Coloca me faisait remarquer l’autre jour :
« C’est curieux tout de même, tu fais super attention à toi avec tes petits t-shirts noirs impeccables et ton look négligé mais en fait super étudié, et malgré ça, la première chose que tu fais chez toi en rentrant, c’est enfiler tes charentaises ! ».
Oui, j’enfile mes charentaises avant même d’allumer la musique. Incredible !
Je me souviens qu’étant gamin, je sortais déjà jouer en chaussons dans notre petite rue privée de Versailles (Printemps des Bourges volume 17 ?). Ma mère me courait alors après pour que j’enfile mes mocassins, mais je n’en avais cure : je voulais mes charentaises. Et faut dire qu’elles ressemblaient vraiment à rien. Identiques à celles que je porte en écrivant ce post ; quelques pointures en plus cependant.
La semelle en plastique jaune gondolée, l’intérieur cotonneux devenu rugueux et le gros orteil se frayant un chemin : « Kikoo ! ». Vraiment, ce n’est pas aux chaussons qu’on évalue un compte en banque.
Nous nous rendions avec ma mère un mercredi par mois au Monoprix acheter de nouveaux chaussons. Je restais alors ébahi par tant de couleurs et de matières. Je finissais toujours par choisir les plus molletonnées et vertes de préférence – car c’était ma couleur à l’époque. Le must c’était d’aller acheter juste avant l’été des pantoufles avec rien à l’arrière : comme les grands ! Trop la classe.
Bon, c’est vrai qu’à force cette manie des chaussons m’a joué des tours. Comme la fois où je me suis retrouvé en chaussons dans la cour de récréation – je ne m’étendrai pas trop dessus, j’ai encore du mal à m’en remettre aujourd’hui. Ou bien encore aujourd’hui lorsque le type qui est venu faire un devis pour le store électrique de ma chambre a jeté un coup d’œil à mes pieds (dois-je préciser qu’il était super mignon et que j’avais vraiment l’air d’un con ?).
Alors oui, à l’aube d’un nouveau quart de siècle, je devrais changer cette habitude qui me rend complètement anti-sexy.
Mais je me dis aussi, que si je réussis à m’intéresser à des garçons mal rasés, chaussés de babouches et portant des caleçons ridicules dignes des plus beaux torchons de la Foire de Paris, alors je peux plaire et rester moi-même avec mes charentaises adorées aux pieds.
Oui enfin, faudrait peut-être que j’en achète d’autres quand même…