Le monde contre un regard

« Vous allez rentrer dans la pièce, vous approcher du groupe et lui dire bonjour. Rien d’autre. Vous allez répéter cet exercice trois fois. »

Séminaire de créativité pour ce deuxième jour en Ecole de Commerce. Je ne pouvais pas me raccrocher à Maggy pour cet exercice-là, vu qu’elle était en train de jeter ses émotions sur la toile. Dans un autre groupe, dans une autre salle. Ca m’était bien égal d’être séparé pendant quelques heures de celle que je connaissais avant de débarquer à Lille ; j’aime bien connaître les gens, les observer, les découvrir, et partager avec eux une certaine impudeur jusqu’à ce moment où ils arrêtent d’être des inconnus pour moi. De manière générale ; il peut m’arriver de partager plus avec des inconnus qu’avec mes vrais amis. La pudeur est un sentiment que je ne partage pas avec tout le monde ; elle est beaucoup trop précieuse.

Yaniss s’était jeté.
La porte qui s’ouvre, un garçon qui rentre dans la pièce, qui nous regarde et qui nous dit : « Bonjour. ».
Un deuxième passage identique.
Puis un troisième, extrêmement troublant.

Le groupe était resté silencieux comme une entité face à son bonjour. Yaniss avait souri, arboré ses armes Ultrabrite, puis était resté silencieux, tentant de regarder le groupe dans les yeux. Quinze personnes en même temps dans les yeux. Impossible. Alors la gêne, puis la vulnérabilité.

C’est vulnérable que j’ai connu Yaniss. Et c’est pour ça que c’est un vrai pote. Parce qu’il vous donne l’impression de vouloir dévorer le monde avec son sourire parfait, alors qu’en fait il ne lui demande qu’un simple regard.

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