Négatif c’est positif

J’ai mis la photo d’un jardin sur mon portable. C’est le jardin de mon médecin de famille. Je l’ai peint de pixels la fois où j’ai été malade ; la troisième fois pour être tranquille. La première c’était pour l’angine, la deuxième pour le faux kyste et la troisième pour l’oreille interne. Mon médecin a l’habitude de me voir somatiser. Y’en a qui fument, y’en a qui tisent, moi je somatise.

Mon médecin me préconise à chaque fois repos et prise de sang. Tests sanguins qui ne révèlent jamais rien hormis une séronégativité très appréciée. Peut-être mon médecin me pousse-t-elle à me sucer le sang plutôt que de me ronger les os. Peut-être a-t-elle compris que lire « négatif » me rend positif. Un test HIV se fond mieux dans la masse toxoplasmique et cholestérolique. Un test HIV est trop flippant, larmoyant, violent. La dernière fois je n’ai pas pu. Je suis parti pleurer dans la rue. Pleurer ma bêtise.
Se fondant dans une dizaine d’analyses, le Sida meurt mieux en moi. Plus en douceur. Juste quelques instants de râles en ouvrant l’enveloppe, en cherchant la ligne, et en répétant dans ma tête que négatif c’est positif, négatif c’est positif, négatif c’est positif.
Et c’est fini.

Car mon docteur me connaît bien, et mon docteur a un beau jardin.

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