La résistance au plaisir

Il est des plaisirs que l’on préfère garder évidents jusqu’au dernier moment.
A chaque fois que ma plante des pieds caresse l’intérieur de mon lit, je me demande pourquoi j’ai tant attendu avant d’aller me coucher. Pourquoi avoir autant paressé devant l’ordinateur ? Pourquoi avoir repoussé l’échéance du sommeil pour plier quelques draps à 1 heure du matin ? Pourquoi me couper subitement les ongles à la nuit tombée ? De peur de les voir s’allonger indéfiniment sous la lune et de ressembler au petit matin à un de ces fakirs qui apparaissaient dans la rubrique « Un monde fou, fou, fou ! » du Journal de Mickey ?

Car j’aime repousser le sommeil salvateur.
J’aime sentir mes forces s’amoindrir lorsqu’il me plaque contre le sol de mon entêtement. J’aime croire que je peux lui résister et finalement capituler sous le poids de ses bras fermes mais rassurants.
Le Sommeil est mon amant. Il sait me calmer. Il sait comment me mater.
Il sait ce qui est bon pour moi.

Et moi, je continue à le repousser.

Car de mon côté, je sais qu’une plante de pied devient à fleur de peau lorsqu’elle est endolorie.

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