Les mères sans enfant

Le samedi soir c’était Disney Channel et hamburgers. Chez Winnie c’était tout petit mais il nous y invitait tous les samedis. Les pots de miel très peu pour moi, je leur préférais les hamburgers préparés à l’avance par Maman. Avec de vrais steaks hachés. Et du gruyère. Et autant de ketchup que je voulais.

Comme Papa et Maman rentraient tard, c’était à Tia de nous garder. Tia, la tante de ma mère qui vécut chez nous jusqu’à ses 96 ans. Elle s’était installée en 1980 chez sa nièce et son gendre de cœur suite à un infarctus. Et nous l’adorions bien qu’elle nous énervait à couper la viande avec son couteau à l’envers ou à laisser traîner des aiguilles partout dans la maison.

A l’heure d’aller me coucher, Tia veillait sur moi. Elle venait s’asseoir sur le bord de mon lit superposé et attendait que le sable doré recouvre mes paupières. Parfois, je feignais le sommeil pour écourter son attente. Je m’inventais alors des histoires aussitôt oubliées. Elle, elle attendait parfois des heures, patiemment, assise sur le bord de la couverture. Pensant au passé ou apaisée par mes cheveux dorés. Ses toussotements interrompant le calme de la chambre. Immobile comme une statue. Attentive au moindre frétillement de mes paupières, Tia était une de ces mères qui n’ont jamais eu d’enfant.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *