La beauté dans ses coups de pieds

Rien ne m’apaise autant que la beauté. Parfois je me demande quel homme je serais si je perdais la vue.

Leur grain de peau dans le métro, rien que ça me donne les saisons dans le dos. Mes yeux s’ouvrent un peu plus pour capter l’essence, la chance impalpable qui rend les hommes beaux. Le choix d’un pull, d’une barbe mal rasée et de cheveux décoiffées. La veste, le regard, la force du menton, tout le mystère d’un homme en quelques impressions. Le lien entre tout ça ? La beauté.

Non, vous ne lisez pas l’édito du Madame Figaro spécial Hommes. Vous êtes bien là, près de moi, vous que je connais ou que je ne connais pas. Vous qui avez votre beauté ; même le plus laid d’entre vous.
« Le plus laid est-ce moi ? Est-ce possible que de toutes les personnes qui lisent ces lignes le plus laid soit moi ? »
Bien sûr que non car si vous étiez le plus laid d’entre tous vous en deviendriez beau. Le plus laid ne se sait pas ; et heureusement pour lui.

L’autre soir j’attendais aux toilettes de l’UGC avec un garçon des plus laids. Visage tuméfié par la vie et fouetté d’asymétrie, je le regardais en me disant ô combien il était laid. Jusqu’à ce qu’un changement s’opère dans son corps.
Pour patienter, le garçon s’était mis à donner des petits coups de pieds contre le mur puant. Juste rien, juste tout. De petits coups de pieds qui illuminaient son visage, qui ne le faisaient pas sourire comme un idiot non, mais qui lui offraient une expression d’un charme particulier. Un charme unique, singulier ; la beauté dans ses coups de pieds.

Rien ne m’apaise autant que la laideur. Parfois je me demande quel homme je serais si je perdais l’odeur.

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