Rendez-vous nocturnes

La mère d’Anne-Claire avait l’habitude de se faire réveiller à quatre heures du mat’ ; mon père aussi.

« Allo Papa ? Tu peux venir nous chercher s’teuh plait ? »
Alors mon père enfilait fissa son fût’, la mère d’Anne-Claire son col roulé, et tous deux filaient fenêtres ouvertes sur leur fidèle destrier au secours de leur progéniture adorée. Des parents modèles pour résumer.

Mais chacun avait son style à quatre heures du mat’. Mon père c’était plutôt polos colorés dans sa Jaguar chouchoutée, tandis que la mère d’Anne-Claire c’était sombres tenues dans sa mini en retenue. Dans les deux il y avait de la musique, respectivement Dian Krall et Fip.
« Vous êtes sur Fip, il est quatre heures du matin. »
« Je le sais bien, bécasse », devait soupirer la mère d’Anne-Claire devant sa radio.

« J’ai une soirée sur une péniche à Saint-Cloud », « Héloïse organise une soirée dans le château de sa mère », « C’est à l’Aquagif de Gif-sur-Yvette », « C’est aux Planches à côté des Champs », nos parents avaient intérêt à avoir bien repéré l’itinéraire pendant leur soirée. Il valait mieux éviter de se perdre en pleine nuit au milieu de nulle part.
Et pendant ce temps-là on dansait, on buvait, on vomissait et on riait. Parmi nos meilleurs souvenirs grâce à Papa-Maman.
« Je préfère aller te chercher plutôt que de te savoir rentrer avec quelqu’un de saoul. »

Nos parents parfaits on les avait trouvés sans même avoir eu besoin de les chercher. Il y a des évidences qui peuvent mettre dix ans à vous éclairer.

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