La ligne 14 (11/16)

J’étais dans le hall de Flammarion. Enfin. Je m’avançais avec assurance vers l’hôtesse d’accueil en sachant exactement mot pour mot ce que j’allais lui dire pour m’introduire :

« Bonjour mademoiselle. Je voudrais voir Monsieur Guillaume Robert s’il vous plaît.

– Qui le demande ?

– Je sais que ça va vous paraître très bizarre, mais ça ne l’est pas quand on connaît toute l’histoire : dîtes-lui que « La Ligne 14 » l’attend à l’accueil.

– Pardon ?

– La ligne 14. Dîtes-lui cela et je peux vous assurer qui viendra lui-même me chercher. »

Je m’imaginais déjà l’hôtesse d’accueil appuyer sur un bouton sous son comptoir (« Sécurité !… »), mais non elle semblait uniquement étonnée, et même plutôt amusée.

« Et vous avez rendez-vous avec lui ?

– Non, mais il m’attend. »

L’hôtesse d’accueil sembla pensive quelques instants puis décrocha son téléphone : elle avait dû se dire qu’un garçon qui portait un pull avec un panda ne pouvait pas être foncièrement méchant. Le téléphone semblait sonner dans le vide. « Je suis désolée, mais Monsieur Robert ne semble pas être à son poste. Peut-être vaudrait-il mieux revenir demain ?

– C’est impossible demain, il faut que je le voie aujourd’hui ! », rétorquais-je telle la plus excessive des drama queens.

L’hôtesse d’accueil commença à s’inquiéter :

« D’accord… Dans ce cas-là, installez-vous sur les fauteuils et je vais tenter de le rappeler.

– J’attendrai tout le temps qu’il faudra. J’ai tout mon temps. », répondais je plus calmement du monde. Là, l’hôtesse d’accueil commença carrément à flipper.

Un quart d’heure s’écoula durant lequel j’informais par SMS mes amis de la situation tandis que l’hôtesse d’accueil tentait énergiquement de rappeler Monsieur Robert. « Il ne semble pas être là, monsieur ! », abdiqua-t-elle. J’étais effondré. « Peut-être pourrais-je lui envoyer un mail  ? », rappliqua-t-elle en me redonnant tout d’un coup pleinement foi en l’humanité. « Oh oui, parfait, faîtes cela. Merci beaucoup ! » La réponse se fit attendre à peine deux minutes : « Monsieur, me cria-t-elle depuis le bout du hall d’accueil, il ne travaillent pas ici dans les locaux de Panhard : il travaille au Service Editorial place de l’Odéon ! »

Non, depuis le début je lui avais donc envoyé les enveloppes à la mauvaise adresse ? Tout mon courrier lui avait donc été transféré tous les jours ? Il n’était donc pas ici mais place de l’Odéon. Mais ce n’était pas fini, je n’avais pas encore dit mon dernier mot et le verrais en ce jour. « Merci, merci, merci beaucoup Mademoiselle ! Merci infiniment pour tout !

– Mais Monsieur, attendez Monsieur il est.. »

Trop tard, je quittais déjà les locaux de Panhard direction la place de l’Odéon. Par tous les moyens je verrai le 14 février 2013 le Directeur Littéraire des éditions Flammarion.

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