthode « Couet », ce devait être cette fois-là. Et ça a marché.
J’ai pris de l’assurance. Les filles ont commencé à me regarder dans la rue ; et puis les garçons aussi.

Aujourd’hui, je ne marche pas : je tourne dans des clips !
Mon iPod sur les oreilles, je m’imagine dans un clip de Robbie Williams, de Madonna ou des Black Eyed Peas (Tripping, Love profusion et Pump it c’est tellement tripant quand tu marches !). Je regarde les passants et les lignes des rues en fonction de la musique. Le ciel est plus lumineux à la voix de Sia et les sémaphores plus électriques aux rythmes de Peaches. Qu’importe si parfois j’articule discrètement les paroles en croisant un beau garçon, car je suis heureux en marchant. Et peut-être que je suis tout simplement plus heureux qu’avant.

(*) Ma grand-mère étant d’origine espagnole, elle a toujours eu beaucoup de mal à comprendre le nom de cette boisson gazeuse. En effet elle a toujours confondu le 7 de l’étiquette avec un Z, et un « up » prononcé à l’espagnole ça donne « oup ». Voilà comment 7up a donné Soup’.

Monsieur Chatouille

Ma nièce adore l’histoire de Monsieur Chatouille, ce bonhomme orange aux longs bras qui s’amuse à chatouiller Monsieur Heureux, Monsieur Costaud et Madame Beauté (Roger Hargreaves est un génie !) :

TacTac : Je suis Monsieur Chatouille ! Je vais chatouiller Luna ! Guili-guili !
Luna : Hihi ! Oh non Tonton ! Arrête !! Hihihi !
TacTac : Ok j’arrête.
Luna : :o(
TacTac : Je recommence ? ? :o)
Luna : Non ! Hihihi !! :oD

J’adore quand ma nièce me demande de ne pas la chatouiller alors qu’elle n’attend que ça. Les enfants sont comme ça : ils détestent les chatouilles et les adorent à la fois.
Moi je les déteste tout court, et si on me chatouille je peux foutre des coups de poing ou des coups de boule sans faire exprès. Car je suis très chatouilleux.

Pendant de nombreuses années, je me suis consolé d’être chatouilleux grâce à cette réponse de Géo Trouvetou trouvée dans Le Journal de Mickey :

Question de JéRémY :
Je suis très chatouilleux et ça m’embête beaucoup, que faire ?
Réponse de GéO TrOuVeTou :
Si tu es chatouilleux, c’est que ta peau est très fine. Dis-toi que c’est un atout et qu’il vaut mieux avoir une peau fine qu’une peau d’hippopotame.

Pourtant j’aime bien les peaux d’hippopotame.
Je n’aime pas les peaux douces, les peaux de filles. Je n’aime pas ces peaux sur qui viennent patiner les doigts, telles la jambe parfaitement épilée de la pub Veet qu’un voile aussi léger que l’air vient sensuellement caresser.
J’aime les peaux brutes, fortes ; non pas rugueuses, mais typiquement masculines.
Alors vous me direz qu’une peau masculine ne doit pas nécessairement être rêche et épaisse, et que je ne fais que répondre à un cliché. Non, je réponds simplement à mes désirs.

Et mes désirs me disent qu’avoir une peau fine présente un gros handicap : celui d’être trop sensible. Car je n’ai pas seulement la peau douce dans mon bain de mousse, mais également dans mon bain de soie. Et il est fort vexant de rire pendant l’Acte comme chacun sait… Que doit-on faire dans ce cas-là ?

Question de TAcTaC :
Je suis très chatouilleux et ça m’embête beaucoup quand je fais des galipettes avec un garçon car je me mets à rire, que faire ?
Réponse de GéO TrOuVeTou :
Heu…

Il serait peut-être temps que Géo Trouvetou ait une vie sexuelle.

T’M lé K-L1 ?

On dit qu’une génération se caractérise par un événement majeur. Il y a eu la génération de Mai 68, la génération qui a assisté à la chute du mur de Berlin en 1989 et aussi celle de 2001.
Non pas celle des Twin Towers, mais celle de Loft Story.

La génération de 2001 n’avait pas 20 ans comme dans la chanson de Pierre Bachelet, mais était au collège où elle apprit que les histoires d’amour ne commencent pas dans une piscine. Nageant dans les eaux troubles des lendemains, les petits jeunes issus de cette génération désenchantée ont aujourd’hui une sexualité désorientée. Rien n’a de sens et rien ne va. Tout est chaos.
Confrontée au Sida et aux sitcoms, cette nouvelle génération a dû se résoudre à adopter l’un de ces deux comportements bien distincts :
– la bitch attitude qui leur a fait tout essayer à 14 ans,
– la positive attitude qui ne s’exprime que par texto et qui se résume par le mot « K-L1 ».

Jamais nous n’aurions pensé que les Lofteurs auraient une telle influence sur le comportement des générations à venir. De Steevy qui pleurait dans les bras de Kenza, à Aziz qui consolait Loana, la télé-réalité a montré aux jeunes qu’un comportement sans risque existait en dehors du coït : le câlin. Et d’années en années, les modèles télévisuels ont perpétué ce schéma. On se souvient d’Emma lotie dans les biceps de son meilleur ennemi Georges-Alain, d’Elodie dans les bras de Michal (ou l’inverse), ou bien encore de Michel blotti dans les cuisses de Morgane la judoka des Colocataires (ça, on ne s’en souvient plus trop je reconnais).
Bref, un nouveau comportement trompeur est apparu : le câlin.

Et c’est là où j’entre en jeu, car je suis issu d’une vieille génération.
Tout comme moi, jeunes gens de la Vieille Ecole, méfiez-vous des mains qui se prennent dans la rue ou des bisous dans le cou devant un coucher de soleil. Car aujourd’hui un câlin ne signifie plus rien puisqu’on s’en fait entre copains.

Aujourd’hui à 20 ans, on se fait des câlins quand on s’ennuie le mercredi après-midi devant la télé.
Aujourd’hui à 20 ans, on se fait des câlins car ça aide à mieux exprimer ses sentiments.
Aujourd’hui à 20 ans, on se fait des câlins car refaire le monde à coups de tendresse paraît plus doux qu’à coups de paroles.

Les comportements changent. Je ne pensais pas devenir ringard à 25 ans.