Aéroport de Lima, le 21 avril 2012.
Je ne sais pas quoi écrire mais je sais que ça me fera du bien. Pourtant je suis si fatigué… Mes jambes me pèsent. Je les tiens là, croisées, et celle qui supporte l’autre commence à peiner. Je les décroise. Je sens que je viens de franchir un nouveau cap. Mes grands voyages à l’étranger ont toujours signifié cela. La Thaïlande en 2005 pour revenir en forme après mon année de tournage en rond dans mon bocal de la rue des Solitaires. Mon trip asiatique de 2010 après m’être fait licencier et deux jours avant d’être embauché. Et aujourd’hui mon excursion au Pérou de laquelle je ressors comme d’un lendemain de cuite : légèrement flou. J’en ressors toutefois avec cette certitude : si la dernière année n’avait pas été telle qu’elle l’a été, alors jamais le Machu Picchu je n’aurais visité.
Réveil à cinq heures. Dans les oreilles « On earth as it is in heaven » de Ennio Morricone – j’aime appliquer à ma vie une bande son parfaite. Les montagnes embrumées s’élèvent à mesure que nous gravissons les lacets, et le Machu Picchu qui apparaît, là, au-milieu, parfait.
Si la dernière année n’avait pas été comme elle l’a été, jamais je n’aurais connu ce moment parfait.
J’ai ce défaut de ne me souvenir que des bons côtés. Je me souviendrai du Pérou la vue divine depuis le Huayna Picchu. Je me souviendrai des Îles Ballestas leur plage de la maternité, des centaines de loups de mer en train de rugir à nous assourdir pendaient qu’ils accouchaient. Je me souviendrai des terrasses circulaires de Moray la place que nous avons occupée en leur centre. Je me souviendrai des salines incas leur miroitement au soleil. Je retiendrai également du Pérou le désert saisissant de Paracas, la graisse savoureuse du cochon d’Inde grillé et mon amitié rapprochée avec Bernard et Sophie. Je ne me souviendrai pas des mauvais côtés de ce voyage ; je les ai déjà oubliés.
J’ai ce défaut de ne me souvenir que des bons côtés ; je l’applique également aux personnes que j’ai rencontrées.
Je sais que j’ai franchi un cap avec ce voyage mais je ne sais pas encore lequel. Amour, travail, santé ? Mon Elizabeth Teissier ne l’a pas encore décidé. Ce que je sais, là, maintenant, c’est qu’en effet écrire ce texte m’a fait du bien. « Mission » aux oreilles, une photo du tarmac pour l’immortaliser, l’avion pour Paris n’attend que moi pour embarquer : je suis prêt à décoller.