C’est la vie, pas le paradis

Je n’aurais pas vécu ces moments si l’interdiction de fumer sur le lieu de travail avait été appliquée en 2004.

C’était le jour de la sortie de Rodéo. De l’album je ne connaissais que la sublime pochette et juste un refrain. Mes collègues de Jimmy m’ayant proposé d’assister à l’enregistrement d’En Aparté, j’avais alors supplié ma boss de pouvoir aller en régie pendant deux heures ; ce qu’elle avait immédiatement autorisé.

Pascale Clark était enfermée dans son placard à balai et moi dans la régie lorsqu’elle est entrée dans l’appartement. Elle a mangé un croissant en se souciant des miettes qui pourraient rester collées sur ses dents. Elle a parlé de Lola, de Rodéo l’Indien, de Didier Le Pêcheur, de Philippe Paradis. L’enregistrement a duré deux heures. Il n’en est resté qu’une heure pour les téléspectateurs. Une heure de paradis pour moi tout seul.

Après s’être prise en photo avec le Polaroïd, elle a refermé la porte derrière elle. Pascale Clark l’a rejointe ainsi que mes collègues de Jimmy, et moi-même.

J’aimerais écrire que je lui ai racontée tout mon amour, toute la force que ses chansons m’avaient inspiré à une époque difficile, tout le bonheur qu’elle me procurait encore aujourd’hui, mais non. Je suis sagement resté à fumer avec elle en l’entendant parler comme à la télé, avec fraîcheur et naturel. J’ai seulement approuvé certaines de ses paroles par mes rires et mes sourires. Comment oser interrompre un ange ?

C’est ce jour-là que je regrette amèrement en me rendant tous les jours au travail. Comment trouver grâce dans ces tâches qui me sont aujourd’hui incombées ? J’ai connu le Ciel trop tôt ; le retour sur Terre est très difficile.

C’est la vie, pas le paradis.

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