Je dors seul. Je dors souvent du même côté. Je ne vous dirais pas lequel afin de ne pas vous éliminer. Dormir du même côté de moi supposerait une nuit tumultueuse. Des gali-gamètes tueuses certes, mais également des chevauchements naturels qui chercheraient à prendre le dessus. D’un lit je veux voir le bon côté des choses. Ce n’est pas parce que j’aime être au-dessus que je ne peux pas prendre les devants. Et inversement.
Mais la plupart du temps, je n’ai même pas à me poser la question : parce que je dors seul. C’est sûrement pour ça que je fais un peu traîner la chose avant de rejoindre la couche ennemie. Aussi douce soit la couette, aussi dure est ma détermination à rester éveillé. Un lit solitaire reste un lit abandonné lorsqu’on l’a connu habité.
Et puis il y a cette ritournelle du travail acharné, celle qui vous dit que vous n’avez rien fait de la journée, à part travailler. Alors vous cherchez absolument à faire quelque chose, n’importe quoi pourvu que cela retarde votre approche du matelas. Je ne veux pas de mon Epeda !
Et tout ça finit en traînage de la chose.
Encore une fois.
Une fois dans votre lit ce n’est pas la déprime mais juste un constat : pourquoi travaillez-vous comme ça ? Ou pour qui plutôt ?
Votre orientation sexuelle vous prédispose à ne pas avoir de descendant, vous n’avez aucune bouche à nourrir à la maison à part la bouche bée d’un Comète globulé, pour qui donc travaillez-vous ? Pour vous ?
Moi je ne travaille pas pour moi et je ne vois pas très bien pour qui je me saigne aux quatre sangs froids. J’ai de plus en plus cette sensation que je ne m’épanouis vraiment qu’ici, face à ces mots et à l’espace réduit d’un fichier Word. Bordel ça sert à quoi que je rentre à 23h chez moi si ce n’est pas pour voir mes enfants endormis ou le sourire de mon chéri ? (C’est juste pour la rime car je déteste le mot « chéri ».)
Moi aussi je suis comme un de ces pères qui n’ont jamais eu d’enfant.