Soleil aveugle

Il faut sortir de chez soi. Il faut sortir voir ce soleil qui brille dans les avenues même s’il a froid. Admirer sur les façades haussmanniennes sa couleur marmoréenne et son éclat. Il faut s’allonger au Parc Monceau malgré l’herbe fraîche et la recherche d’une serviette de verdure pour soi. Il faut sortir de chez soi les week-ends, ça vaut la peine crois-moi.
Je baisse peut-être les yeux, ma cornée prenant un coup devant le soleil péteux, il a raison de crâner ce soleil tant admiré. Il est le seul majestueux. Lui seul peut être notre Dieu. Les Incas savaient bien ça, eux.

Depuis juillet j’ai mal aux yeux, depuis ce jour où j’ai chuté. Voilà pourquoi j’vous ai mal vus, regardais de l’autre côté, étais bien loin ailleurs. On me l’a dit, me l’a reproché, et puis il y a ce garçon qui s’est détourné. Je ne le regardais pas en face, je ne le regardais pas dans les yeux. Ca met mal à l’aise, ça ne donne pas envie des regards de traviole. Un regard qui n’est pas franc n’a rien d’attirant.

Cornée niquée. Cornées infectées. Larmes larmes, yeux d’albinos. Ramasse tes globules petit sac d’os.

Alors maintenant que je sais pourquoi je ne peux plus regarder le soleil, pourquoi je me détourne de la lumière, je vais avancer dans le noir en me fiant à ce que je sais. Je vais me faire confiance. Oui, je vais sortir le dimanche, parler, crier, bavarder et m’exprimer comme je sais le faire.
En aucun cas je vais me taire parce que j’ai mal aux yeux.

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