Je sais que les dames âgées préfèrent le sens de la marche. Dans le métro, elles se mettront toujours à côté de nous même si les sièges d’en face sont libres. Ca nous agace. Mais elles se sentent rassurées à nos côtés et ça, ça conforte.
Dans le sens de la marche les dames âgées ne voient pas leur vie défiler. Ca, c’est dans les films. Dans le sens de la marche, elles voient juste défiler des images. Il y a également autre chose dans ces images qui les échappent, mais ce quelque chose m’échappe plus encore. Je l’attraperai un jour, peut-être.
Dans le sens de la marche les dames âgées s’asseyent trop près du bord. J’ai envie de le leur dire. Je crains pour leurs os au moindre virage. Je vois leur châle frémir à deux doigts du sol. Comme la brindille qui supporte le poids du nid.
Et soudain la dame âgée se lève et descend avant moi. Elle soulève avec difficulté la poignée mais y arrive. Sans l’aide de personne, comme elle a sûrement du le faire pendant toute cette journée. Sans imaginer un instant que je la décrivais dans mon calepin ; et maintenant sous vos yeux, cette dame âgée que vous ne connaissiez pas.