La ligne 14 (5/16)

A la fin janvier, le moment était venu de poster les premières lettres consciencieusement numérotées. La terreur était palpable sur mes mains légèrement pétrifiées : je savais que mon approche serait jugée comme impertinente de la part de certains éditeurs, mais si parmi les 16 je ne pouvais en interpeller qu’un, alors j’aurais gagné.

Je photographiais les enveloppes juste avant de les glisser dans la boîte aux lettres, puis je les jetais par lot de 16 : je ne pouvais désormais plus faire marche arrière. Je répétais le geste le lendemain avec le deuxième envoi dans une boite aux lettres d’un autre quartier parisien – je ne tenais pas à révéler d’indices sur mon identité via les tampons sur les enveloppes. Je n’en étais pas  à enfiler des gants Mapa pour dissimuler mes empreintes digitales, mais presque. Mon entreprise se devait d’être secrète pour rencontrer le succès. La moindre fuite viendrait à ruiner le fruit de longs mois de travail, et même d’années si l’on venait à parler de l’écriture même du manuscrit. C’est pour cela qu’en dehors de moi-même personne n’était au courant de ce projet, pas même un ami, pas même un membre de ma famille : personne.

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