Lorsque Jérôme et Mickaël sonnèrent à ma porte parce qu’ils me cherchaient, ils obtinrent cette réponse de ma mère : « Il est à un barbe-cul ».
Ma mère étant espagnole, la prononciation de ce mot correspondait exactement à ce qui est écrit plus haut.
Jérôme et Mickaël en rigolent encore comme des cétacés.
« Il s’amuse beaucoup avec son petit copain.
– Maman !
– Quoi ?
– On ne dit pas « petit copain » mais copain. Je te l’ai dit mille fois !
– C’est vrai Leonor, si tu parles comme ça les gens vont finir par croire que notre fils est pédé. »
C’est vrai quoi, pas de méprise.
« Ca m’est mal tombé », « à preu près », « une mauvaise altitude », mes maîtresses corrigeaient de bien curieuses fautes dans mes expressions écrites. Et si j’ai pu pratiquement toutes les corriger avec le temps, il m’en reste encore une avec laquelle je cultive un lien indéfectible.
« Tu aimes le beurre ?
– Si.
– Mais non, on dit « oui » !
– Ah.
– Je suis sûre que t’en veux pas…
– Mais oui !
– Fallait répondre « si » ! »
Cécile a passé trois ans de notre lycée à m’apprendre à différencier « oui » et « si ». Sans succès. En raison de ma langue maternelle, chez moi c’est « Oui Maman oui ». Pauvre France.
« Ca toujours été ma faute si les enfants faisaient une faute en Français ! »
Oui mais ça a toujours été grâce à toi si je suis bilingue et si j’ai cette voix si particulière en moi. C’est grâce à toi si je parle comme un veau espagnol, et je ne suis pas peu fier de cela.