La pêche aux thons

Il y a un moment que j’apprécie toujours en boîte de nuit, c’est lorsque les appétits se réveillent.

Evidemment, c’est pas en imitant Madonna qui passe de corps en corps au milieu de Hung up que je vais remarquer ça. Car c’est à chaque fois un ami qui me fait constater que la chasse est ouverte et qu’on me matte. Car moi je danse, et je me moque assez souvent de savoir si je suis observé. Car je viens en boîte pour me marrer avec mes potes, pas pour draguer.
Enfin bon, je dis ça mais je n’en tire aucune gloire. Car se faire mater vers trois heures et demie du mat’ n’est pas particulièrement valorisant. Ce n’est pas le charme qui attire à cette heure-là, c’est autre chose. Et puis il faut d’ailleurs prendre le problème à l’envers : on ne parle pas d’attirance à cette heure-là, mais plutôt d’envie. Ce n’est pas le pôle B qui déclenche la machine mais le pôle A qui s’enclenche tout seul par un mécanisme inhérent. En d’autres mots, les garçons vont crier famine chez les bites leurs voisines.

Et là, ce n’est plus qu’une histoire de temps. C’est la course. C’est à celui qui se tapera le moins moche. Et il faut aller très vite si on ne souhaite pas se rassasier avec les miettes du festin. Les jeux sont faits en une demi-heure tout au plus. Car ensuite, vous n’avez plus que le choix parmi les thons.

Car les beaux gosses sont comme les boxers Calvin Klein sur Venteprivee.com, il faut se dépêcher si on veut s’en attraper un. Car sinon, c’est juste un corps qu’on se tape en fin de soirée. Une crevette égarée sur la table du banquet ; on en arrache la tête pour n’en garder que le corps.
Et les grands gagnants de ce jeu sont ceux qui ont chopé assez rapidement dans la soirée parce qu’ils avaient décidé de ne pas rentrer seul ce soir-là. Mais également ceux qui restent célibataire jusqu’à la fermeture de la discothèque parce qu’ils avaient décidé d’y venir rien que pour s’amuser. Car sortir en boîte pour se taper un mec et finalement ne chopper qu’un moche à 5h du mat’, c’est quand même la loose totale. Ou alors être « choisi » par un mec moyen en fin de soirée, ça sous-entend qu’on est « sympa », « rigolo » voire même « gentil » ; mais pas beaucoup plus.

Cette situation me rappelle un peu la cour du primaire où on formait les équipes pour jouer à l’épervier. Y’avaient deux chefs d’équipe (Régis et Grégoire, voire Amaury, mais toujours Régis car c’était la star de notre classe) qui étaient chargés de composer leur équipe avec les meilleurs éléments. Ils choisissaient alors chacun à leur tour quelqu’un qui aurait la chance d’intégrer leur équipe. Et forcément c’était hyper vexant d’être choisi parmi les derniers. Ca faisait vraiment « Bon bah… J’ai plus trop le choix donc je vais prendre heu… Vous êtes sûrs qu’il n’y a plus personne dans les toilettes ? Bon bah le gros là-bas… Ou alors le chétif qui court comme une tortue… ».
Et bien entendu j’étais toujours choisi en dernier. TacTac le boulet on n’en voulait pas trop dans son équipe car il ne courrait pas assez vite. Quand on pèse à 10 ans ce que pèse un ado de 3ème c’est un peu normal.

Mais aujourd’hui lorsqu’un garçon me plait, j’arrive souvent à ce qu’il me « choisisse ». Et même mieux encore : je le choisis moi-même.

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