Je me fous une pression, je me fous une pression de dingue à vous pondre des textes tous les jours.
J’y pense en marchant. En me promenant je recueille des impressions, je glane l’air frais et mets des mots dessus. Quel mot définirait le mieux cette légèreté que je ressens ou au contraire ce poids mort que je sous-tends ? Tout ça pendant des heures à l’obsession. Ressentir dans la solitude de mes promenades ne me suffit pas : je dois partager, être productif.
« T’as booké un graphiste ? », « On respecte pas le planning là », « Sur ce projet on fait trop peu de marge ». La journée je ne peux penser à mes récits, à mes bons mots et à ces petits bouts de papier. Mon temps de cerveau disponible est occupé par mon boulot ; ce qui est plutôt rassurant pour mes patrons.
En revanche j’y pense le soir en rentrant. Aussitôt rentré dans le métro, je cherche une place assise pour ne blesser personne avec mon stylo. Le cerveau en compote, je cherche encore à produire après dix heures de travail. Je ne m’arrête jamais. Car lorsque je m’arrête je meurs ; je déprime.
Lundi de Pâques, journée triste. Aucun métro, aucun doux mot. Aucune pression, aucun objectif. Le repos comme la petite mort. Ecrire me repose car me fait voyager, penser autrement, ordonner mes idées. Mettre des noms sur les belles choses n’est pas les étiqueter, ça permet de plus longtemps les aimer.
Alors oui je me mets la pression pour mes brouillons et oui j’en parle un peu plus que de raison. Mais si j’ai une passion c’est bien celle d’écrire, et elle mérite bien de s’y donner à fond.