Ce matin, je me suis rendu dans un cabinet de recrutement pour une formation de commercial sédentaire dans la téléphonie. So exciting. Bref je m’y rends à l’heure prévue, c’est-à-dire 9h00. Arrivé là-bas on m’informe que le Monsieur qui doit me former (miam !) a une heure de retard. Très bien, je suis allé boire un petit café dans un bistrot en lisant Blonde de Joyce Carol Oates (2,20 € tout de même le petit café, ça fait cher non ?). Je me plonge donc pendant une heure dans le récit des règles douloureuses et des ébats maritaux de Marilyn Monroe que narre l’écrivain américain (pas mal du tout ce bouquin au passage). Jusque-là tout va bien. A 10h00 je remonte dans le cabinet de recrutement – après avoir maté un étudiant sécheur de Paris IV qui fumait sa clope au comptoir, et là on m’informe que tous les autres candidats au poste de commercial se sont défilés sans justifier leur absence au rendez-vous. Le formateur ne peut donc assurer les simulations de vente pour une seule personne. La formation est donc annulée pour aujourd’hui.
Ok, j’ai dormi 3h00 à cause d’une vague insomnie, je me suis rasé et j’ai mangé des tartines Nutella-pain complet devant le Morning Café. Et tout ça pour rien ? Tout ça pour que des gens ne viennent pas à un entretien d’embauche ??
Finalement je trouve cette anecdote assez significative des jeunes d’aujourd’hui (voilà que je me mets à écrire comme un vieux con). On dirait que mes semblables – de plus en plus déçus par un marché de l’emploi avare en promesses – se désintéressent de leur vie professionnelle. Je suis assez bien placé pour en parler car je suis finalement dans ce cas-là. A force de diaboliser l’argent et le système capitaliste, on a fini par décrier une caractéristique qui n’est pas toujours un défaut : l’ambition professionnelle. Je me trompe peut-être, mais j’ai souvent l’impression que dés qu’un jeune fait preuve d’ambition on le traite de carriériste ou de requin. Un mec qui a de l’ambition dans la vie est forcément un Patrick Bateman aux dents longues, un résidu des années fric que sont les 80’.
A l’ère du Bobo et de Bridget Jones, il est de bon ton d’accorder plus d’importance à la vie sentimentale qu’à la vie professionnelle. On établie plus des plans amoureux que des plans de carrières. Suis-je le seul à observer ce phénomène autour de moi ?
Et pourtant, même si on ne rêve plus de vivre avec un Golden Boy qui rentrerait tard le soir à cause de son boulot, on ne rêve pas non plus à un Prince Charmant qui viendrait nous chercher en charrette. Cruel dilemme.