Je lave mon linge sale (2)

Acte III, scène 2.
La scène se situe dans le séchoir de mon immeuble, autrement dit dans une sorte de cage ressemblant à s’y méprendre à celle où se dandine Madonna dans le clip de Sorry. Sauf que là il y a 4 cordes à linges qui offrent gracieusement leurs services aux copropriétaires en mal de tancarville.

Un jour, je constate que la serviette que j’avais déposée a disparu. Je laisse aussitôt un message sur une des cordes à linge :
Bonjour !
Quelqu’un a pris par mégarde une serviette de bain bleu pâle Descamp.
Merci de la redéposer sur les cordes à linge. 🙂

Signé : TacTac

2 jours plus tard, je retrouve ma serviette avec ce message :
Effectivement cette bleue-là n’est pas à nous !
C’est une Tex.
Signé : Anonyme.

I need a child

Mon père est devenu père à 23 ans.
Mon frère est devenu père à 24 ans.
Je ne serai pas père à 25 ans.

Depuis quelques temps je ressens ce besoin naturel d’avoir des enfants. Je les regarde de plus en plus dans la rue, marche plus lentement devant le jardin d’enfants, leur fais des coucous de la main dans le métro, les regarde s’extasier sur les rails à l’avant de la ligne 14.
Je commence même à trouver un côté marrant chez les enfants moches.
J’ai toujours été fan des petits enfants noirs : ils ont les plus beaux rires de l’enfance. En grandissant ils me plaisent moins, mais lorsqu’ils sont choupinets tout plein ils sont trop mimi craquants.

I need a child.

Il s’appellera Camille si c’est un garçon. Mais un gaillard hein ! Pas un petit bébé tout fluet. Camille lorsqu’on est un grand gaillard qui fait du rugby et enchaîne les steaks-frites c’est tellement viril. Mes parents ont eu le même raisonnement en me donnant le prénom que je porte aujourd’hui. Pas de bol, je fais 63 kilos tout mouillés et préfère le patinage artistique à l’ultimate fighting.
Et si c’est une fille, elle s’appellera Victoire ; car on en aura chié pour l’avoir.

« Parce que c’est toi je voudrai un jour un enfant, et non pas parce que c’est le moment » chantait Axelle Red. J’en suis à la première étape : c’est le moment.
Maintenant il me faut trouver quelqu’un. Un grand garçon immature ferait parfaitement l’affaire. Un grand enfant qui laisserait traîner ses caleçons dans la chambre et qui passerait ses week-ends à jouer à Mario Kart. Je ne suis pas si difficile que cela. Mais il me faudrait un grand enfant qui accepterait qu’on dépose un ovule dans son colon. Mario Kart contre l’ovule dans le colon : c’est le deal et c’est pas gagné.

Je n’ai pas envie de lancer un débat sur l’adoption ou sur la procréation assistée par lesbienne consentante ; ce n’est pas le but de ce post.
Juste envie de dire que je veux laisser quelqu’un chose derrière moi. Et, comme mon bouquin avance trop lentement, je me suis dit que la chair de ma chair ce ne serait pas mal. Avec un peu d’amour quand même.

Mais en attendant le petit enfant, je me contenterais bien du grand.

L’odeur de ma pudeur

Il suffit qu’Adam & Yves croquent dans la pomme pour qu’ils soient gênés de leur nudité. A la recherche de feuillages, ils sont à l’origine du premier shorty en matière 100% naturelle.
Que Charlotte refuse de se dénuder dans un sauna comme ses amies Carrie, Samantha et Miranda, et on la taxe de complexée. Ne pas montrer sa chatte est devenu so oldschool. N’aie pas honte de ton corps, mais ta chatte devra tout de même être à l’Américaine ; la forêt vierge de la Cicciolina c’est so eighties.
Mais moi je n’ai pas de minou et Réglisse est retourné chez mes parents. De plus Charlotte est une fille et moi un mec ; et un mec n’a pas le droit d’être pudique.

Prenez tous ces mecs en soirée : et que ça exhibe ses flexs, et que ça perle des pecs. J’avoue que je n’ai pas leur corps, mais si je l’avais je crois bien que je garderais sur moi mon t-shirt trempé de sueur pour autant.

Ai-je vraiment honte de mon corps ? Je ne le pense pas.
Au pieu je suis prêt à faire toutes les cochonneries possibles et inimaginables, mais si je dois aller prendre une douche après l’acte c’est la main au sexe. Cela fait sourire. On trouve ça mignon qu’un garçon cache son kikou alors qu’il vous l’a mis partout 5 minutes auparavant. C’est juste que je ne trouve pas ça très esthétique un kikou qui fait bœing bœing quand on marche. Je n’ai pas trop envie de jouer au mannequin de la pub des Invisibles de Dim.

Mais d’où me vient alors ce comportement pudique ?
De mon éducation judéo-chrétienne ? Probablement, mais ce n’est pas très intéressant.
De mon passé d’enfant obèse ? Bien sûr. Lorsque des enfants vous pressent les seins à la plage en s’exclamant « Elles font de la crème les vaches ? », forcément que ça vous marque !
Mais ce comportement a surtout pour origine une dispute avec mon frère.

Mon père habitait à Rotterdam à l’époque. Nous avions un rythme d’enfants de divorcés et passions quelques week-ends chez lui. Il me lisait Le Petit Prince dans La Pléiade pour que je m’endorme et que j’apprenne ce qu’est un baobab. Mais ce soir-là, mon père avait un dîner d’affaire et mon grand frère me gardait.
L’appartement avait une vue imprenable sur Rotterdam et ses habitants. On pouvait presque faire coucou aux prostiputes packagées de la ville. Je m’apprêtais à aller au lit et me changeais moi aussi dans ma vitrine.
Soudain, mon frère arracha tous mes vêtements et les emporta avec lui dans la salle de bain. J’étais pris de panique, je me retrouvais nu comme un lombric devant une pléiade de passants me matant par la baie vitrée. J’étais véritablement convaincu que le monde entier me voyait nu dans mon bocal. Il est évident que personne ne me regardait dans ma cage de verre, mais j’étais persuadé du contraire. Je criais, je pleurais et mon frère riait derrière la porte. Et cela a duré, et cela a duré. Dix bonnes minutes. Dix mauvaises minutes où un traumatisme – aussi minime soit-il – a vu jour.
Car ma pudeur a l’odeur de mon frère.

Compagnons domestiques à durée de vie limitée

Il y a eu la Queen d’abord. Elle est née l’année du Q ; difficile de lui trouver un nom. Ma mère a opté pour ce nom anglais. Avec l’accent espagnol ça faisait très chic d’héler ainsi son chien dans les rues de Barcelone. C’était en 1968.

Il y a eu Baloo ensuite. Prêté par un collègue de mon père parti en vacances, il n’est resté qu’une semaine à la maison. Ma mère lui préparait des salades de riz et moi je le câlinais dans notre résidence de Suresnes, tout près du toboggan en bois et du totem de 1,5m qui me paraissait gigantesque. Bien que toute la famille l’ait adopté, mon père n’a jamais voulu qu’on ait notre propre chien. « Je sais ô combien tout le monde est triste quand un chien meurt. » Drôle de façon de penser que d’envisager la vie par la mort. C’était en 1986.

Puis il y eut les poissons et les grenouilles de mon frère. Les poissons, ils les a ébouillantés le premier jour. Et les grenouilles, c’est vraiment pas très drôle de jouer avec lorsqu’on n’est pas un petit garçon sadique. Des animaux tellement chiants qu’on ne leur a pas donnés de nom. C’était en 1987.

Puis il y eut la tortue de Floride suicidaire. Yola de son petit nom basque. Une brute épaisse comme Félicien de la cum-cum mania. Il y avait une pierre au milieu de son aquarium pour qu’elle puisse se dorer au soleil. Mais elle, elle passait la journée à la pousser de toutes ses forces contre le rebord de l’aquarium. Elle se fabriquait ainsi une échelle pour s’évader de sa prison de verre et gambader à 2 à l’heure sur notre terrasse de Versailles les après-midi ensoleillés. Ma mère se mettait alors à crier : « La tortue a encore disparue !! ». Nous courrions tous alors la chercher sur la terrasse et nous la retrouvions le plus souvent à deux doigts du rebord. Une fois, nous l’avons retrouvée en bas de la terrasse à 1m de la grille d’égout. Elle avait sauté 2 mètres ! Elle voulait sûrement rejoindre ses amis les crocodiles et les tortues de Floride abandonnés dans les égouts versaillais. Une petite créature complètement cinglée que j’adorais ! C’était en 1992.

Réglisse a commencé par me suivre dans la rue. Saleté de chat ! Barre-toi ! Je détestais les chats à l’époque. Je rentrais du collège déjeuner à la maison et Réglisse s’est invité de force lorsque j’ai ouvert la porte :
« Qu’est-ce que c’est que ce chat ??
– J’en sais rien il m’a suivi dans la rue !
– Oui c’est ça mon œil !
– Mais si je t’assure Maman ! »
Mon frère a alors commencé à lui donner du lait pendant que je faisais le tour des boulangeries du quartier pour vérifier qu’aucun chat perdu ne correspondait à sa description.
« Bon alors j’ai vérifié et c’est une chatte !
– On va l’appeler Duchesse alors ! Comme dans les Aristochats ! »
Réglisse s’est donc appelé Duchesse pendant une semaine, jusqu’à ce qu’un vétérinaire confirme que mon frère n’y connaissait rien en sexualité des animaux. C’était plutôt rassurant finalement.
Et Réglisse nous a fait aimer les chats.
Lorsque je vais chez mes parents et que je dors avec lui je pense souvent à cet après-midi où je pleurais par terre dans ma chambre sur mon tapis blanc et qu’il est venu me faire un câlin. C’est con mais ça ne s’oublie pas. C’était en 1996 ; c’était il y a 10 ans.

C’est toujours très culcul les photos de chat tout de même… Même si c’est Réglisse !

La mariée était au banc

Pauline va se marier cet été.
Pauline était mon amoureuse au CE1. On traînait toujours ensemble.
J’étais autoritaire avec elle, on jouait au professeur dans ma chambre. Je la faisais asseoir à un petit bureau et j’écrivais des choses au tableau en disant qu’elle était nulle et qu’elle ne travaillait pas assez.
Elle adorait ça, cette confiance exacerbée en moi.
Et elle aimait être l’Unique, et que je fabrique un matelas de peluches sur le sol de ma chambre pour que nous nous y allongions avec une couverture des Sept Nains.

J’ai demandé Morgane en mariage.
Nous avions 5 ans et j’ai demandé une pièce de 2 FF à ma Maman. Je me suis approché de la machine qui distribuait des mains collantes et des bonbons. J’ai inséré la pièce à la verticale et j’ai tourné la poignée. Une boule en plastique en est tombée et je l’ai ouverte pour y sortir une bague en plastique. Je me suis approché de Morgane et je la lui ai passée au doigt.
Elle a rougi.

Pauline va se marier cet été, et la seule demande en mariage que j’aurais probablement faite de toute ma vie aura été à 5 ans.

Le monde merveilleux de TacTac ou la quête du sling (6)

Je suis devenu pédé à 6 ans.
Je me souviens de Vanessa et la magie des rêves dans ma chambre.
Je me souviens que ma Maman est entrée dans ma chambre et m’a vu en train de danser et de chanter partout dans la pièce :

Vanessa quand tu descends
De ton beau nuage blanc
Nos rêves les plus secrets
Sont tout à coup réalisés

Et là, devant elle, je suis resté interdit et j’ai éprouvé quelque chose d’inexplicable : de la honte.

Pourtant nous avions acheté ensemble ce 45 tours. Nous étions allés au Printemps boulevard Haussmann (à Paris !) acheter trois 45 tours pour mon mange-disque. Avec les 100 FF de Mamie je n’avais pu en acheter que trois, ça m’avait choqué : j’avais trouvé qu’en fait 100 FF c’était pas beaucoup d’argent si on pouvait seulement acheter que trois 45 tours avec.

J’avais acheté les génériques de :
– Vanessa et la magie des rêves
– Creamy, merveilleuse Creamy
– Lydie et la fleur aux sept couleurs
No comment.

C’est mon premier souvenir de questionnement sexuel.

L’autre jour, j’ai pensé à autre chose : j’ai pensé à Yann. Mon copain de l’époque, quand j’avais 6 ans.
Il ne parlait pas beaucoup ; il était timide.
Mais il était mignon.
Je ne me souviens que de ça.

Puis je me suis souvenu de la galette des rois de ma dernière année de maternelle. Comme d’habitude c’était moi le plus fort en dessin, j’avais fait une magnifique couronne cette fois-là, avec un gros papillon vert et violet. Nous devions ensuite la donner à un élève de la classe de CP.
J’ai choisi ce « grand » aux cheveux bruns et à la peau mate. Je l’ai couronné.

Je me souviens ensuite de François au CM2. Il m’avait montré sa bite en me disant qu’avec son cousin ils s’amusaient à la comparer. J’avais trouvé ça hyper bizarre. Ca m’avait pas mal troublé.

Puis je me souviens de la 6ème et de Biboul qui avait passé un dimanche soir à enregistrer sur une K7 l’émission de « Géraldine Petite Coquine » de Skyrock.
Géraldine lisait des histoires coquines à l’antenne. Elle lisait 1 minute de textes cochons et ensuite on avait droit à un quart d’heure de pub et de musique (revenait souvent la même chanson à l’époque où Skyrock ne passait pas que du Rap : Jesus he knows me de Genesis). Difficile dans ces conditions – la radio sous la couette – de ne pas tomber de sommeil avant minuit. Impossible alors d’entendre la fin de l’histoire.
Mais cette fois-là – grâce à Biboul, j’allais savoir comment allait finir la demoiselle qui avait rencontré deux beaux garçons sur la plage et avec lesquels elle avait fait l’amour sous la tente. Oui, enfin, je me souviens surtout que la K7 avait fait le tour de la 6ème 6 du Collège Jean-Philippe Rameau et que la demoiselle en question avait «senti [des] testicules rouler sur [sa] langue comme une boule de billard».

Puis, à partir de là, tout est allé très vite dans ma tête. Mais seulement dans ma tête.
Car je n’ai fait le premier pas que 10 ans plus tard.

Mais il est curieux de voir comme mes goûts pour les garçons n’ont pas changé depuis : bruns, peau mate et parlant moins que moi finalement.
Et puis j’ai toujours aimé jouer au billard.

Ma tenue pour chopper (2)

Coloca me disait l’autre jour en me voyant me préparer à aller au lit :
« Non mais franchement, à chaque fois que je plie le linge et que je tombe sur ce t-shirt je me dis : ” Il a encore osé le mettre pour dormir !! “ ».
Bah quoi ? Il est très bien ce t-shirt ! Et puis, je ne dors pas à poil. Je suis obligé de dormir habillé sinon je me trouve trop désirable et ne réussis pas à fermer l’œil de la nuit.

Mais revenons à mon t-shirt…
Quel t-shirt au fait ? Un t-shirt ignoblissime je le reconnais, mais lorsque ma mère me l’a acheté dans une boutique hippie de la Costa Brava en 1994 je sautais dans tous les sens. En effet, une mère qui vous achète un t-shirt avec une feuille géante de cannabis imprimée dessus c’est un peu la grosse sse-cla lorsqu’on a 13 ans.
Ma mère une débauchée qui pousse ses rejetons à se droguer ? Vous n’y êtes pas du tout.
Leonor a toujours voulu que ses deux garçons soient des grands curieux de la vie et faire fumer une cigarette à son petit dernier de 6 ans ou lui faire boire du champagne le jour de sa naissance n’est rien d’extraordinaire dans la famille. On n’est pas homme du monde sans savoir fumer le cigare ou apprécier un bon whisky bordel de culs !

Mais revenons à mon t-shirt…
Un magnifique t-shirt à l’imprimé papier journal noir et blanc racontant l’histoire du cannabis avec au passage une publicité Rizla dessus. Et puis de jolis imprimés vert pomme en forme de feuille de chanvre sur les épaules et la devanture. Quelle fière allure pour mes 13 ans !
Je me souviens encore des amis de mes parents qui paraissaient un tantinet choqués que j’arbore sur la plage un tel achat.
Un : Nous étions sur la Costa Brava et la réglementation espagnole n’interdit pas de se parer de tels accoutrements propagandistes.
Dos : Ma mère était convaincue que ce n’est pas en cachant la Marie-Jeanne (« qui disait toujours je m’en fout ! ») que je ne la découvrirais pas – et elle a eu raison car c’est vraiment pas mon truc.
Tres : Maria !

Mais revenons à mon t-shirt…
Bah non en fait, j’ai plus grand-chose à dire dessus.
A part que je cherche quelqu’un qui voudrait bien me l’arracher.

Oui bon ok, avec mes charentaises ça explique un peu beaucoup mon célibat…

25

Je voulais faire un post spécial pour mon quart de siècle.

Alors j’ai commencé par écrire une chronologie de mes 25 premières années. C’était hyper pompeux.
Ensuite j’ai listé toutes les personnes que j’ai cotoyées dans ma vie. Car finalement il n’y a que ça qui compte, les autres.
Je l’ai donc faite mais je me suis aperçu que j’oubliais à chaque fois des noms. Cette liste était longue, beaucoup trop longue.

Je ne vais donc pas me souhaiter un joyeux annini à moi tout seul comme Jean-Luc de la Star Ac’ 5 qui se chantait Happy Birthday pour lui tout seul – et oui, mes réferences ne vont pas changer du jour au lendemain, mais je vais tout simplement vous dire que je suis heureux d’être là où je suis aujourd’hui et de connaître les gens que je connais.
Je suis fier de ces 25 premières années.
Et ça va continuer.
😀

Ma tenue pour chopper (1)

Coloca me faisait remarquer l’autre jour :
« C’est curieux tout de même, tu fais super attention à toi avec tes petits t-shirts noirs impeccables et ton look négligé mais en fait super étudié, et malgré ça, la première chose que tu fais chez toi en rentrant, c’est enfiler tes charentaises ! ».
Oui, j’enfile mes charentaises avant même d’allumer la musique. Incredible !

Je me souviens qu’étant gamin, je sortais déjà jouer en chaussons dans notre petite rue privée de Versailles (Printemps des Bourges volume 17 ?). Ma mère me courait alors après pour que j’enfile mes mocassins, mais je n’en avais cure : je voulais mes charentaises. Et faut dire qu’elles ressemblaient vraiment à rien. Identiques à celles que je porte en écrivant ce post ; quelques pointures en plus cependant.
La semelle en plastique jaune gondolée, l’intérieur cotonneux devenu rugueux et le gros orteil se frayant un chemin : « Kikoo ! ». Vraiment, ce n’est pas aux chaussons qu’on évalue un compte en banque.

Nous nous rendions avec ma mère un mercredi par mois au Monoprix acheter de nouveaux chaussons. Je restais alors ébahi par tant de couleurs et de matières. Je finissais toujours par choisir les plus molletonnées et vertes de préférence – car c’était ma couleur à l’époque. Le must c’était d’aller acheter juste avant l’été des pantoufles avec rien à l’arrière : comme les grands ! Trop la classe.

Bon, c’est vrai qu’à force cette manie des chaussons m’a joué des tours. Comme la fois où je me suis retrouvé en chaussons dans la cour de récréation – je ne m’étendrai pas trop dessus, j’ai encore du mal à m’en remettre aujourd’hui. Ou bien encore aujourd’hui lorsque le type qui est venu faire un devis pour le store électrique de ma chambre a jeté un coup d’œil à mes pieds (dois-je préciser qu’il était super mignon et que j’avais vraiment l’air d’un con ?).

Alors oui, à l’aube d’un nouveau quart de siècle, je devrais changer cette habitude qui me rend complètement anti-sexy.

Mais je me dis aussi, que si je réussis à m’intéresser à des garçons mal rasés, chaussés de babouches et portant des caleçons ridicules dignes des plus beaux torchons de la Foire de Paris, alors je peux plaire et rester moi-même avec mes charentaises adorées aux pieds.

Oui enfin, faudrait peut-être que j’en achète d’autres quand même…

Les hétéros font leur coming-out

Les hétérosexuels cachent aussi de lourds secrets à leurs parents. Eux aussi font un jour leur coming-out. Une sortie du placard très différente de ces sketchs écrits à la va-vite par certains humoristes pétainistes :

« Papa, Maman, je suis hétérosexuel.

– Oh non mon fils est hétéro !!

– Mon Dieu qu’ai-je fait pour mériter ça ???

– Mon fils, tant que tu seras heureux avec une femme, alors nous serons heureux pour toi. »

Rideau. Clap de fin. Feydeau se gausse dans sa tombe.

Non, non, non, n’entrons pas dans de vulgaires clichés, car le coming-out pour hétérosexuels existe bel et bien.

Et il se présente sous la forme du tabagisme.

Lorsque certains se cachent dans les toilettes pour se masturber devant les slips de La Redoute, certains se cachent dans les toilettes pour fumer.

Lorsque certaines nettoient des taches de rouge à lèvre sur leurs chemisiers, certains retirent la nicotine de sous leurs ongles.

Lorsque certains prennent un chewing-gum pour masquer des relents de sperme, certains gobent un Fisherman’s Friend pour cacher les odeurs de tabac.

Et on pourrait continuer ainsi pendant des heures.

Car le tabagisme est aussi honteux que l’homosexualité pour beaucoup de parents.

Comme quoi tout ça c’est des conneries. Et, l’un comme l’autre, ils font juste partie d’un mode de vie.