J’avais 4 ans sur une plage de l’Atlantique. Mon frère m’avait dit de l’attendre sur le sable, près de l’eau, le clapotis de mes mains. Les pâtés à faire et à défaire du râteau en plastique. Mon frère au loin sur sa planche et ses amis.
Mes mains, le clapotis.
Et l’attente.
Le temps qui passe et moi qui reste.
Les trous dans le sable dans lesquels apparaît l’eau comme par magie.
Plein de petits trous dans le sable, des petits animaux qui respirent.
Et moi qui attends mon frère.
Ca fait des heures que je suis au bord de l’eau.
Le souffle de la mer se fait froid sur ma peau, je commence à m’inquiéter.
Et mon frère qui ne revient pas.
La plage se vide, je commence à ne faire que ça : observer.
Je noie mon regard dans l’horizon. Je continue mes pâtés.
Et mon frère qui m’a oublié.
On me retrouvera quelques heures après, ma mère en pleurs. Le poste de secours prévenu et mon nom entendu sur toute la plage. De grandes personnes organisées pour me retrouver. Car, sans le savoir, je m’étais déplacé au bord de l’eau.
Le jour où j’ai découvert la solitude dans les vagues.