« On va poser le Bisounours là, à côté du Wuzzle. Tu peux mettre Puzzle à côté de la marionnette lapin. Puzzle c’est le Popples orange. Y’a un petit trou là vers les nounours, tu peux y mettre le petit chien à l’oreille abîmée. Attends, je vais chercher les autres peluches au-dessus de l’étagère.
Non, Papa et Maman n’entendent rien ; ils ne sont pas encore levés à cette heure-ci.
Voilà, je crois qu’il y en a assez là : on a un beau matelas de peluches. »
Pauline partageait ma couche merveilleuse à sept ans. Je partageais mon oreiller Simplet avec elle. Je ne partage plus rien avec elle : elle s’est mariée.
Pauline s’est mariée l’été dernier et je ne partage plus ma couche merveilleuse avec quelqu’un. Je rentre tard du travail et préfère m’ennuyer devant l’ordinateur plutôt que de retrouver un lit dévasté. Un lit qui a été habité n’apparaît plus que comme abandonné pour l’esseulé.
Pourtant je me rappelle de caresses, de glissements dans l’obscurité. Je n’avais plus peur du noir, je n’avais plus peur de la fatigue. De ces petites heures réparatrices.
Je m’en souviens comme d’un rêve tangible, posé là dans un coin de mes pensées, prêt à resservir, comme une illusion qui se montre lorsqu’elle le veut. Pas besoin de chercher la couche merveilleuse, elle apparaît quand bon lui semble ; comme les amis extraordinaires d’un enfant de sept ans.