Making of a post

Y’a des fois – comme maintenant – où je n’ai pas envie d’écrire.

Ca peut paraître paradoxal, mais je vous assure que je n’ai pas du tout envie d’écrire au moment même où je vous écris. J’ai Anaïs dans les oreilles qui fait « Dou dou dou dou dou », une bonne odeur de femme noire à mes côtés – j’adore l’odeur de la peau noire. J’ai juste un peu peur que l’homme noir qui a remplacé la femme à mes côtés depuis l’écriture de ces mots ne lira pas ces lignes par-dessus mes épaules. Car je suis dans le bus et il n’y a rien de raciste à dire que j’aime l’odeur des Blacks.
Amel Bent a remplacé Anaïs dans mes oreilles. J’ai vraiment de tout dans mon iPod. Et là, j’ai déjà plus envie d’écrire qu’au début de ce texte. Et même si je n’ai toujours rien à dire, j’ai au moins trouvé comment se terminera ce billet : à l’improviste. Car lorsque je serai arrivé chez Clo et Coloca, je devrai descendre précipitamment de l’autobus et, de la sorte, abandonner tout aussi promptement l’écriture de ce court texte. Alors, en attendant, je brode et espère ne pas trop vous ennuyer. C’est un peu l’envers du décor, le premier making of de post. L’écriture dans les bus, les métros, tout ça, avec bientôt le bêtisier : « Il a fait une faute d’othographe !! Mouhahaha hihihi ! ».
Passons.

Oui je regarde mon nombril.

Plus qu’un arrêt, tenez bon, on reste ensemble jusqu’au bout…

Thom Yorke’s orgasm

Vous souvenez-vous de cette époque où vous aviez les cheveux longs, les habits noirs, et où vos parents étaient trop des cons de pas vouloir vous acheter un scooter ? Dans votre chambre vous passiez-vous l’Unplugged de Nirvana en vous répétant, allongé sur votre lit, les yeux au plafond, que Kurt Cobain avait tout compris ? Si c’est le cas, vous devez vous souvenir de ce type qu’on entend plusieurs fois dans le public de MTV tant son enthousiasme est bruyant. Mais si, c’est celui qui gueule sur The man who sold the world. Ca y est, vous y êtes, celui qui fait des « wouhou » comme aucun autre.

Et bien j’ai toujours rêvé d’être ce gars. Pour pouvoir moi aussi pousser de magnifiques « wouhou » pendant les concerts.

Car on ne peut pas dire que mes « wouhou » aient de la gueule. On pourrait aller jusqu’à les qualifier de ridicules. Un peu comme les jappements d’Ally McBeal face aux rugissements de Ling Woo (hou ?). Malgré cela, il m’arrive encore d’en lancer quelques-uns pendant les concerts, même si mon médecin me l’a formellement interdit.

J’étais à moitié amoureux de T. à l’époque. Je l’avais rencontré le soir du premier prime de la Star Ac’ , le soir où Michal avait chanté Lucie au piano avec Marjorie et où Elodie avait imité Brigitte Bardot. La Star Ac’ est un très bon outil pour situer les événements dans le temps.

T. c’était le mec, le vrai, très brun, les yeux verts, baraqué et le poil au torse. Un vrai mec comme je les aime mais surtout comme je les aimais. Car aujourd’hui je me vois très bien faire ma vie avec un roux imberbe aux oreilles décollées et au léger strabisme.

T. était gendarme et l’est encore. Et comme les jeux entre garçons ne sont pas très bien vus dans la cour de la gendarmerie, T. s’appellera T. tout le long de ce post.

J’avais invité T. à Bercy pour le concert de Radiohead. Je lui avais fait croire que j’avais moi-même été invité à ce concert afin de ne pas le mettre mal à l’aise. C’est quelque chose que j’ai renouvelé par la suite avec d’autre garçons et que je ne conseille à personne vus les maigres résultats.

Au milieu de la fosse, j’avais l’impression d’être tout seul face à Thom Yorke le chanteur de Radiohead.

Comme lorsque j’étais petit et que j’étais convaincu que Chantal Goya me parlait personnellement à travers l’écran (la schyzophrénie était-elle déjà en marche ?), Thom Yorke me chantait You and whose army ? Une caméra miniature installée au bout du clavier de piano, le visage grotesque de Thom apparaissait sur les écrans géants. Œil exagérément disproportionné et dents tordues, je ne l’ai jamais trouvé aussi beau. Entouré de la plus belle voix du monde et du plus beau de mon monde, je ne pouvais que me trouver dans un état extatique. C’est pourtant sur une autre chanson que je déraillais.

There there, le premier single de Hail to the thief. Le genre de chanson qu’on commence à adorer au bout de 20 écoutes. Avant, ça ne compte pas. Et au-delà de 100 écoutes, c’est juste tout à fait normal.

Là, là donc. C’est curieux, car ma chanson préférée de Têtederadio est Chaque chose à sa place. C’est pourtant là, sur la montée de guitare de There, there que j’eu un orgasme.

Un orgasme au milieu de la fosse, là, devant T. & T. Car lorsque la chanson s’acheva, elle m’acheva également. Et voulant pousser un de ces « wouhou » dont je n’avais pas le secret, je le faisais commencer par l’expression orgasmique de mon plaisir auditif. Bref, ça donnait un truc du genre :

« Oh ouiiiiiii… Hummm… Mmmm… Wouhoooou !!! »

Autant vous dire que j’étais aussi bien grillé par T. que par les personnes nous entourant dans la fosse. Et là, j’eus la meilleure réaction possible en explosant de rire. Juste un rire qui me rendit un peu plus normal dans la Catégorie 4, un peu plus passe-partout.

Bordel quoi ! Si j’ai envie de me taper un orgasme sur Radiohead j’vais pas me gêner non plus ! Non mais !

Mais désormais j’évite de m’entacher avec des « wouhou » impossibles ; je les ai remplacés par des « bravo ».

J’ai toujours l’air aussi con, mais au moins je me fonds dans la fosse.

http://www.youtube.com/watch?v=8Awk3dco4Ho&hd=1

Biarritz, si j’y arrive

Elle m’a demandé si je parlais l’Espagnol.
Elle m’a demandé quel était le train pour Biarritz, qu’elle avait demandé à une dame qui n’avait su lui répondre, que moi j’étais jeune et que je devais savoir. Je lui ai dit qu’elle pouvait m’accompagner, que de toute façon les places n’étaient pas numérotées dans ce train.

« No quisiera molestarle. Vengo de Vitoria. Hemos ido con varias amigas a Donostia pero yo quería ir a Biarritz. He cogido el Topo hasta Hendaïa y aquí estoy. »

Elle voulait voir Biarritz. Elle y était déjà venue jeune avec sa classe. Elle y était venue avec sa maîtresse. Elle avait gardé le souvenir d’une très jolie ville et elle voulait la revoir. Elle avait attendu deux heures à la gare d’Hendaye, car à partir du moment qu’elle y était elle ne voulait pas faire marche arrière et rejoindre ses amies à Saint-Sébastien.

Elle verrait Biarritz aujourd’hui. Dimanche 12 août 2007.
Pour vérifier que ses souvenirs étaient vraiment beaux.
Pour vérifier que ses souvenirs seraient la preuve d’une vie vraiment belle.
Malgré l’altération du temps et de ses yeux embués.

Le ciel dans la télévision

Ah ça me gonfle quand une envie soudaine me prend dans le train et que ma voisine de couloir ronfle comme une vieille devant Derrick.

C’est toujours les mêmes scènes dans les trains : le golden-boy de pacotille qui fait joujou avec son portable, le père de famille qui va rejoindre ses enfants, la beauf qui laisse brailler son chiard, le p’tit bogoss qui feuillette France Football, la jeune femme sympathique dont on aimerait piquer le Cosmo, le jeune couple dégoulinant d’attentions, le couple âgé dégoulinant d’habitudes, et moi, oui, toujours moi.
Moi qui cherche malgré tout une nouveauté dans ce paysage de proximité rempli d’inconnus rassurants.
Aujourd’hui ce sera le ciel dans un grillage.

Le grillage est baissé sur la vitre et je vois des nuages pixellisés comme dans une télévision regardée de trop près. C’est ça ma nouveauté : regarder le ciel dans la télé.

Avant de venir ici, je me suis demandé si vraiment ça allait me toucher ; ces paysages de rêve que mille fois on a vus à la télé. On a tellement pris l’habitude de regarder le monde par la lucarne. Et bah oui, le plage de Koh Samui est magnifique et bien plus belle encore qu’à la télévision.

Car les plages thaïlandaises, les gratte-ciels new-yorkais ou encore les ciels landais ne rentreront jamais dans une télé. Jamais.

La dame dans la rue

Je marchais tranquillement dans la rue lorsque tout à coup une bonne femme s’approche de moi et me dit : « Salut ! ». Alors moi je suis un garçon poli et je lui répond : « Bonjour. ».

Là elle me demande comment je vais et je lui réponds « Ca va. ». Et comme elle attendait que je lui pose la même question j’ajoute « Et vous ? ». Et là elle commence à me raconter que ça va mais que ça pourrait aller mieux, qu’elle a beaucoup de boulot en ce moment – elle m’explique qu’elle est comptable dans une agence immobilière, qu’en plus son patron lui fait du harcèlement moral, qu’il tire sur la corde et qu’elle va rompre un jour, en plus les enfants sont insupportables ces derniers temps surtout la grande, Mélodie, qui passe son temps avec des garçons au centre commercial et qui s’est récemment fait prendre en train de voler du mascara chez Sephora. Non, vraiment, ça pourrait aller mieux.

Elle me regarde, le visage peiné, en attendant une réponse.
Je la regarde, le visage plein de compassion, et lui réponds :
« Je n’en ai absolument rien à foutre. Mais alors, à un point si vous saviez. Vos problèmes, je m’en fous et je m’en contrefous. Je m’en contrecarre, je m’en tape, j’en ai rien à cirer. Mais alors quedalle, nada, queutchi, zobi la mouche. Rien à péter. Rien, à, foutre. »

Et oui, c’est pour ça qu’on reste anonyme sur Coxx*. Car on en aurait rien à foutre si vous nous reconnaissiez dans la rue et que vous commenciez à nous raconter vos vies.
That’s life.

Les petits yeux ouverts

J’entendais les enfants de mon école raconter qu’ils avaient été cambriolés pendant la nuit. En l’absence de volets, les voleurs étaient aisément entrés chez eux. C’est ça les pays protestants comme les Pays-Bas, pour que la lumière de Dieu puisse entrer dans le foyer on néglige les volets, et les cambriolages par la même occasion.

On a beau avoir atteint l’âge de raison, ce genre d’histoires terrifie encore à 7 ans. C’est à partir de cet âge-là que j’ai commencé mes insomnies.

Je voyais le Diable régner sur la Terre dans les ombres de mon globe terrestre et de mes peluches. J’imaginais une main osseuse sous mon lit. J’entendais les bruits des coquillages enfouis sous la terre du jardin. Empaqueté dans les draps, je me plaquais contre le matelas. J’étais momifié, raide comme un piquet ; les petits yeux ouverts, les yeux grands fermés.

C’est une de ces interminables nuits blanches, coincé sous une avalanche de peluches inquiètes, que je m’autorisais à frapper à la porte de mon grand frère :
« J’arrive pas à dormir. »
Qu’attendais-je de ce geste ? Rien, pas grand-chose, juste quelques mots réconfortants de la part d’un grand frère m’expliquant qu’il n’y avait pas de monstre dans mon placard et qu’il était dans la chambre d’à côté pour m’aider à tuer les méchants. Dans le meilleur des cas, j’attendais qu’il m’offre une petite place dans son grand lit aussi grand que le mien. J’avais juste peur. Et qu’obtins-je en retour ?

« Non mais pousse-toi de là ! J’suis en retard ! J’vais jamais arriver à l’heure en cours !
– Mais…
– Mais pousse-toi ! Tu comprends pas ou quoi ?? J’suis en retard !! »
Alors là, sur ce coup-là, je ne comprenais vraiment pas.

Il était entre minuit et une heure du matin et mon frère me criait dessus parce qu’il craignait d’arriver en retard en cours. Les yeux grand ouverts, mon frère s’aspergeait le visage : « Mais pousse-toi !! ». Les yeux grand ouverts, mon frère se faisait la raie sur le côté en éclatant quelques boutons – un exercice très périlleux au demeurant. Heureusement qu’il était vraiment en retard sinon on aurait eu droit à Joshua Tree à 1h du mat’. Non, là il était vraiment à la bourre et il n’était pas prévu qu’il ingurgite ses céréales hollandaises. Les yeux grand ouverts, il s’aspergeait la gueule en dormant.
Mon frère était déjà taré à 14 ans.

J’ai peur de la Nuit depuis cette nuit-là. Comme si je craignais qu’il se passe de drôles de choses pendant mon sommeil, des choses que je pourrais rater, des choses en moins à vivre. Je vois le sommeil comme un ennemi réquisitionnaire et non pas comme un ami réparateur. Lorsque je dors, je vis des choses en moins.
Et puis, je vois dans la Nuit ma solitude où nul ne me console, même pas mon grand frère de 14 ans.

Britney VS X-Tina

I know ! Something ! About love…
Disque rayé.
I know ! Something ! About love…
Redisquerayé.

Ca c’est dans Ally McBeal, et c’est également souvent dans ma vie.

Un entretien pour un nouveau taf. Myke Tyson dans la tête. Sch sch… (Respiration forte et relâchement des épaules.)
On en est loin.

Ipod magique ! Vas-y change-moi vite ça ! Transforme-moi en winner ! Je veux devenir Maître du Monde !!
Par le pouvoir du crâne ancestral, je détiens… All my people in the crowd / Grab a partner take it down !
Non ça va pas ! Casse-toi Britney !

Vite Ipod magique ! Trouve-moi quelque chose pour me transformer en véritable winner !

Britney VS X-Tina. Round 1. FIGHT !

Casse-toi Bribrit! Tu fais pas l’poids face à X-Tina! Elle, elle n’a pas fait de dépression et se n’est pas rasée le crâne, sale looseuse !
Thanks for making me a fighter !

Merci X-Tina, maintenant, grâce à toi, je vais pouvoir affronter ces putains de DRH !
Ca va envoyer d’la rillette ! Yataaaaaaaaaaaaaaaaa !!

« Présentez-nous vos qualités et vos défauts.
– Et bah heu… Je suis heu… combatif ? »

Et vous, vous avez fait quoi ce week-end ?

Lorsque je travaillais pour la chaîne cryptée, j’avais la réputation d’être un gros fêtard :

« Oh ! T’as de tout petits yeux toi ! T’étais où cette nuit ?
– En Belgique.
– Hein ??
– Bah hier en sortant du taf j’ai pris le train pour Lille. Puis j’ai pris une navette pour aller en boîte en Belgique. Et ce matin j’ai repris le train pour Paris.
– …
– Tu permets ? Je vais aux toilettes me laver les dents »

Et encore, cette nuit-là je me souvenais de ce que j’avais fait.

Bon ok c’était ma boss, et dans 99% des boîtes c’est quelque chose que l’on devrait plutôt cacher, mais la tentation était trop forte. Et surtout, l’histoire était totalement hallucinante : ma boss allait adorer.

« Et toi t’as fait quoi ce week-end ?
– Y’a mes parents qui sont venus.
– Et toi ?
– On est partis se ressourcer en Bretagne sans les enfants. On avait besoin de se retrouver.
– De baiser quoi.
– Euh, oui.
– Et toi ce week-end ?
– Bah je me suis réveillé hier matin dans le Terminal 2B de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. »

C’était l’anniversaire de Clo et Nono à Verrières-les-Buisso. On était tous habillé en « Années Collège ». Anne-Claire avait ressorti le Eastpak, Coloca le caleçon et les Kickers, et Caro avait sorti le big game avec le serre-tête, le col Claudine et les souliers vernis. Le total look MST : Mocassins-Serre-Tête ! C’teuh honte ! A 14 ans elle a pas encore couché avec un garçon !!
Pour ma part, j’avais opté pour quelque chose de plus sobre. En l’occurrence, un jean troué, des écrase-merdes et un t-shirt noir d’un groupe de Métal avec une vierge crucifiée dessus. Comme si je m’étais déjà habillé comme ça, moi et mes petits mocassins sur lesquels je glissais et me pétais la gueule à chaque virage des couloirs du collège.
I wish I was a rebel.

C’est ainsi habillé que je faisais mon M. Fox en tripotant un hétéro qui ne m’avait rien demandé…
Si tu savais C. comme je m’en veux encore d’avoir glissé ma main dans ton pantalon. Ca ne me ressemble tellement pas ! Je demande toujours l’autorisation avant… Mais c’est Yaniss qu’a commencé d’abord ! Il a foutu la merde en venant me dire que t’avais rien contre te taper un mec un jour ! Quel couillon ce Yaniss ! Mais je le comprends, ça a un côté comique. Mais C., à ma décharge, j’avais tout cet alcool dans le sang. Cet alcool qui a noyé ma mémoire de poisson rouge dans un aquarium comparable à celui de Nausicaä.

Tu comprends pas la métaphore ? Putain t’es trop con. Quoi ? C’est déjà fini ?? Six heures ?? Tu te fous de ma gueule ?? Alors les gars on fait quoi maintenant ? Allez on va en boîte ! Chuis chaud là ! Chuis chaud !! QUOI ?? VOUS ALLEZ VOUS COUCHER ?? Bande de tapettes ! Gniarf gniarf gniarf ! Ouais alors que c’est moi la tapette. Oh hey c’est bon. Il est six heures. Je peux pas être drôle tout le temps.
Bon ok j’y vais dans ce RER ! Ok. Putain ouais ouais c’est ça au revoir. Ouais ouais ça va j’te dis. Mais oui j’vais r’trouver l’chemin c’est bon ! Ouais ouais à bientôt ! Et encore un joyeux anniversaire hein !

« Pardon ! Pardon !
– …
– Pardon !
– ?
– Sorry Sir.
– Hein ??
– Monsieur, vous pouvez vous pousser s’il vous plait ?
– Oh. Merde. »

Le Terminal 2B de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.
J’avais atterri au T2B de RCDG.
Oh, mon, Dieu.

Pendant que les voyageurs pressés bousculaient mon corps ahuri au milieu du terminal, j’explosais de rire.
Je n’avais pas d’autre choix.

Le temps que je reprenne mes esprits, je pris conscience que j’avais du m’endormir dans le RER B, rater Châtelet-Les Halles, m’arrêter au terminus et suivre inconsciemment les voyageurs jusque dans la navette pour enfin me retrouver dans le T2B de RCDG. Il y avait de quoi flipper.

Pourtant, je ne fis que revenir sur mes pas tout en continuant à m’assoupir. A Châtelet, les tapis roulants firent de moi une boule de flipper tant je zigzaguais et avais du mal à suivre une trajectoire rectiligne. Sur la ligne 11, je ratais Place des Fesses pour descendre à Télégraphe. Mais à ce niveau-là, une station à marcher n’a plus rien de décourageant.
Je regagnais mon lit vers 9h avec plusieurs heures de trou noir. De quoi alimenter les légendes urbaines.

Et vous, vous faites quoi ce week-end ?

Qu’est-ce que le gaydar ?

C’est un léger retroussement des lèvres, un relâchement de la mâchoire, un pincement anodin qui nous rassemble.

C’est une réaction incontrôlée quand je croise un des miens dans la rue. C’est un réflexe pavlovien quand nos regards se croisent dans le métro. Elle est là la Communauté. Elle se situe dans ce mouvement imperceptible.
Elle loge au creux de ce rictus figé, de ce sourire à l’envers aux ailes repliées.
On a beau vouloir le cacher, que rien ne transparaisse, il transpire de nous. Comme ces gestes non désirés qui jaillissaient en famille. Pourtant, hormis moi, personne ne s’en aperçoit. Excepté l’homme en face de moi, et qui lui voit l’homosexuel en moi. Car il l’est lui aussi.

C’est cela le gaydar : un geste imperceptible qui fleurit et se fane dans son élan. Juste le temps d’un regard.

Comment se faire passer pour malade au boulot ?

Lorsqu’on a un entretien dans un autre boîte et pas de RTT, faut bien trouver une excuse au boulot :
” J’étais malade, j’ai vomi toute le nuit… ” (Et plus vous rajoutez de détails et plus les gens veulent moins en savoir…)

Mais surtout ce qu’il faut, c’est un bon look :

– Mettre sa chemise de travers.
– Se décoiffer.
– Se sentir crade (c’est très psychologique tout ça).
– Appuyer très fort sur ses yeux afin de les rendre bien rouges.
– Fumer une clope en entier juste avant en 1 minute afin de devenir tout blanc et de marcher de travers.

Et après, je vous assure qu’en franchissant la porte de votre taf, tout le monde vous croit sur parole !