Conte d’en bas

La seconde classe existait dans le métro au même titre que le droit de fumer dans les bars.

Et puis un jour, y’a un Monsieur pas content qui s’est levé en pleine réunion et qui a dit : C’est scandaleux ! Il faut que tout le monde voyage en première classe ! ». Tout le monde autour de lui a vanté son courage et a crié « Bravo ! Bravo ! ».
Le bonheur est alors apparu sur terre. Les Pauvres côtoyaient les Riches ; c’était beau. Y’a même une dame de la RATP qui en a pleuré dans son bureau.

Mais un jour les Propriétaires Parisiens – qui étaient riches – ont dit aux locataires – qui étaient Pauvres : « On veut devenir plus riches ! Et ne louer nos appartements qu’à des gens riches comme nous ! ». Les Pauvres ont alors du s’enfuir de Paris en baissant la tête et en se faisant pointer du doigt par les Riches qui leur criaient : « Bouh ! Ce sont des Pauvres ! ».
Les pauvres se sont alors réfugiés en périphérie de la grande ville et se sont mis à construire de très très grandes maisons tout en allant cueillir des fraises quand le ciel bleu le permettait. Mais la plupart du temps ils ne faisaient que tous vivre ensemble dans ces très très grandes maisons qui touchaient le ciel pas souvent bleu.

Alors un jour, y’a un Monsieur qui a frappé très très fort du poing sur la table tout en devant très très rouge et qui a dit très très fort : « C’est scandaleux ! Les Pauvres n’ont plus de métro ! Il faut leur en construire un ! ». Et alors tout le monde a trouvé ça trop génial, a dansé dans tous les sens et a porté le Monsieur aux nues en criant « Bravo ! Bravo Monsieur ! ».
Les Très Riches – qui avaient des appartements – et les Riches – qui vivaient dedans – ont alors offert de très grands métros sur deux étages aux Pauvres. Ces très grands métros qui rappelaient les très très grandes maisons des Pauvres avaient des noms de lignes qui correspondaient aux lettres que les Pauvres connaissaient dans l’alphabet ; comme ça, les ils ne se perdraient pas pour rentrer dans leurs très très grandes maisons. Les Riches étaient très très émus par la générosité des Riches mais surtout des très Riches parce qu’ils ne donnaient pas souvent. Heureusement pour eux qu’il n’y avait que cinq lettres dans l’alphabet des Pauvres.

Mais avec le temps les Pauvres ont commencé à faire de curieux feux de joie pour remercier les Riches. Ils en ont fait avec des poubelles, des abricar et même avec des voitures. Et tout ça parce qu’ils ont fini par comprendre qu’un jour ils devraient payer et s’occuper de ces gros métros qui n’étaient pas si beaux que ça. Et que comme ça, les Riches venaient de s’offrir une seconde classe ; pour continuer à voyager entre Riches dans le métro parisien.

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