« Je ne t’avais jamais vu comme ça. Tu buvais ses paroles et surtout, tu le regardais vraiment. Tu le regardais VRAIMENT. »
Lorsque Matoo m’en a parlé et qu’il a plaisanté en disant qu’il l’intégrerait dans un post, j’ai répondu avec une fausse humilité qu’il n’y aurait pas grand-chose à écrire dessus pour que lui-même me réponde qu’en effet ce serait limité. Nous anticipons les dialogues avec Mathieu ; nous nous connaissons bien nous deux.
Parce que lui comme moi savons que ces regards que j’ai eu envers ce garçon ont leur importance. Et bien que ce soit mort de chez mort lorsque j’apprends qu’il a un mec et qu’il vit avec depuis deux ans, il est rassurant de constater que j’arrive encore à m’intéresser à un garçon. A un seul.
« Rédhibitoire. » C’est un mot que j’ai appris à Isabel l’autre soir. Jeune Allemande aux traits furtadiens qui buvait elle aussi mes paroles entre ses fines lèvres. « Rédhibitoire c’est une chose sur laquelle tu ne peux pas passer outre. Comme la gourmette ou les chaussettes pendant l’amour. » La Chandler attitude qui te rend coupable un poireau sur le sourire du Prince Charmant. L’intransigeance ne fera jamais bon mariage avec l’amour.
Il avait l’air sain lorsque j’y repense. Lorsque j’y repense il avait l’air de ces garçons qui n’ont pas le même parfum que moi. Pas ce parfum de la centaine d’amants qui ont laissé sur ma peau ce nectar repoussant. Car sur le coup je n’ai pensé à rien ; j’ai juste écouté. Je n’ai pas cherché à impressionner, je n’ai pas cherché à réguler mon naturel, j’ai juste été en ce 21 juin. J’étais là en dehors du temps, de la nuit la plus courte et de la musique frénétique. Juste été avec quelqu’un, même si c’était pour de faux.
Et c’est qui m’a manqué pendant des années, être deux, même si on ne l’est que dans ma tête. Alors même si ça ne sera pas avec ce garçon, on va quand même essayer, on va essayer d’être heureux à deux.
Car tout seul je sais déjà faire.