Lors de mes précédentes opérations de RP digitales, j’utilisais un outil particulièrement efficace pour calculer leurs retombées médiatiques ; un outil qu’à l’exception de Nadine Morano et de Christine Boutin nous maîtrisons tous : les réseaux sociaux. Je commençais donc à scruter les comptes Twitter et Facebook ouverts des 16 éditeurs à qui j’adressais mes envois. Toutefois, et du fait peut-être de leur âge moyen, très peu des éditeurs concernés s’exprimaient à titre personnel sur la toile. A l’exception d’un. A l’exception d’un qui, non, serait-ce possible ? Moi ? Là ? Ca ? Un tweet sur ça ? #LeMystèreDuMétro C’était moi ça ! Une photo. Je cliquais. Non ? Ca ne pouvait être vrai : le Directeur Littéraire de Flammarion – la maison d’édition de Michel Houellebecq – avait photographié mes quatre premiers envois et en avait posté l’Instagram sur son compte Twitter avec le commentaire suivant : « Un pronostic pour l’enveloppe de demain ? »
Victoire ! Mes envois avaient fonctionné et un des Directeurs Littéraires d’une des plus grandes maisons d’édition françaises s’y intéressait. Je ne pouvais pas être plus heureux en ce 28 janvier. Et qui plus est, il postait les photos de mes envois tous les jours sur son profil Facebook ouvert à tous. Les likes et les commentaires abondaient : « C’est génial ! », « Jubilatoire ! », « C’est hyper excitant ! », « Très Sophie Calle » (j’étais particulièrement interpellé par ce commentaire vu que les installations de Sophie Calle avaient été une évidente source d’inspiration au moment de photographier mes envois). Les théories également y abondaient : « C’est un Serial Killer », « C’est une écriture de vieux. Méfie-toi ! », « C’est plutôt une femme je pense », « C’est un plan drague », « C’est la soeur de mon ex, je reconnais son écriture ! », « Coucou le psychopathe ! »… Tout le monde se prêtait au jeu, et moi, tapis dans l’onbre de mon écran d’ordinateur, j’étais des plus heureux.
Les jours passaient et les envois pleuvaient. Et bien qu’aucun autre Directeur Littéraire concerné ne s’était manifesté sur le Web à ce sujet, celui de Flammarion régulièrement ses photos continuait-il à poster. Quand je postais mes lettres, lui postait ses photos. Moi-même j’avais une folle envie de commenter ses photos, surtout en ce dixième jour où il publia l’envoi de la ligne 9 à la grande surprise de son public de « friends » qui lui demanda où était passée la ligne 8 : il ne l’avait pas reçue.
J’étais dégoûté. Mon entreprise entière s’était effondrée. Comment un envoi avait-il pu se perdre par La Poste ? Et si c’était le seul envoi concerné parmi les 256, pourquoi fallait-il que cela tombe sur le seul éditeur qui communiquait sur mes envois ? J’étais extrêmement déçu. De plus que l’envoi relatif à la ligne (une pièce de monnaie) perdait tout son sens sans celui de la ligne 8 (un carton de mendicité).
Les jours passaient et la fin de l’opération approchait. J’étais allé chez Copy-Top imprimer mes 16 manuscrits + 1 pour le garder en souvenir, et les rapportais du travail à chez moi en traversant tout Paris avec une énorme valise. Je me renseignais sur le meilleur moyen pour que les manuscrits arrivent bien a destination le 14 février. « Non pas le 13, ni le 15, mais vraiment le 14 », expliquais-je aux employés de La Poste hallucinés. « Mais c’est pas mieux si le destinataire les reçoit un jour avant ?
– Non, je veux qu’ils les reçoivent le 14 février précisément ! », m’égosillais-je. « D’accord, il faut prendre des Colissimo dans ce cas. C’est 25 € l’envoi. » Il y avait 16 colis, je vous laisse calculer le prix.