Sur les tapis roulants de Châtelet je cherche des yeux celui que je pourrais immortaliser.
Des milliers de vies défilent chaque jour devant moi. Supermarché des destins offerts sur un plateau dans le métro. J’en pique un. Je le goûte, je l’observe sous tous les angles. Apparence, corpulence, regard fuyant ou assuré, ce qu’il écoute ce qu’il lit, où il va et pourquoi, d’où il vient si c’est loin, ses habits aussi et ce quelque chose qui fera que je le garderai ou pas. Processus d’une microseconde qui pourra me tenir éveillé pour le reste du trajet, le temps de tout orchestrer, le temps de tout rédiger. Beaucoup plus finalement que le temps d’un simple trajet.
J’ai vu un garçon écrire comme dans le métro. Calepin un peu cheap et bille qui roule sur les carreaux. Il s’est arrêté d’écrire dés qu’il a remarqué que je le remarquais ; c’était remarquable. Il était beau. Je ne suis pas capable de dire si je le trouvais beau parce qu’il écrivait sur un calepin dans le métro ou parce qu’il était vraiment beau. Je ne le sais pas ; comme lui ne saura jamais que c’est lui que j’ai choisi pour l’immortalité.