Je l’ai remarqué avant d’entrer dans le métro. Sacré beau gosse. De lumineux yeux verts qui m’ont happé comme la rame, comme la pagaie du canoë des sous-sols. Je m’enfourche dans son wagon et veut m’asseoir en face de lui lorsqu’une Anita sans Perdita me prend la place. Et là, je souris.
Je souris car c’est évident. Ils sont fait l’un pour l’autre. Et ça ne rate pas : ils se regardent, se dévisagent avec pudeur le casque sur les oreilles. Moi je les observe du coin de l’œil et ne les voit plus pareil. Ca garçon que je trouvais beau ne l’est plus. Je m’en tape désormais de sa jolie p’tite gueule car la blonde à l’imper’ lui va à ravir. Elle lui ira comme un gant.
Ô miracle ! Ils se sont mis à rire à force de se dévisager et entament la conversation. Le sourire remplace les écouteurs aux oreilles. J’éteins mon iPod, je veux les écouter. Je garde mon casque en silence et retiens mon souffle au moment où il lui demande son prénom, lorsqu’un de ces maudits accordéonistes de tro-mé vient les détrôner. Tristesse. So cliché le Paris romantique au son d’Yvette Horner. La jolie blonde doit être aux anges, le garçon a l’air poli de surcroît.
Je crois entendre qu’il habite à Belleville pendant Besame mucho. Elle lui répond qu’elle descend à Concorde.
Non ! Non ! Jeune Anita Neuilléenne ! Suis-le jusque chez les Pauvres ! Frotille ta foufoune au prolétariat ! Ton facteur Besancenot t’y encouragerait ! Et moi aussi.
Elle descend à Concorde, il la suit. Ils se sourient.
Pas besoin que ça m’arrive pour être heureux. Les belles histoires existent, j’en ai déjà vu.