Les hommes de la ligne 3

Je veux un homme de la ligne 3.

Un de ceux qui me regardent écrire dans le métro à 8h du matin. A 9h plutôt, car ces hommes commencent à travailler vers 9h30. Ils descendent à Opéra, Bourse ou Havre-Caumartin la lassitude au corps mais le pas confiant. Ils portent des manteaux longs, noirs le plus souvent, en pure laine vierge s’ils rentrent chez eux après 21h. Ils ont U2 et Police dans les oreilles et ne craignent pas de regarder Bonjour America sur leur iPod Video. Ils dévisagent l’intrus qui n’a pas mis son portable sur vibreur alors qu’ils faisaient de même en 1998, mais ça n’avait pas le même effet à l’époque. Ils portent une chemise et une cravate choisies par leur femme et embrassent leurs enfants déjà couchés en rentrant chez eux. Leurs enfants ne commencent à les connaître réellement que lorsqu’ils quittent la maison. Ils découvrent alors pendant de rares week-ends que leur père est plus détendu et sensible qu’ils ne le pensaient. Ils se mettent à voir ses véritables défauts, et ses failles surtout. Ils commencent alors à vraiment l’aimer. Ils commencent alors à aimer leur père non plus par évidence mais par choix.

Je veux un homme comme mon père.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *