Je suis étudiant

C’est pour ça que je ne voulais pas venir au séminaire d’intégration, pour toute cette beuverie et cette bêtise ambiante.

« Le pichet ! Le pichet ! »
Et voilà qu’un auto-surnommé « Baleine », pesant pas moins de 115 kilos, se tenait debout sur une table un pichet de rouge dans la glotte.
« Il est des nôôôôôtres ! Il a bu son verre comme les aaaauuuuuutres ! »
Juste avant, un autre bizuth s’était essayé à l’exercice avec beaucoup moins de succès. L’assemblée s’était alors exclamée : « Il a pas d’orgaaaane ! Il a pas d’orgaaaane ! Zéro ! Zéro ! Zérooo ! Zérooooo !! »

Et dire que j’allais passer trois ans dans cette école. J’étais catastrophé.

« Bataille de bouffe ! »
Oh putain non ! Bien sûr j’avais été assez con pour me ramener au sémi d’inté avec un nouveau t-shirt désormais maculé de Paella.

« STOOOOOOOP ! »
Ah, il y avait enfin quelqu’un d’un peu responsable dans cette école qui allait sensibiliser les 400 personnes présentes dans le réfectoire à la cause de la faim dans le monde et demander d’arrêter de jouer avec la nourriture.

« Je suis étudiant ! »
Hein ??
Et là,400 personnes reprirent en chœur : « Je suis étudiaaaant !!!
– Et je suis ESC !
– Et je suis ESC !!!
– Et je sais jouer !
– Et je sais jouer !!!
– De la grosse miche !
– De la grosseux micheux !!! »
Et là tout le monde reprit de plus belle « Miche miche miche ! Miche miche miche ! Miche miche miche ! Miche miche miche ! Miche miche miche ! Miche miche miche ! Miche miche miche miche miche miche miche ! » en mimant une grosse paire de loches.
J’avais le choix entre être à nouveau catastrophé ou bien accepter cette profonde connerie et exploser de rire. J’explosai de rire.

Comment ne pas se joindre à tout le monde pour chanter les miches, les bites, les clitoris, la sodomie et les gros culs qui pètent ? (Respectivement « Miche miche miche », « Bite bite bite », « Tss tss tss », « Aïe aïe aïe » et « Prout prout prout »
Et oui, j’ai repris en chœur « Prout prout prout » en simulant des flatulences debout sur une chaise en compagnie de 400 personnes. Le spectacle était ridicule. Mais qu’il était jouissif d’appartenir au degré zéro de l’intelligence. Et sans prétention : putain que ça faisait bien d’être aussi con ! De juste prendre conscience de l’insouciance que procure la vie étudiante.

L’année suivante, c’était moi qui montais sur une table pour entamer « Je suis étudiant ! » devant des bizuths médusés.

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